HomeA la unePLUIE DU 10 JUILLET : La DGTTM et l’hôpital Yalgado sous l’emprise des eaux

PLUIE DU 10 JUILLET : La DGTTM et l’hôpital Yalgado sous l’emprise des eaux


La pluie du 10 juillet qui s’est abattue sur  Ouagadougou a causé d’énormes dégâts à la Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) et à l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Un tour à ces endroits dans la matinée d’hier, 11 juillet, nous a permis de constater  l’ampleur des dégâts.

 

11 juillet 2016 ; il est 9h 05mn lorsque nous arrivons à la  Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM). Dans la cour, des agents assis ou debout çà et là,  devant les bureaux. Rassurez-vous, ce n’était  ni un mouvement d’humeur encore moins un sit-in. Ils ont été contraints d’abandonner  bureaux et paperasse à cause de l’inondation consécutive à la forte pluie de la veille. En tout cas, tous les bureaux du rez-de-chaussée ont reçu la « visite » des eaux. Une visite des locaux nous a permis de constater l’ampleur des dégâts. De la salle de saisie au magasin, en passant par le secrétariat d’édition des cartes grises, ou la salle des archives, tous les permis édités ou non édités  ou encore  les fiches des examens qui se trouvaient à même le sol ont subi la furie des eaux. « On ne peut  pas estimer les dégâts  en ce qui concerne les archives à l’heure actuelle. Environ 20 000 cartes grises et permis de conduire sont mouillés », a confié le Directeur général de la DGTTM, Mamadou Boukouma, selon qui, l’eau était à 60 cm des portes du bas lorsqu’il est arrivé dans la nuit après qu’on lui a fait appel. Comme solution, M. Boukouma et ses agents attendent que les papiers sèchent afin de les décoller. « En ce qui concerne le matériel informatique, nous avons essayé de faire monter les câbles à 1 m ou 1,5m afin qu’ils ne soient pas touchés s’il y a une autre inondation. Nous allons demander aux agents de ne plus rien poser par terre », a-t-il dit.  En attendant, ce sont des agents qui s’activent pour  remettre de l’ordre  dans leurs bureaux en vue de la reprise du travail ce jour même ou au plus tard demain mercredi. Selon le DG, cela fait la deuxième fois que sa structure est inondée (la première, c’était le 1er septembre 2009). Y a-t-il un projet de relocalisation en vue ? A cette question, le DG répond : « Il y a de petits projets qui n’ont pas encore eu de financement. Notre souhait est que tout le monde ne soit pas obligé de venir travailler ici. Nous voulons que dans les grands quartiers,  par exemple, on ait une division à Sig-Noghin  qui va recevoir tous les usagers (ceux qui achètent leur moto ou passent leur permis)  de la zone. Donc, des structures déconcentrées à l’image des divisions fiscales disséminées  dans la ville ». Et d’ajouter : « Nous avons un nouveau projet adopté par le gouvernement lors du Conseil des ministres du 16 mars visant à moderniser nos titres. Au cours de cette opération, nous aurons  des centres d’enrôlement mobiles comme le Stade du 4-Août. Nous avons essayé d’avoir plusieurs points où on pourra recevoir les dossiers des uns et des autres pour le traitement ».

 

Le Centre  hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO) encore  inondé

 

Après la DGTTM, nous avons mis le cap sur le Centre  hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHUYO). Là, ce sont les services des urgences médicales qui ont fortement reçu la visite des  eaux. Même s’ils ont été évacués la nuit afin de sortir des populations de cette impasse, comme l’a reconnu le Directeur général du CHUYO, Robert B.  Sangaré, force est de constater que personnels soignants, patients et accompagnants,   de l’un des plus grands centres hospitaliers publics du Burkina, n’ont pas fermé l’œil de toute la nuit. Tous  se sont retrouvés les pieds dans l’eau pendant plus de 5 heures. Il n’y a pas eu de pertes en vies humaines, mais beaucoup d’accompagnants de patients se souviennent encore de leur calvaire.  « Pendant combien de temps, les patients et leurs accompagnants doivent-ils encore vivre ce calvaire ? Chaque année, c’est le même scénario. Je me demande ce que l’Etat attend. Nous avons passé toute la nuit debout. Je ne me rappelle pas du nombre d’heures, mais nous avons vécu un calvaire pendant plus de 5 heures », a confié Aboubacar Sawadogo, accompagnant d’un patient.  « Je ne comprends pas nos autorités. Faut-il qu’il y ait des décès des suites de noyades pour qu’elles comprennent qu’il est temps de trouver une solution à ce problème ? Quelqu’un qui connaît très bien la situation géographique de l’hôpital sait que celui-ci est situé dans un bas-fond. Et à chaque saison de fortes pluies, il faut s’attendre à ce genre de situation », a soutenu Ami Sourwemba. Elle qui y est au chevet de son petit-frère victime d’un accident de la circulation, s’interroge sur la relocalisation de l’hôpital. « On a appris que l’hôpital sera relocalisé. Mais, où en est-on avec ce projet?  Pourquoi, cela traîne-t-il ? Il y a là une mauvaise foi  de nos autorités», a-t-elle fulminé. Informée, une délégation gouvernementale composée, entre autres, du ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo, celui en charge de l’Urbanisme et de l’habitat, Maurice Dieudonné  Bonanet,  s’est rendue sur les lieux pour non seulement apporter son soutien moral aux patients et aux personnels soignants, mais aussi échanger avec la direction du CHUYO  sur les mesures urgentes à prendre afin d’éviter de pareils cas dans les jours à venir. Pour la délégation gouvernementale, les inondations répétitives du CHUYO sont liées, entre autres, à sa position géographique et aux actes d’incivisme des populations. « L’hôpital est victime des eaux qui viennent de l’extérieur (NDLR : du centre ville) et des mesures doivent être prises pour que ces eaux ne puissent plus pénétrer à l’hôpital », a reconnu le ministre de la Santé, Smaïla Ouédraogo. Et le ministre de l’Urbanisme et de l’habitat, Maurice Dieudonné  Bonanet, d’ajouter  que c’est parce que les populations ont la mauvaise habitude de jeter des ordures dans les caniveaux qu’il est très fréquent d’enregistrer des inondations.    A cela, le ministre Maurice Dieudonné  Bonanet  ajoute l’occupation anarchique des marchands le long du lycée Bogodogo et aux abords de l’hôpital Yalgado. Face à ce constat, il a estimé que les urbanistes, notamment la SONABEL, l’ONEA, doivent désormais coordonner leurs actions pour une meilleure urbanisation de la ville. « Il faut de la rupture avec le passé (…). Dorénavant, tous  les acteurs doivent coordonner leurs actions sur le terrain», a-t-il soutenu. Toutefois, il a appelé les populations à plus de civisme. « Il y a le manque de civisme au niveau des populations. Tous les caniveaux sont bouchés par des ordures devant les habitations. L’Etat a sa partition à jouer, mais les populations ont  également la leur. Il faut que les populations travaillent à aider l’Etat en ne bouchant pas les caniveaux d’évacuation des eaux de ruissèlement des villes  », a-t-il suggéré.

 

Colette DRABO et Mamouda TANKOANO

 

 


Comments
  • La construction de l’échangeur qui passera devant le CHU Yalgado est d’une grande utilité publique. Car la voie est quasiment en embouteillage régulièrement .A certaines heures de pointe et durant les fêtes de fin d’année, des ambulances rencontrent trop de difficultés pour se frayer rapidement un passage pour accéder à l’hôpital avec des malades.La réalisation de l’échangeur qui sera doté de grands caniveaux, évitera que les eaux de la ville qui convergent vers la zone du bois ne se déversent encore dans l’enceinte de l’hôpital. Alors, vite que ce projet qui a trop traîné se concrétise selon les règles de l’art dans l’intérêt de tous et des malades.

    12 juillet 2016
  • La direction générale de l’hôpital Yalgado a réalisé de nombreux travaux d’infrastructures et d’équipements du CHU de 2012 à 2015.Ainsi, les services de la maternité, des urgences médicales, traumatologiques entre autres ont été rénovés. L’hôpital s’est doté d’un scanner de dernière génération (64 barrettes), d’une unité de puissants groupes électrogènes qui sécurisent les services sensibles tels que les blocs opératoires en cas de coupure d’électricité. En 2016, l’hôpital s’est doté d’un laboratoire moderne et d’une unité de production d’oxygène médical pour les besoins des malades sous respiration artificielle. Mais le grand tort fait au CHU Yalgado est la restriction budgétaire de plus d’un milliard de FCFA qui a été effectuée sur son budget sous la transition en 2015 et cette situation demeure toujours inchangée pour le budget 2016.Sans budget conséquent, il est évident que l’hôpital ne pourra pas satisfaire convenablement les besoins d’investissements nécessaires. Pour parer aux inondations à l’image de celles du 1er septembre 2009, la direction de l’hôpital a réalisé en 2012 des caniveaux au sein du CHU. Il importe que le gouvernement trouve une solution diligente aux risques réels d’inondations de cet hôpital qui se trouve en zone inondable dans un bas-fond. Le gouvernement qui a pensé que le projet de réalisation de l’échangeur dans la zone de l’hôpital serait une solution pour une meilleure canalisation des eaux pluviales, devrait voir sans tarder comment concrétiser ce projet dans l’intérêt général de tous et des malades en particulier.

    12 juillet 2016

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