POLEMIQUE AUTOUR DE LA REINHUMATION DES RESTES DU PERE DE LA REVOLUTION BURKINABE : Thomas Sankara ne mérite pas ça !
Dans un communiqué rendu public, les autorités burkinabè de la transition annonçaient la réinhumation des restes de Thomas Sankara et de ses douze compagnons d’infortune sur le site du Mémorial Thomas Sankara, ancien Conseil de l’Entente. Pour le gouvernement, « cette décision est le résultat de concertations aux sein des Forces armées (notamment le Bureau de garnison de Ouagadougou et la Justice militaire) élargies aux familles des victimes, à la mairie de Ouagadougou, aux autorités coutumières et religieuses ainsi qu’au Mémorial Thomas Sankara ». Toute chose qui, personnellement, m’avait réjoui. Car, Thomas Sankara est devenu une icône dont les obsèques, plutôt que de diviser, doivent, à mon avis, rassembler les Burkinabè voire au-delà. C’est pourquoi, à la lecture du communiqué du gouvernement, j’ai applaudi à tout rompre de savoir que tous les acteurs devant prendre part aux obsèques du père de la Révolution burkinabè, ont aplani leurs divergences de vues. Erreur ! Car, quelques jours seulement après, j’ai vu circuler un autre communiqué de la famille de l’illustre défunt, qui dit ne pas se reconnaître dans ce que disent les autorités. Pire, elle annonce qu’elle se démarque de l’initiative du gouvernement. Pour elle, le site choisi pour la réinhumation des reliques de Sankara et ses douze compagnons, qu’est le Conseil de l’Entente, n’est pas indiqué. Elle plaide pour le choix d’un autre site. J’avoue que finalement, je suis perdu. Je ne sais plus sur quel pied danser, moi qui pensais que tous les goulots d’étranglement avaient été levés en vue d’un hommage national à Thomas Sankara.
Il faut privilégier la concertation
Je suis d’autant plus perdu que, dans le même temps, j’ai lu un autre communiqué du Mémorial Thomas Sankara qui soutient la démarche entreprise par le gouvernement. Pourquoi un tel imbroglio ? Je me rappelle aussi que sous le pouvoir de Damiba, la même polémique avait fait jaser les uns et les autres. En tout cas, si j’ai un conseil à donner aux autorités, c’est de ne pas opérer un passage en force au regard des dissensions qui l’opposent à la famille de l’illustre défunt. Car, je ne vois pas quel éclat aura une cérémonie d’hommage à Thomas Sankara si celle-ci est boycottée par son épouse, ses enfants, frères, cousins, neveux, oncles, tantes, etc. Il faut privilégier la concertation, peu importe le temps que cela prendra. Et en bons héritiers de Sankara puisqu’ils le revendiquent ouvertement, le président Ibrahim Traoré et son Premier ministre Appolinaire Kyélem de Tambéla, sauront trouver, à mon avis, la formule qui contentera tout le monde. Cela dit, je demande aussi à la famille de feu Thomas Sankara d’avoir le sens du compromis en ne tirant pas trop sur la corde. Si elle conteste le Conseil de l’entente, elle a sans doute ses raisons mais il ne faudrait pas qu’elle se braque en tournant le dos aux autorités. Déjà que nous avons dérangé Thomas Sankara dans son repos éternel en exhumant, après plusieurs décennies, son corps pour les raisons que l’on sait, il ne faudra pas que l’on en rajoute en faisant dans la division à l’occasion de l’hommage que la Nation compte lui rendre. Sankara ne mérite pas ça !
« Le Fou »