POURSUITES JUDICIAIRES CONTRE ISABEL DOS SANTOS : La descente aux enfers se poursuit
Débarquée de la tête de la compagnie pétrolière SONANGOL le mois dernier, Isabel dos Santos est désormais accusée de détournements de fonds. C’est du moins ce qu’annoncent depuis peu plusieurs médias angolais qui précisent qu’une enquête sur de possibles mouvements de fonds jugés suspects à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros, a été ouverte. Ce n’est donc pas seulement la fin des haricots pour la richissime dame du continent, c’est aussi la descente aux enfers. Car le nouveau patron de la SONANGOL dit avoir saisi les autorités judiciaires pour suite à donner. Et à l’allure où vont les choses, on ne sera pas surpris qu’Isabel dos Santos, la fille de l’autre, se retrouve un jour derrière les barreaux. Toute chose que son père Eduardo dos Santos pourrait percevoir comme une haute trahison de la part de Joao Lourenço qu’il a contribué à faire roi, dans l’espoir de mener une retraite tranquille et d’assurer l’impunité à ses enfants qui ont d’ailleurs été tous relevés de leurs postes respectifs. C’est du moins ce qui arrive le plus souvent, lorsque l’on refuse de tenir éloignées sa progéniture et sa fratrie du cercle du pouvoir. Le cas de Isabel dos Santos rappelle mutatis mutandis celui de Karim Wade au Sénégal, qui, alors ministre du Ciel et de la Terre, a eu maille à partir avec la Justice de son pays dès que son père Abdoulaye Wade a quitté le pouvoir. Il en est quasiment de même pour François Compaoré, frère cadet du président burkinabè déchu, Blaise Compaoré, qui est aussi en train d’être rattrapé par son passé. Sous le coup d’un mandat d’arrêt international, il est sous contrôle judiciaire en France, dans l’attente d’une éventuelle extradition vers son pays d’origine. Zut !
Lourenço doit savoir raison garder, pour ne pas donner l’impression de faire dans le règlement de comptes
C’est dire donc que ce qui arrive à Isabel dos Santos n’a rien de surprenant, surtout que le nouveau président, Joao Lourenço, dès ses premiers pas, avait clairement affiché sa volonté de rompre les ponts avec son ancien mentor, Eduardo dos Santos. On se rappelle d’ailleurs la passe d’armes qu’il y a eue entre les deux ex-compagnons la semaine dernière, où le ton laissait transparaître une tension palpable au sommet de l’Etat. Cela dit, si l’on peut se féliciter de la décision prise par Joao Lourenço de s’affranchir de la tutelle de celui dont il fut le bras droit pendant des années, on doit cependant craindre que le cas angolais ne serve d’alibi à bien des dictateurs du continent pour ne pas quitter le pouvoir, de crainte de se voir eux-mêmes ou leurs proches humiliés comme c’est le cas avec Isabel dos Santos et bien d’autres ex-dignitaires angolais. C’est pourquoi, tout en l’encourageant à maintenir le cap dans la lutte contre la corruption et les détournements de deniers publics, nous pensons que Lourenço doit savoir raison garder, pour ne pas donner l’impression de faire dans le règlement de comptes. Car, faut-il le rappeler, il est lui-même le produit du système qu’il combat actuellement.
B.O