HomeA la uneOUSMANE BADINI, VICE-PRESIDENT DU COLLECTIF DES MILITAIRES ET GENDARMES RETRAITES : « Nous voulons prendre notre monnaie »

OUSMANE BADINI, VICE-PRESIDENT DU COLLECTIF DES MILITAIRES ET GENDARMES RETRAITES : « Nous voulons prendre notre monnaie »


Le collectif des militaires et gendarmes retraités de 2004 à 2015 était face à la presse, hier 8 juin 2017, à Ouagadougou. Objectif : faire part à l’opinion nationale et internationale, de son indignation et de sa déception face à la manière dont les autorités gèrent son problème.

 

Une conférence de presse aux allures d’assemblée générale. C’est le constat qu’il nous a été donné de faire hier, 8 juin 2017,  tant les militaires et les gendarmes retraités de 2004 à 2015 ont pris d’assaut le Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) pour exprimer leur colère, au regard de la non-prise en compte de leurs préoccupations par les autorités. Une chose est sûre, les militaires et gendarmes retraités menacent de durcir le ton si à l’issue de leur conférence de presse, les lignes ne bougent pas. « Si rien n’est fait pour considérer et régler notre problème, nous prévoyons d’organiser un sit-in devant le ministère en charge de la défense dans les semaines qui viennent », a prévenu l’Adjudant-chef à la retraite (ADC/R) Ousmane Badini, vice-président et porte-parole du collectif des militaires et gendarmes retraités de 2004 à 2015. A l’en croire, les militaires et gendarmes retraités ne font pas de la fixation pour leur réintégration dans l’armée, mais réclament tout juste leur « monnaie ». « Nous ne faisons pas de la fixation sur notre réintégration dans l’armée, mais c’est un décret qui a été pris ; il n’a jamais été abrogé… Nous pensons que même Kanazoé (NDLR : feu le richissime Oumarou Kanazoé), quand il se rendait dans une boutique, il récupérait sa monnaie. Nous voulons prendre notre monnaie. Sinon, ce n’est pas de la fixation pour rester dans l’armée », a-t-il précisé. Et ADC/R Yaba Karfo d’ajouter : « Nous revendiquons  notre monnaie, pas plus… Si ça ne va pas, nous allons faire notre sit-in et même s’il faut dormir au ministère de la Défense, nous allons le faire ».

Selon M. Badini, ce sont plus de 10 000  militaires et gendarmes retraités qui sont dans cette situation.  A la question de savoir s’ils pensent que l’Etat a les moyens de répondre favorablement à leur requête, Yaba Karfo a lancé : « On ne peut pas dire que c’est beaucoup puisqu’ils savaient que cette situation devait arriver, mais ils l’ont fait… C’est par négligence, sinon ils ont les moyens de le faire. Tu vas faire 30 ans de service pour toucher 27 ans de pension, voyez que ça ne va pas ».

 

Plusieurs démarches restées sans suite

 

Il faut dire que cette conférence de presse a été l’occasion pour le collectif de répondre au conseiller juridique du ministre en charge de la défense qui « est sorti à la télé pour nier l’existence du problème » « autour du 30 au 31 janvier 2017 ». Aux Hommes de médias, le collectif a remis des copies de « documents tirés des archives du gouvernement, qui reconnaissent non seulement son existence (le problème), mais aussi une tentative de résolution en 2007, qui n’était qu’une manœuvre pour étouffer le mouvement ».

Selon les conférenciers, c’est lors de son discours de fin d’année, en 2003, que le président du Faso avait pris la décision d’augmenter l’âge de la retraite de 5 ans pour tous les travailleurs du pays. Un décret qui sera exécuté dans tous les ministères, sauf celui en charge de la Défense qui a seulement ajouté un an au lieu des 5 ans. Le 3 janvier 2007, des militaires et gendarmes frappés par la limite d’âge ont approché le commandement pour connaître leur sort. N’ayant pas obtenu gain de cause, ils ont décidé de se regrouper au sein d’un collectif pour exiger l’application intégrale dudit décret, la prise en compte effective du nombre d’années de service pour la pension et l’octroi de la prime d’installation à ceux partis à la retraite en 2006. Selon toujours les conférenciers, malgré leurs démarches auprès de certains responsables dont le secrétaire général de leur ministère de tutelle à travers qui plusieurs correspondances ont été adressées à leur ministre, celles-ci sont restées sans suite.

Par ailleurs, ils ont annoncé avoir gagné le procès contre l’Etat au Tribunal administratif. Mais les autorités ont fait appel et le dossier se trouve depuis 2011 à la Cour de cassation où la décision se fait toujours attendre.

 

Colette DRABO

 

 


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