HomeA la uneOUVERTURE DU PROCES EN ASSISES DES PRO-GBAGBO : Le casse-tête chinois d’ADO

OUVERTURE DU PROCES EN ASSISES DES PRO-GBAGBO : Le casse-tête chinois d’ADO


Plusieurs fois annoncé,  plusieurs fois reporté, le procès de l’ex-Première dame de Côte d’Ivoire ainsi que de 82 autres proches de l’ancien président est à nouveau annoncé pour ce vendredi 26 décembre. Il faut espérer que cette date sera la bonne, car un nouveau report apporterait sans aucun doute du grain au moulin de tous ceux qui ont toujours soutenu que ce procès n’aura jamais lieu, en tout cas, pas sous le régime d’Alassane Ouattara. Et cela, pour la simple raison que ce qui a depuis toujours été annoncé comme le grand procès de la crise post- électorale, risque de se révéler comme un pseudo-procès, sur fond d’acharnement d’un homme contre ses adversaires politiques d’hier. Un scénario qui ne manquera pas d’entamer sérieusement l’image de démocrate intègre que Alassane Dramane Ouattara s’est construite depuis son accession à la magistrature suprême de la Côte d’Ivoire.

Faut-il vraiment voir dans les nombreux reports qu’a connus l’ouverture de ce procès, l’expression d’un dilemme auquel fait effectivement face ADO ?

Le camp du régime déchu doit-il, à lui tout seul, porter toute la responsabilité de ces 3000 morts  ? Assurément, non. Et c’est pourquoi le camp présidentiel devra trouver les mots justes pour expliquer les critères sur lesquels Simone Gbagbo et ses 82 autres compagnons d’infortune ont été « sélectionnés » pour être à la barre ce vendredi 26 décembre 2014.

C’est bien là, un casse-tête chinois pour ADO.

Personne ne peut prévoir jusqu’où iront les conséquences d’un tel procès

Cela dit, ce procès se présente comme un véritable défi, autant pour ADO que pour la Justice ivoirienne. Car, au-delà de l’impartialité dont ils doivent faire montre aux yeux de l’opinion ivoirienne et internationale, ADO en particulier se doit de trouver un « modus vivendi », si tant est qu’il veuille vraiment réussir la réconciliation de tous les Ivoiriens. Mais comment trouvera-t-il un « modus vivendi » dans le procès d’une affaire aussi grave que celle-ci ? C’est sans doute là un autre casse-tête chinois pour ADO. Parce que ce procès doit être une leçon pour toute la société ivoirienne, afin que plus jamais dans ce pays, des hommes ou des femmes ne soient plus capables de telles horreurs à cause du pouvoir.

Cela dit, la Justice doit en principe avoir la main ferme et même lourde envers tous ceux qui seront reconnus coupables. Or, il y a fort à parier qu’une condamnation de Simone Gbagbo, en plus de celle de son époux, ne manquera pas d’alimenter les mauvais ressentiments que beaucoup d’Ivoiriens éprouvaient déjà à l’endroit des pro-Ouattara.

A l’opposé, si par souci d’apaisement, la Justice ivoirienne venait à prononcer des peines qui, par leur clémence, s’apparentent plutôt à une impunité qui ne dit pas son nom, comment réagiront les familles des victimes ? Cela ne risque-t-il pas d’amener certaines d’entre elles à vouloir se faire justice ?

Pour toutes ces considérations, on est bien tenté de dire que le plus dur n’est pas de réussir enfin à tenir ce procès, mais plutôt de pouvoir gérer l’après- procès. Car personne ne peut prévoir jusqu’où iront les conséquences d’un tel procès. Alassane Ouattara aurait peut-être mieux fait de refiler la patate chaude à Fatou Bensouda de la Cour pénale internationale (CPI). En ne voulant pas livrer la femme après avoir livré le mari, ADO a certainement manqué de cran, celui-là même qui caractérise tous les grands hommes d’Etat. Pour appartenir à cette classe, il faut être toujours prêt à exécuter et à s’assumer sans frayeurs. ADO s’aura-t-il se rattraper ?

Wait and see.

 

Dieudonné MAKIENI

 


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