HomeA la unePARTICIPATION DU FPI AUX PROCHAINES ECHEANCES ELECTORALES : Réalisme politique ou charme de serpent ?  

PARTICIPATION DU FPI AUX PROCHAINES ECHEANCES ELECTORALES : Réalisme politique ou charme de serpent ?  


 

A quelques semaines de la reprise du procès de Laurent Gbagbo à la Haye et juste après la fin du suspense sur la formation du nouveau gouvernement ivoirien, le Front populaire ivoirien (FPI), aile radicale, semble avoir mis de l’eau dans son vin de palme. En effet, Laurent Akoun, président délégué de cette faction, n’exclut plus la participation de cette aile aux législatives de la fin d’année 2016 et, à plus long terme, à la présidentielle de 2020. Cette confidence faite à Christophe Boisbouvier de RFI, rompt avec les positions maximalistes connues de cette tendance des irréductibles de Gbagbo. La libération du célèbre prisonnier de la Haye comme condition sine qua non de toute participation à un scrutin électoral, semble abandonnée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ton est à l’apaisement et cela donne une bouffée d’oxygène au processus de réconciliation nationale. Indira Ghandi affirmait ceci  : «Vous ne pourrez pas serrer la main à un poing fermé». Le FPI, en infléchissant de la sorte sa position, semble tendre la main à ADO qui devrait voir dans cette mue, un véritable cadeau de début d’année, d’autant plus que les atermoiements de la réconciliation nationale avaient quelque peu terni le lustre de son premier mandat. Les Ivoiriens ont-ils enfin décidé, de ce fait, de mettre plus l’accent sur ce qui les unit plutôt que sur ce qui les divise ? La sortie de Laurent Akoun sonne-t-elle  l’hallali d’une ère de rancœurs pour lancer le cocorico d’une aube nouvelle au bord de la lagune Ebrié ?  Rien n’est moins sûr, dans un pays où les volte-face politiques  sont fréquentes et créent des feuilletons à rebondissements.

Le FPI fait preuve d’un extraordinaire réalisme politique

Il y a en tout cas lieu de tempérer les réactions car la déclaration de Laurent Akoun, même n’étant pas de n’importe quel quidam du FPI, n’émane pas pour l’instant d’une instance politique du parti et n’est, pour l’instant, qu’une opinion personnelle. Ensuite, parce que l’éventualité envisagée de participer aux élections est assortie de conditions. «… je précise que nous irons aux élections. Mais pas à n’importe qu’elles conditions… », a-t-il martelé. Quoi qu’il en soit, le FPI fait preuve d’un extraordinaire réalisme politique en faisant bouger les lignes sur sa position, même si cela pourrait paraître sur le tard. L’absence chronique est mortelle et, en politique, l’ennemi d’hier peut être l’allié d’aujourd’hui ou de demain. Le FPI pouvait-il d’ailleurs se payer le luxe de faire dans l’immobilisme à l’heure où les amarres semblent se relâcher avec le souhait exprimé de Gbagbo de s’éloigner des joutes politiques pour se consacrer à sa défense ? Assurément non, parce que le parti semblait pris à son propre piège. En envisageant la participation aux élections, le FPI desserre cette étreinte où il jouait sa survie, pour mettre désormais la pression sur ADO. Il prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur sa bonne volonté et défie ADO de jouer sa participation, surtout que ce dernier  a inscrit la réconciliation nationale dans l’agenda politique de son mandat et est contraint de laisser en héritage aux générations futures, une Côte d’Ivoire unie, conformément au legs de Houphouët Boigny dont il se réclame.  Mais quelle que soit la réaction de ADO, le FPI n’a pas à rougir car comme dit Catherine Rambert, «faire une concession, ce n’est pas perdre la face. Tant pis si l’autre campe sur ses positions. On n’est pas le plus faible quand on cède, on est le plus sage.»

SAHO


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