HomeA la uneOUVERTURE DU PROCES DE TEODORIN OBIANG NGUEMA EN FRANCE : Le glas de l’impunité a-t-il sonné ?

OUVERTURE DU PROCES DE TEODORIN OBIANG NGUEMA EN FRANCE : Le glas de l’impunité a-t-il sonné ?


En ce début d’année, le vœu de tout le monde, c’est d’entamer 2017 avec joie, paix et sérénité. Mais les vœux formulés dans ce sens, par Teodorin Obiang Nguema, vice-président de la Guinée Equatoriale et fils du président dudit pays, n’ont manifestement pas été exaucés par le Tout-Puissant. Sans doute réfléchirait-il par deux fois avant de décider de  disposer de biens colossaux frauduleusement acquis, hors des frontières de son pays, en Occident, si c’était à refaire. Teodorin Obiang, 47 ans, fils du président de Guinée équatoriale, apprend en effet à ses dépens que  la  France ou les Etats-Unis où il a aujourd’hui maille à partir avec la Justice, ce n’est pas la Guinée équatoriale ou plutôt le « Gondwana » où papa lui permet tout, y comprend se préparer à être calife à la place du calife, après lui. Le vice-président de Guinée équatoriale a du souci à se faire, et c’est le moins que l’on puisse dire. Il pourrait en effet voir son colossal patrimoine en France, fondre comme neige au soleil dans ce nouveau rebondissement de l’affaire dite des  « biens mal acquis ». C’est en effet une première : un procès s’est ouvert en France, le lundi 2  janvier 2017, devant le Tribunal correctionnel de Paris. Le prévenu est  poursuivi, entre autres, pour détournement de fonds publics et corruption. De fait, le vice-président de Guinée équatoriale est accusé de s’être bâti, en France, une fortune colossale faite notamment de biens immobiliers, en détournant l’argent public de son pays. Et comme il fallait s’y attendre, il était absent à l’ouverture du procès. Mieux, ses avocats ont vite formulé une demande de report du procès pour, avancent-ils, permettre à leur client de se préparer conséquemment. Mais  au moment où nous tracions ces lignes, la Justice française n’avait pas encore donné sa réponse sur cette requête.  En attendant de connaître le dénouement de ce procès, l’on peut, d’ores et déjà, se féliciter de cette action des juges français. Et saluer la pugnacité et la détermination  des associations et autres ONG de lutte contre la corruption comme Transparency International, Sherpa, etc., à mettre à nu les pratiques nauséeuses de la gouvernance du clan Obiang et à travailler à leur faire rendre gorge.  Car, si ce procès a été rendu possible, c’est en partie grâce à ces associations. En effet, elles avaient déposé une plainte en 2007 contre les familles dirigeantes de la Guinée Equatoriale, du Gabon, de l’Angola et de bien d’autres pays, mais l’affaire avait été classée sans suite, certainement pour des raisons politiques. Malgré cela, ces associations n’ont pas baissé les bras. Loin s’en faut. Elles ont plutôt changé de stratégie en se constituant partie civile en 2008, poussant ainsi les juges à se pencher sur leur action et à les autoriser, en 2010, à ester en justice contre des personnes accusées de corruption. Le glas de l’impunité a-t-il pour autant sonné pour Teodorin Obiang Nguema ? Rien n’est moins sûr. Car il est évident  que ce dernier ne se conduira pas en victime résignée. Quid de son géniteur qui fera des pieds et des mains pour  éviter  que son fils ne soit malmené par la Justice ? Pour échapper à la Justice  de l’Hexagone, Téodorin Obiang n’a rien trouvé de mieux que d’invoquer son statut de vice-président de son pays et l’immunité qui en découle. Si le ridicule tuait !  Il oublie que la logique qui s’applique au pays des bantous, qui veut que son statut de vice-président lui confère l’impunité, cette logique-là ne tient pas en France ou aux Etats-Unis. Car, contrairement à la Guinée équatoriale où l’on ne s’aviserait pas de commettre un crime de lèse-majesté en lui demandant des comptes, en Occident, il y a toujours des voix pour dénoncer ce qui ne tourne pas rond dans la gouvernance  économique sous les tropiques africains, quitte à attendre de la Justice qu’elle fasse le reste. Mais si son rejeton voit le ciel lui tomber aujourd’hui sur la tête, le président de Guinée équatoriale ne doit s’en prendre qu’à lui-même. En dehors de sa filiation qui lui permet aujourd’hui d’être riche comme Crésus à 47 ans et d’être bombardé deuxième personnage de l’Etat, qu’a-t-il d’autre à faire valoir ?  Papa président, fiston vice-président de la Guinée Equatoriale ! Une aberration s’il en est, propre aux Républiques bananières. Téodorin Obiang  n’en serait pas là aujourd’hui si son pays était une nation démocratique où les mandats présidentiels étaient limités à deux. On le sait, la longévité au pouvoir  produit toujours ses effets nocifs en termes de corruption, de détournements  de fonds, de népotisme, de patrimonialisation du pouvoir et autres.

On ne doit pas continuer à fermer les yeux sur le pillage des richesses des pays africains

On ne doit pas continuer à fermer les yeux sur le pillage des richesses des pays africains par les familles des princes régnants.  Si après plus de cinquante ans d’indépendance, l’Afrique est toujours à la traîne, ce n’est pas parce que le continent noir est dépourvu de ressources naturelles, mais plutôt parce que des prédateurs comme Teodorin Obiang Nguema et autres pillent les richesses de leur pays. Il est temps de mettre fin à la gabegie des familles de certains dirigeants africains dont le sport favori est d’acheter des appartements, des voitures de luxe ou autres objets de grande valeur dans les grandes capitales occidentales sans se soucier de la misère dans laquelle vivent les populations. La Justice française  doit sévir pour l’exemple. Quelle sera l’issue de cette affaire ? Vivement, en tout cas, que la lumière éclate ! il faut souhaiter  que ce procès soit conduit avec sérénité, sans aucune interférence du politique afin  que le droit, rien que le droit soit dit.   Si ce procès aboutissait à une condamnation pour l’exemple, il pourrait inquiéter d’autres familles dirigeantes en Afrique. Gageons que les autres clans cités dans cette « affaire de biens mal acquis » à l’instar des N’Guesso, Bongo et autres, rendent un jour des comptes de leur gestion. Il y va de la santé  économique et financière du continent.

 

Dabadi ZOUMBARA


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