HomeA la unePLUIE DE PLAINTES CONTRE LA CANDIDATURE D’ALI BONGO : Que fera la Cour constitutionnelle?

PLUIE DE PLAINTES CONTRE LA CANDIDATURE D’ALI BONGO : Que fera la Cour constitutionnelle?


Comme il fallait s’y attendre, les détracteurs d’Ali Bongo n’ont pas tardé à déposer des plaintes contre sa candidature, après le dépôt de son dossier pour briguer un deuxième mandat présidentiel. Rien d’étonnant ! Mais ce qui l’est plutôt, c’est le nombre  des plaintes. 2600 au total. C’est donc peu dire que la Commission électorale nationale et permanente  (CNAP) a du grain à moudre. La question essentielle que l’on peut se poser est la suivante : ces nombreuses plaintes aboutiront-elles? Rien n’est moins sûr. Les chances de succès de ces plaintes portant sur la nationalité du président gabonais, sont d’autant plus minces que la sortie de la Cour constitutionnelle sur le sujet, avait plus ou moins laissé croire que le débat était suranné. Du reste, la plainte de l’opposant Luc Bengono Nsi n’avait pas abouti en 2009. Il  y a de fortes chances que cette floppée de plaintes subisse le même sort. En tout cas, on voit mal comment la Cour qui avait rendu un verdict favorable à Ali Bongo en 2009 sur le même sujet, pourrait se dédire en rendant une décision contraire. Certes, ce n’est pas chose impossible. Mais on sait qu’en Afrique, la Justice est généralement un instrument au service des princes régnants qui s’en servent pour assouvir leur vengeance et casser parfois de l’opposant, comme c’est le cas en RD Congo avec l’affaire de Moïse Katumbi. L’on a l’impression que la Justice est généralement plus prompte à donner raison aux puissants du moment. Et tant pis pour les faibles.  Et à ce sujet, la fable de la Fontaine nous enseigne que selon que « vous être fort ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ».     En tout état de cause, il faut souhaiter que la même Cour constitutionnelle qui sera appelée à nouveau à trancher cette affaire de nationalité du président gabonais, puisse dire le droit, et rien que le droit.

On peut s’interroger sur le choix du moment et sur l’opportunité du combat des opposants

En attendant que s’ouvrent les plaidoiries qui pourraient disqualifier certains concurrents déjà positionnés sur la ligne de départ,  la pléthore de candidatures (une vingtaine) crève la vue et le moins que l’on puisse dire, est que les opposants gabonais filent du mauvais coton. Issus du même moule politique d’Omar Bongo, mais mus par des ego surdimensionnés et obnubilés par le pouvoir, ils n’ont pu transcender leurs divergences pour fédérer leurs efforts autour d’une candidature unique. Et à coup sûr, cette guerre des ego et cette boulimie  du pouvoir leur vaudront leur perte. En effet, dans un scrutin à un seul tour, une telle flopée de candidatures ne peut se solder que par l’émiettement des voix au profit du président sortant qui reste le favori du scrutin, non seulement en tant qu’héritier du patrimoine politique laissé par Omar Bongo, mais aussi en raison du bilan nettement élogieux de son mandat. A leur décharge, on peut comprendre qu’à l’ombre du Sphinx gabonais, ils ont dû ravaler pendant longtemps leurs ambitions hégémoniques et  n’ont pu, de ce fait, résister à la fascinante attraction de l’élection de 2016. Mais cela ne saurait constituer une excuse à cette immaturité politique affichée de l’opposition, toute chose qui permet sérieusement de douter de sa crédibilité. D’abord, en raison de sa préférence pour les bagarres d’arrière-garde plutôt que pour les bagarres d’avant-garde. Le motif de la bagarre qu’elle livre en effet au président Ali Bongo Odimba, est suranné car en ce 21e siècle, l’instrumentalisation des questions de filiation et d’ethnie n’est qu’un paravent derrière lequel s’abritent des hommes politiques en manque d’inspiration. L’histoire récente du monde nous rappelle à souhait que les grands bâtisseurs des nations, sont souvent des allogènes  et que mieux encore,  les grandes nations contemporaines sont nées des brassages des peuples qui ont pu transcender leurs différences et unir leurs forces au service du devenir collectif. La question de la filiation d’Ali Bongo ne peut donc nullement être un programme politique, mais n’est qu’une dérive haineuse dangereuse à fort taux d’explosivité sur un continent où la politisation de cette question a souvent conduit à une tragédie des peuples. Une opposition gabonaise disposant d’un minimum de lucidité, se serait investie dans un combat d’avant-garde pour des réformes politiques permettant non seulement de décupler les chances d’alternance au sommet de l’Etat à commencer par la remise en cause du mode de scrutin à un seul tour, mais aussi de toiletter la Constitution gabonaise pour la mettre à l’air du temps car comportant encore les germes de résistance à la démocratisation imposée par le discours de la Baule. Autre chose : la couardise condamnable de l’opposition. Tous ces opposants qui crient haro sur le baudet sont comptables des institutions et textes régissant encore le Gabon d’aujourd’hui, mais du vivant d’Omar Bongo, ils n’ont jamais levé le petit doigt pour faire la moindre dénonciation. Ils ne sont donc victimes que de dispositions constitutionnelles qu’ils ont aidé à écrire en croyant tendre des pièges à autrui.

On ne peut donc pas faire aux opposants le reproche de se battre pour le respect de la Constitution, mais on peut s’interroger sur le choix du moment et sur l’opportunité de ce combat perdu d’avance et qui aura fait une grande victime collatérale, Mme Bongo, l’ancienne épouse de Bongo père qui voit son honneur traîné dans la boue. Sans nul doute, l’ex-président, par cette guerre entre ses héritiers politiques qui éclabousse l’honneur de sa famille, doit se retourner dans sa tombe.

 

SAHO


No Comments

Leave A Comment