POLITIQUE AFRICAINE DE LA FRANCE : Paris victime de ses propres turpitudes
A l’occasion de la Conférence des ambassadeurs qui s’est ouverte, le 6 janvier 2025, à Paris, le président français, Emmanuel Macron, a réaffirmé la politique africaine de la France. Tout en rejetant l’idée d’un retrait du continent noir, il parle de modernisation des relations entre Paris et ses anciennes colonies et bien au-delà. « La France n’est pas en recul, elle se réorganise », a-t-il déclaré tout en dénonçant « l’ingratitude » de certains dirigeants africains dont les pays respectifs, dit-il, ne seraient pas « souverains » sans la France. En le disant, on imagine, sans doute, qu’il fait référence aux pays du Sahel, en l’occurrence le Mali et le Tchad où, en dépit des humiliations qu’elle a subies, l’armée française a joué un rôle important, respectivement en matière de lutte contre les terroristes et les groupes armés rebelles. N’est-ce pas la France qui, en 2013, avait été appelée à la rescousse lorsque les djihadistes déferlaient sur Bamako ? N’est-ce pas aussi la France qui avait volé au secours du régime de feu Idriss Deby Itno lorsque les rebelles étaient aux portes de Ndjamena ? Oui, on le sait, la France, indéniablement a répondu présente là où certains de ses alliés avaient besoin d’elle. C’est, somme toute compréhensible qu’elle se plaigne d’être récompensée en monnaie de singe.
La France ne doit s’en prendre qu’à elle-même
Sauf que, faut-il le rappeler, elle n’est pas exempte de tout reproche. Car, pendant longtemps, elle faisait la pluie et le beau temps dans ses colonies, allant parfois, dans le meilleur des cas, jusqu’à dicter leur conduite à certains dirigeants africains, et dans le pire des cas, à fomenter des coups contre ceux qui n’obtempèrent pas. En un mot comme en mille, il n’est pas exagéré de dire que la France récolte ce qu’elle a semé. Elle est aujourd’hui victime de ses propres turpitudes. Contrairement aux autres anciennes puissances coloniales, elle ne joue pas franc jeu, quand elle ne fait pas parfois montre de paternalisme et de condescendance. C’est ce qui explique que, les temps ayant changé, elle est aujourd’hui humiliée là où elle jouait les faiseurs de rois, comme ce fut le cas au Mali, au Burkina Faso, au Niger et très récemment au Tchad. La France ne doit s’en prendre qu’à elle-même, elle qui, c’est connu, a toujours crié à qui veut l’entendre qu’elle n’a pas d’amis mais des intérêts. N’est-ce pas pour cette raison qu’en dépit du ressentiment grandissant, elle refuse de tourner le dos à l’Afrique ?
B.O