HomeA la unePOURPARLERS INTER-MALIENS Y aura-t-il jamais un interlocuteur unique pour Bamako ?

POURPARLERS INTER-MALIENS Y aura-t-il jamais un interlocuteur unique pour Bamako ?


Au lendemain des affrontements qui ont vu la débâcle de l’armée malienne à Kidal, Bamako a bien voulu remettre sa fierté au placard, et reprendre langue avec les groupes armés qui revendiquent la partie septentrionale du pays. Depuis lors, les lignes semblent bouger du côté de ces derniers, qui tentent de s’organiser pour aborder les prochains rounds de négociation avec Bamako. Forts de leur suprématie incontestée sur le champ de bataille et ragaillardis par le fait que Bamako adopte depuis la déculottée de son armée, le profil bas, les groupes rebelles du Nord veulent renforcer leur influence afin de donner davantage de chance de succès à leurs revendications.

 

Créer une union sacrée de tous les groupes armés semble être l’objectif ultime

 

C’est dans cette optique que les trois principaux mouvements rebelles du Nord, à savoir le MNLA (Mouvement national pour la Libération de l’Azawad) le HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad) et le MAA (Mouvement Arabe de l’Azawad) ont appelé le 10 juin dernier, tous les autres mouvements armés présents dans la région du Nord, à rallier l’un des trois mouvements dans un délai de 30 jours. Officiellement, cet appel a pour but de lutter contre la prolifération et la circulation anarchique des armes dans la région. Mais les observateurs avisés pensent que derrière cette volonté, se cache en réalité un objectif plutôt politique. Il s’agit en réalité, pour ces trois groupes, de « reléguer en arrière plan les autres groupes armés » afin de se présenter seuls aux prochains rounds de négociation avec Bamako.

Créer une union sacrée de tous les groupes armés de la région, afin de présenter un interlocuteur unique face à Bamako pour les prochains rounds des pourparlers sur le statut de la région du Nord, tel semble être l’objectif ultime.

A l’analyse, on ne peut qu’apprécier positivement cette volonté de réduire le nombre de représentants des populations du Nord face à l’autorité centrale de Bamako. Tant que les groupes armés ne parleront pas d’une même voix, il est illusoire de penser que les négociations pourraient déboucher sur le moindre accord, dans la mesure où chaque groupe armé arrive à la table des négociations, avec des revendications parfois aux antipodes des propositions des autres.

 

Bamako gagnerait à avoir face à elle un seul interlocuteur

 

Dans ces conditions, il est difficile en effet que la montagne des négociations n’accouche pas d’une souris. Malheureusement, pour l’instant, on est loin, très loin de cette union sacrée. Pour les autres, il ne s’agit ni plus ni moins, que d’une guerre de positionnement qui ne dit pas son nom, et qui risque d’engendrer d’autres conflits et d’autres drames pour les populations de la région. Au demeurant, ils se demandent de quel droit ces trois groupes armés se proclament plus représentatifs des populations de la région.

Une autre raison risque de mettre à mal cette volonté des trois, de parler d’une même voix face à Bamako. En effet, si l’union est facilement réalisable sur le papier, il en va autrement sur le terrain. Pendant que certains veulent l’autonomie de la région, d’autres revendiquent purement et simplement son indépendance. Et alors que le MNLA ne jure que par Ouagadougou comme médiateur, certains comme le HCUA voudraient plutôt voir Alger jouer un rôle plus significatif dans la recherche de la paix pour le Nord-Mali.

Dans cette cacophonie, on se demande si vraiment il y aura un interlocuteur unique pour Bamako.

En attendant, Bamako affiche un semblant de sérénité et affirme que toute négociation de paix entre les fils du Mali doit se mener sur le sol malien. Une autre équation qu’IBK ajoute au problème du Nord. Comme s’il se délectait de la cacophonie qui se passe dans l’autre camp. Pourtant, Bamako aurait bien tort de s’en réjouir car la multiplicité des interlocuteurs, si elle n’est pas favorable aux groupes armés, elle n’est pas non plus favorable à la capitale malienne. Bamako gagnerait en effet à avoir face à elle un seul interlocuteur au lieu d’en avoir plusieurs avec la   possibilité pour l’un ou l’autre de ne pas se reconnaître dans les résultats obtenus.

Que gagnerait en effet IBK à multiplier sans cesse les rencontres qui ne portent jamais le moindre fruit ? Absolument rien. Il aurait même plutôt intérêt à souhaiter que les groupes armés du Nord réussissent leur union, même si quelque part cela peut l’affaiblir. En attendant, il faut dire que l’attentat suicide qui a fait hier, 4 morts dans les rangs des soldats maliens et tchadiens à Aguelok, n’est pas fait pour faciliter cette recherche du dialogue entre Bamako et les groupes rebelles. C’est aussi la preuve que le chemin vers la paix est encore long. Dans tous les cas, c’est à IBK de savoir manœuvrer.

 

Dieudonné MAKIENI


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