HomeA la uneOPPOSITION DU POUVOIR BURUNDAIS A L’EXODE MASSIF DES POPULATIONS : Le dictateur craint-il de régner sur le vide ?

OPPOSITION DU POUVOIR BURUNDAIS A L’EXODE MASSIF DES POPULATIONS : Le dictateur craint-il de régner sur le vide ?


 

Depuis le passage en force du président Pierre Nkurunziza pour se maintenir au pouvoir en violation flagrante de la Constitution burundaise et des accords d’Arusha, le quotidien des Burundais est marqué par la violence. Les contestataires du troisième mandat du pasteur-président sont traqués jusque dans leurs derniers retranchements, et les plus gênants sont abattus sans autre forme de procès. Ainsi, depuis le déclenchement de la contestation en avril dernier, le Burundi ne cesse de compter ses morts. Malheureusement, le décompte macabre ne semble pas prêt de s’arrêter de sitôt. En effet, pas plus tard que le week-end dernier, quatre autres Burundais venaient allonger la liste déjà kilométrique des victimes du boucher de Bujumbura. Face aux nombreuses violations des droits de l’Homme et aux exactions commises par les sicaires du régime, de nombreux Burundais ont simplement choisi le chemin de l’exil, pour fuir les violences et les persécutions. Mais selon un rapport de l’ONG Refugees International, de nombreux civils burundais sont empêchés de quitter leur pays. Pour le pasteur- président, ces fuyards constituent une menace potentielle car ils risquent d’aller grossir les rangs de la rébellion en exil et revenir lui pourrir son mandat. Il n’est donc plus question de laisser ces milliers de Burundais, traînant leurs baluchons, fuir les balles assassines des soudards de Nkurunziza. Pour tout dire, la vie s’est simplement arrêtée au Burundi pour tous ceux qui ne pensent pas comme Pierre Nkurunziza. Soit on est  pour lui et on peut tranquillement vaquer à ses occupations, soit on est considéré comme étant contre lui et sa vie ne vaut pas un clou. En tout cas, assure l’ONG, «beaucoup de réfugiés et déplacés sont pris pour cible à cause de leur opinion politique», parce que n’épousant pas les vues du parti au pouvoir.

Bujumbura ressemble à un champ de bataille où personne ne se sent vraiment en sécurité

A la vérité, malgré les apparences, le dictateur burundais semble mal dans sa peau, à la vue du dépeuplement de «son royaume» par cet exode massif de ses compatriotes. Et le drame, c’est qu’il sait que cela est dû à son entêtement à vouloir présider de force à leur destinée. En voulant empêcher ses compatriotes de s’exiler, Nkurunziza se montre d’un cynisme à nul autre pareil. Car, comment comprendre qu’en plus d’avoir usurpé ce mandat indu, il s’évertue à maintenir dans l’enfer qu’il a lui-même créé, des gens qui fuient pour sauver leur peau ? Le dictateur a-t-il peur de régner finalement sur un pays vidé de ses populations ? On peut le croire. Car, Nkurunziza se rend bien compte aujourd’hui qu’il a fait un mauvais calcul. Mais par fierté, il ne veut pas reculer. En effet, il croyait certainement qu’en s’empressant d’organiser les élections pour mettre tout le monde devant le fait accompli, il couperait l’herbe sous les pieds de ses contestataires et réussirait à clore en quelques semaines, ce chapitre de son troisième mandat qui demeure quelque part sa mauvaise conscience. Mais, plus de quatre mois après sa forfaiture, la triste réalité qui s’impose à lui, est que son imposture a du mal à passer auprès de ses compatriotes. Pire, n’ayant pas réussi à étouffer la contestation, il a ouvert les portes de l’enfer à son peuple qui est désormais engagé dans un cycle de violence dont personne ne connaît l’issue, ses opposants étant déterminés de leur côté à le chasser du pouvoir par tous les moyens. Si fait qu’aujourd’hui, entre tirs à l’arme automatique et explosions de grenades, Bujumbura ressemble à un champ de bataille où personne ne se sent vraiment en sécurité. Pas même le président Nkurunziza qui a vu tomber, non loin de son palais, des obus, la semaine écoulée. Veut-il se servir de ces mêmes populations comme chair à canon pour sa propre sécurité, après avoir érigé la violence et la répression systématique en mode de gouvernance ? En tout état de cause, Nkurunziza voudrait tuer tout esprit critique au Burundi, au profit de la pensée unique, qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Mais cette façon de vouloir maintenir les populations malgré elles dans la servitude, n’est ni plus ni moins qu’un totalitarisme dans sa forme la plus primaire. Et le plus choquant, c’est la démission apparente de la Communauté internationale face à une telle cruauté, qui plus est, en ce XXIème siècle. Pourtant, ce ne sont pas les moyens de pression qui lui manquent pour arrêter Nkurunziza dans sa folie meurtrière. Quand se décidera-t-elle à agir courageusement ?

Outélé KEITA


No Comments

Leave A Comment