PASSAGE DE TEMOIN A LA PRESIDENCE DU G5 SAHEL
Hier, 25 février 2020, s’est ouvert, à Nouakchott, en Mauritanie, le sixième sommet des chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel. Il s’est agi, pour ne pas les nommer, des dirigeants du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et bien entendu de la Mauritanie, qui se sont retrouvés, une fois de plus, autour d’une même table pour parler de sécurité et développement. En plus de la restructuration du Secrétariat permanent du G5 Sahel, inscrite à l’ordre du jour, ce sommet a été l’occasion pour le président burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, de passer le témoin à son homologue mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani. En attendant donc de voir à l’œuvre le nouveau commandant en chef du G5 Sahel, on peut se permettre de jeter un regard rétrospectif sur le mandat du sortant qu’est Roch Marc Christian Kaboré. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en un an, le président du Faso n’a pas chômé. Constamment sur la brèche, il n’a eu de cesse d’interpeller la communauté internationale sur la nécessité de combattre le terrorisme et ce, à travers une synergie d’actions. Conscient qu’il ne peut y avoir de sécurité sans développement, Roch Marc Christian Kaboré, chaque fois que de besoin, appelait à une solidarité agissante de tous les Etats, devant permettre la mise en place d’une coalition plus large contre le terrorisme qui ne connaît pas de frontières. D’Abu Dhabi à Addis Abeba, en passant par New-York, Sotchi, etc., le chef de l’Etat burkinabè s’est posé en ambassadeur des peuples des pays membres du G5 Sahel qui, de guerre lasse, ne savent plus à quel protecteur se vouer. Pour autant, a-t-il été entendu ? Difficile de répondre par l’affirmative surtout quand on sait que bien des partenaires n’ont toujours pas tenu leur promesse de financements de la force conjointe dont on parle tant mais qui, finalement, ressemble plus à un albatros qui a du mal à prendre son envol. Et ce n’est pas tout.
De nombreux défis restent à relever
Car, pendant que les terroristes continuent de massacrer civils et militaires au Burkina, au Mali et au Niger, les Etats-Unis, à la surprise générale, ont jeté un pavé dans la mare en annonçant le retrait de leurs forces, des théâtres des opérations. Quand on connaît le rôle, pour le moins considérable, que jouent les forces armées américaines dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, cette nouvelle ne peut que donner des insomnies à Roch Marc Christian Kaboré et à ses pairs du Mali et du Niger, dont les pays sont plus frappés par le drame terroriste. En tout cas, s’il est vrai que le désormais ex-président en exercice du G5 Sahel, a, en un an de mandat, « porté l’espérance », force est de reconnaître que de nombreux défis restent à relever ; d’où l’impérieuse nécessité pour son successeur d’aller au charbon. Ghazouani peut et doit mieux faire afin de faire du Sahel, « un espace de paix retrouvée, de sécurité et de prospérité partagée pour tous ses fils et toutes ses filles ». Et en cela, sa formation de militaire peut constituer un atout. Mais, d’ores et déjà, certains ne cachent pas leur pessimisme. La Mauritanie, même membre du G5 Sahel, n’était pas frappée de plein fouet par le terrorisme. On peut se demander alors si le président Ghazouani se montrera à la hauteur des défis qui l’attendent. On attend de voir. Il revient au président mauritanien de travailler à faire mentir tous ceux-là qui lui font ce procès… en impéritie annoncée.
Boundi OUOBA