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PLAFONNEMENT DES PRIX DES CEREALES AU BURKINA


Face à la hausse, on ne peut plus vertigineuse, des prix des denrées de grande consommation, le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (MICA) a pris des mesures fortes. En effet, dans un communiqué rendu public en fin de semaine dernière, il a procédé au plafonnement des prix des denrées de première nécessité telles que le mil, le maïs, le sorgho, le riz et cela, en fonction de la vulnérabilité et de la capacité de production céréalière de chaque région.  J’avoue que personnellement, j’ai applaudi à tout rompre à la lecture de ce communiqué qui, a mon avis, n’avait que trop tardé. Surtout au regard du contexte sécuritaire qui est le nôtre, avec des milliers de personnes déplacées qui tirent le diable par la queue et pour qui chaque jour que Dieu fait apporte son lot de problèmes. Il fallait donc que les autorités qui, je m’en souviens, avaient déjà interdit l’exportation des céréales, tapent du poing sur la table en recadrant les prix. Car, à l’allure où allaient les choses, j’avais bien peur que l’on n’atteigne le point de non-retour avec pour conséquences, des émeutes de la faim. Ne dit-on pas d’ailleurs que ventre affamé n’a point d’oreilles ? C’est pourquoi je pense que les autorités ont vu juste en anticipant les choses à travers des mesures de mitigation. C’est une bonne chose en soi.  Mais comme on le sait, au Burkina, on aime prendre des mesures qui, généralement, ne sont pas suivies d’effets. On est coutumier du fait si fait que cela ne semble choquer personne. Comment, en effet, faire respecter les prix sur le marché s’il n’y a pas d’opérations de contrôle sur le terrain ? C’est la question que plus d’un se pose, surtout que le ministère lui-même reconnaît que, du fait de la porosité des frontières, la mesure d’interdiction d’exportation des céréales n’est pas respectée. Par des circuits frauduleux, beaucoup arrivent à faire sortir des tonnes de céréales du Burkina. Alors question : à qui la faute si les frontières sont poreuses ?

 

Au delà des mesures cosmétiques, il faut des actions concrètes sur le terrain

 

Ce n’est certainement pas la faute aux populations. Bien au contraire ! C’est une faute qui revient aux dirigeants qui, conscients que les frontières sont poreuses, auraient dû se donner les moyens pour faire respecter la mesure prise. A contrario, on aura l’impression que certaines mesures sont prises juste pour contenter l’opinion et laisser croire que l’on se soucie du sort des pauvres populations. Du reste, je me demande comment l’on pourra faire respecter les prix plafonnés dans certaines localités sous   coupe réglée des groupes armés. Qui ira à Arbinda, Toéni, Logobou, Botou, etc. pour faire respecter la mesure de plafonnement des prix des céréales ? Personne ! Or, pendant ce temps, Dieu seul sait le calvaire que vivent les populations de ces zones dites rouges qui manquent de tout puisqu’elles vivent sous un blocus qui ne dit pas son nom. C’est pourquoi je pense qu’au delà des mesures cosmétiques, il faut des actions concrètes sur le terrain pour voler au secours des populations qui souffrent réellement le martyre du fait non seulement de l’insécurité mais aussi de la faim. Surtout que bien des paysans ont été, on le sait, chassés de leurs champs respectifs. Et puis, ce que vous ne savez pas, c’est que même moi fou, je ressens les contrecoups de la crise alimentaire qui se dessine. Car, depuis peu, ma sébile est constamment vide et quand je tends la main à quelqu’un, on me répond chaque fois wendnaloké* ! C’est la preuve que les temps sont durs.

 

« Le Fou »

 

wendnaloké* : expression en langue mooré qui signifie que Dieu bénisse ; une manière subtile de dire qu’il n’a rien pour le demandeur


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