OUVERTURE DE BONGO AUX REFORMES POLITIQUES APRES SON HOLD-UP : Que vaut la parole d’un usurpateur ?
Au Gabon, après le coup de force opéré par Ali Bongo Odimba (ABO) pour se maintenir dans son fauteuil au Palais du bord de mer, le temps semble avoir changé de rythme. Tout se passe au pas de course. Après une cérémonie d’investiture en catimini et à la hussarde, ABO et ses courtisans s’affairent dans l’urgence à colmater les brèches, en occasionnant une avalanche d’annonces. Ainsi, après l’ouverture annoncée du gouvernement à l’opposition, c’est l’option d’un dialogue politique national qui est mise sur la place publique avec pour menu principal, des réformes politiques. Ces réformes devraient concerner le mode du scrutin qui pourrait passer à deux tours et la limitation de la durée des mandats présidentiels. Si l’on peut comprendre que cet agenda soit dicté par l’atmosphère nationale chargée de gros nuages, cette hâte pour le moins suspecte semble destinée à tourner au plus vite la page des élections et détourner le regard des Gabonais vers les lignes incertaines d’un horizon encore lointain. Et l’on peut légitimement se demander si le peuple gabonais mordra à l’hameçon. Rien n’est moins sûr ! En effet, pour l’instant, l’opposition bannit toute participation à un gouvernement d’ouverture.
ABO a de sérieux tracas à se faire
Et l’on peut comprendre ce rejet de la main tendue du pouvoir qui, comme le voleur pris en flagrant délit, a l’outrecuidance d’inviter sa victime à partager le butin. Du reste, le peuple gabonais n’aurait sans doute pas compris que, sans même avoir fait le deuil de ses morts, l’opposition puisse enjamber ses cadavres pour s’asseoir à la table de l’ogre dont les mains et les dents dégoulinent encore de leur sang. On peut donc se féliciter que Ping et ses partisans n’aient pas fait leur, cette sagesse africaine qui suggère qu’ « à défaut de pouvoir empêcher son voleur de commettre son forfait, il faut l’aider à transporter son butin ». En plus de n’avoir pas cédé à la sirène du gouvernement d’ouverture, l’opposition n’entend pas se laisser charmer par l’appel au dialogue et continue d’appeler à la mobilisation contre ce qu’elle qualifie de coup d’Etat électoral. ABO a donc de sérieux tracas à se faire, car il devra avoir le cou bien robuste pour ne pas ployer sous la charge de sa rapine, et son dialogue envisagé risque de n’être qu’un long monologue. Mais il ne faut pas écarter l’hypothèse que quelques lopes de l’opposition ne viennent à succomber à la tentation d’aller à la soupe. Au pire des cas, comme il a été donné de le voir sous d’autres cieux, le pouvoir pourrait se forger à coup de millions de francs, des opposants pantins qu’il dressera autour de sa table de négociations. En attendant de voir le scénario ourdi par les Raspoutine qui arpentent les arcanes du pouvoir gabonais, on peut émettre des doutes quant à la sincérité d’Ali Bongo Odimba dans cette offre de réformes politiques à mettre sur la table et sur la valeur de sa parole. On peut en effet se demander si cette offre n’est pas juste un attrape-nigaud, et destinée à amadouer l’opposition pour laisser passer les bourrasques de l’orage. Il faut craindre que la réponse à la question ne soit affirmative, car si ABO entendait quitter un jour le pouvoir, il se serait gardé de sacrifier en holocauste ses compatriotes sur l’autel de son pouvoir. Mieux, il en aurait fait publiquement l’annonce lors de son investiture. A lui accorder même le bénéfice du doute, la tâche ne serait pas une sinécure.
L’offre de réformes pourrait constituer la seule passerelle pour ABO
Il devrait d’abord faire face aux fantômes de la répression des manifestations consécutives à la proclamation des résultats provisoires, qui n’auront de cesse de le hanter dès qu’il quittera le pouvoir. La tourmente aux lendemains de la prise du pouvoir, est donc en soi un obstacle à de vraies réformes politiques. Ensuite, il devrait se battre contre son propre camp, infesté de tous les repus du système Bongo et qui n’entendent pas renoncer à leurs privilèges. En définitive, il faut craindre que cette offre de réformes ne soit une entourloupe pour remettre les compteurs à zéro par le passage à une nouvelle république et au passage, jouer avec le temps, en raison de son jeune âge, pour enterrer ses adversaires. Le scénario, en tout cas, ne serait pas inédit sous nos cieux, car bien des chefs d’Etat ont proclamé leur attachement à l’alternance avant de se livrer à des tripatouillages constitutionnels, en vue de lever le verrou de la limitation des mandats. Et c’est en cela qu’il faut comprendre la posture de Saint Thomas, prise par l’opposition.
Mais quelle que soit l’issue des tractations en cours, les élections, même bâclées, auront eu le mérite de poser les vrais problèmes politiques du Gabon. Et c’est déjà cela de gagné pour une opposition qui s’était fourvoyée dans des combats d’arrière-garde sur la nationalité et la filiation d’Ali Bongo Odimba, plutôt que de s’investir dans une lutte d’avant-garde pour des réformes politiques, augmentant les chances d’alternance au sommet de l’Etat, à commencer par la remise en cause du mode du scrutin à un seul tour et le toilettage de la Constitution pour la mettre à l’air du temps. On ne le répètera jamais assez, l’instrumentalisation de la question de la filiation et de l’ethnie en ce 21e siècle, n’est qu’un paravent derrière lequel s’abritent des hommes politiques en manque d’inspiration. Son combat, aujourd’hui, sera de contraindre le pouvoir à aller à ces réformes, maintenant que c’est lui-même qui, sous la contrainte certes, en a fait l’annonce. Mais son plus grand défi restera celui du renouvellement de la classe politique et de l’unité pour présenter un front uni, gage de toutes les victoires, car il n’y a d’autres sens au vote du peuple que l’expression de la soif de l’alternance et le rejet d’une génération sclérosée de politiciens accrochés aux rênes du pouvoir depuis un demi-siècle. Quant à ABO, pour peu qu’il ait compris, comme il le dit, le sens du vote des Gabonais, l’offre de réformes qu’il met sur la table de négociations, pourrait constituer la seule passerelle pour lui pour passer du bon côté de l’histoire après sa forfaiture, en préparant sa sortie.
« Le Pays »
moumouni
/
Vous êtes trop partisan et cela ne va pas bien à un journaliste censé incarné l’impartialité dans ses publications.de facto pour vous le fils du chinois doit gouverné le Gabon.non les gabonais ne sont pas d’accord et il ont voté Ali bongo ondimba et cela à été confirmé par la cour constitutionnelle.maintenant soucieux de la paix et du progrès du pays il appel les uns et les autres a travailler ensemble.c’est bien et très bien même.donc arrêtez d’être trop jean ping et faite du journalisme.merci
29 septembre 2016Dibi du Burkina-Faso
/
Arrêtez de déconner! Dans cette colonie néocoloniale qu’a toujours été le Gabon, toute alternance reste illusoire en dehors d’une perspective révolutionnaire de rupture progressiste et anti-impérialiste de souveraineté populaire. En ce sens, Ali Bongo et Jean Ping constituent les deux fers au feu de l’impérialisme français et occidental au Gabon et au cœur de l’Afrique. Il est donc honteux et débile de présenter Jean Ping, ce grand bourgeois pourri françafricain, comme une alternative politique.
30 septembre 2016Jean Ping et toute cette fraction pourrie de la kleptocratie néocoloniale gabonaise qui le rejoint en ce moment, ont depuis 50 ans ruiné et saccagé l’indépendance et la souveraineté du Gabon. Son positionnement idéologique, géopolitique et matrimonial familial ne font pas de lui un homme neuf, ni une perspective de rupture pour les Gabonais. Il reste une figure hideuse du clan Bongo qu’il prétend combattre.
Enfin pour l’Afrique, il passera dans l’histoire comme un traitre face à la crise ivoirienne et libyenne où il s’est couché comme un chien devant les diktats occidentaux.
Sa veulerie n’a pas été une surprise, mais le trait distinctif de ces élites criminelles aux affaires en Afrique.
Ali Bongo que j’exécrée comme un hériter néocolonial françafricain devra en tirer toutes les conséquences et savoir que l’impérialisme français au Gabon n’a pas d’amis, mais que des intérêts à défendre. Et je doute que confronté aux contradictions du néocolonialisme dans son pays, il puisse trouver une porte de sortie sans appui sur le peuple et les patriotes de progrès au Gabon.
C’est le seul moyen d’extraire le Gabon des griffes du colonialisme français.
Tout autre choix (celui de la bourgeoisie pourrie) le perdra! Et pour l’heure, les Gabonais n’ont aucun intérêt à mourir pour la cause d’Ali Bongo, et encore moins de Jean Ping son beau-frère, l’ex-mari de sa sœur, le père de ses neveux et le plus fidèle compagnon de route de son traitre de père Omar Bongo ; un des chefs d’Etats africains, les plus françafricains.
Dibi