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PAUL BIYA EN AMBAZONIE


 Bienvenu en territoire miné !

A moins d’une semaine de l’élection présidentielle prévue pour le 7 octobre prochain au Cameroun, le président candidat à sa propre succession, Paul Biya, est attendu dans la région anglophone, notamment en Ambazonie, du nom de l’Etat que les séparatistes armés entendent créer.  A moins d’un miracle, cette visite du président dans cette zone, devrait être très mal accueillie et ce, pour deux raisons essentielles. La première est que la crise anglophone n’a fait qu’empirer depuis deux ans. En effet, les forces de sécurité camerounaises, massivement déployées dans la zone, affrontent un nombre toujours croissant de séparatistes  avec  les résultats que l’on sait. Aux actes d’assassinats, d’attaques, d’agression et d’incendie tous azimuts opérés par les groupes rebelles, l’armée camerounaise répond  par  des arrestations, des tortures et des homicides. Dans cette opération de « coup pour coup », le pouvoir de Biya a perdu la bataille de l’image, d’autant que les stigmates du conflit contrarient pour longtemps les quelques opérations de charme envers la population anglophone.

La seconde raison, en plus de sa politique de cécité et d’autisme,  l’octogénaire camerounais a définitivement frappé  d’ostracisme cette zone anglophone. Cette mise en quarantaine qui ne dit pas son nom, n’a fait qu’exacerber et renforcer  les velléités indépendantistes de la population de cette zone

où, désormais, les rebelles entendent faire rendre gorge au pouvoir central. C’est peu de dire que le vieillard de Yaoundé met ses pieds sur un territoire miné. Et dans ces circonstances, il y a de fortes chances que le « welcome » se transforme en « persona non grata ».

La visite de Biya a de fortes chances d’être perturbée

Déjà, le président camerounais est conscient de ce qui l’attend dans son périple anglophone. Après Maroua le 29 septembre, ce sera le second déplacement de sa campagne avant le scrutin du dimanche 7 octobre. Ce sera aussi sa première visite en zone anglophone, depuis le début de la crise, fin 2016. Ainsi la visite de Biya a de fortes chances d’être perturbée par les rebelles. Delà, le 1er octobre, date de la déclaration de l’indépendance de l’Ambazonie et malgré les mesures de sécurité drastiques imposées à cette zone anglophone, les séparatistes ont fait voir des vertes  et des pas mûres aux Forces de défense et de sécurité camerounaises. Encore une fois, c’est dans ce contexte très tendu, que le président sortant, Paul Biya, est attendu de pied ferme.

Une chose est sûre, il sait qu’il ne  convaincra personne par son discours.

Pour le reste, il est établi que le gouvernement camerounais n’a pas d’autre option que celle militaire, pour la restauration de l’autorité de l’Etat. Conséquence, pour ces élections, non seulement les séparatistes risquent de faire leur « boulot », c’est-à-dire saboter le processus, mais aussi la population risque de rester terrée chez elle pendant les opérations de vote. Mais cela semble indifférer Paul Biya dont la présence dans l’Ambazonie ressemble plus à un

défoulement présidentiel qu’à une volonté de prendre en compte les préoccupations qui ne demandent rien  moins que le fédéralisme égalitairement fécond pour tous.

Michel NANA  


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