HomeA la unePr THIMOTHEE KAMBOU, CHIRURGIEN UROLOGUE : « 40 à 50% des diabétiques ont des problèmes érectiles»

Pr THIMOTHEE KAMBOU, CHIRURGIEN UROLOGUE : « 40 à 50% des diabétiques ont des problèmes érectiles»


Le sexe, dit-on,  est la pierre angulaire de tout couple. Cependant, ils se trouvent des hommes qui, pour diverses raisons, notamment des troubles érectiles ou pannes sexuelles, sont incapables de satisfaire leurs partenaires. Comment se manifestent les pannes sexuelles ? Quelles en sont les causes ? Quel  est son ampleur au Burkina Faso ? Ce sont, entre autres,  des questions qui ont valu la réalisation de cette interview à Bobo-Dioulasso, le mercredi 25 avril 2018, avec le Pr Timothée Kambou, Maître de conférence  Agrégé, chirurgien urologue, chef de département de chirurgie au Centre Hospitalier Universitaire Sanon Souro (CHUSS) de Bobo-Dioulasso. Lisez !

 

Comment définit-on la panne sexuelle ?

 

Une panne, c’est un évènement qui survient de façon inopinée. On peut donc définir la panne sexuelle comme étant un incident qui survient et qui se résume à une impossibilité soudaine pour l’homme d’avoir une érection suffisante pour commencer ou bien continuer l’acte sexuel.

 

Quels en sont les facteurs causals ?

 

La panne de l’érection est un évènement ponctuel. Ses causes sont généralement psychologiques. On a le stress, la fatigue, la peur de ne pas être à la hauteur, un conflit souterrain (si c’est dans un couple) peut expliquer une panne érectile chez l’homme. Si on veut cependant élargir la chose en parlant de la dysfonction de l’érection qui est répétitive et qui peut être de longue durée,  il y a plusieurs causes qui peuvent être soit physiques, soit psychologiques. Les causes physiques sont liées à certaines maladies comme le diabète, l’hypertension ou certaines constitutions comme l’obésité. Des troubles au niveau de la circulation sanguine peuvent également expliquer la panne qui se répète. Et cela peut constituer un véritable problème.

A-t-on une idée de l’ampleur du phénomène au Burkina Faso ?

 

La panne sexuelle, comme je l’ai dit, est ponctuelle et passagère. Les gens ne viennent pas se faire consulter. Il est donc difficile de se faire une idée de l’ampleur du phénomène. Ce n’est pas si fréquent, mais ce n’est pas si rare non plus. Ça peut arriver à tout âge, à n’importe qui. Quant à la dysfonction érectile communément appelé « impuissance sexuelle »,  il n’y a pas eu non plus d’études en population générale au Burkina Faso, mais il y a souvent eu des études hospitalières s’intéressant à ces cibles particulières comme chez les diabétiques, l’hypertendu, les gens souffrant d’insuffisance rénale. A notre niveau, nous avons réalisé une étude sur la dysfonction érectile chez les diabétiques. Là, nous sommes entre 40 à 50% de malades diabétiques qui ont des problèmes de dysfonction érectile. Chez les travailleurs au niveau de l’OST (office de santé des travailleurs), nous avons également mené une étude où les chiffres allaient de 20 et 40%. A ce niveau, ce sont de légers dysfonctionnements. Pour me résumer, je dirai qu’il n’y a pas de chiffre global dans la population masculine au Burkina.  Mais selon les études menées dans d’autres pays, environ 30% des hommes au-delà de 60 ans,  souffrent de problèmes de dysfonction de l’érection.

 Y a-t-il un type d’hommes exposés aux pannes sexuelles ?

 

Je ne crois pas qu’il y ait un type d’hommes exposés aux pannes sexuelles. Comme je l’ai dit, on les trouve sur  des terrains particuliers de pathologies.  Ainsi,  le risque est plus élevé chez quelqu’un en surpoids que celui qui ne l’est pas. Des gens qui souffrent de diabète, de l’hypertension et autres sont aussi exposés au phénomène. En fait, l’érection, chez l’homme, est un phénomène vasculaire. Ça fait appel à un afflux de sang  dans les organes érectiles au niveau du sexe qui se gorge de sang et rend la verge rigide pour permettre l’acte sexuel. Alors que la maladie diabétique s’attaque aux vaisseaux et peut entraîner une anomalie qui fait que l’érection est déficiente chez les patients diabétiques, mais également chez les patients hypertendus. Sinon, il n’y a pas de types d’hommes qui peuvent être sujet à cela. Si les pannes peuvent arriver à tout le monde, les dysfonctionnements ou impuissance sexuelle qui peuvent être permanents, se trouvent sur des terrains de pathologies chroniques.

Quels types de pannes sexuelles rencontre-t-on ?

 

Nous avons la panne ponctuelle qui peut arriver à tout le monde, du fait de plusieurs facteurs comme la fatigue, le stress, la peur de la performance, les tensions dans les couples et la panne répétitive. Cette dernière est pathologique et peut être considérée comme une maladie.  Il y a aussi des situations où l’on parle de panne variable. A ce niveau, la panne ne survient pas avec toutes les partenaires. Celle-ci est fonction de la partenaire, c’est-à-dire qu’elle peut survenir de façon ponctuelle avec une partenaire et ne plus jamais arriver avec une autre. On parle ici de panne variable.Quand on parle de panne, c’est beaucoup plus lié à l’érection. Mais à côté des troubles de l’érection, il y a d’autres problèmes sexuels que l’homme peut rencontrer. Il y a, entre autres, l’éjaculation prématurée ou précoce ; l’éjaculation retardée (ici, l’homme peut prendre du temps pour éjaculer ou ne même pas éjaculer). L’éjaculation prématurée concerne plus les jeunes et l’éjaculation retardée touche les hommes avancés en âge, qui ont des difficultés de performance. Il y a aussi le trouble de la libido où l’homme a un intérêt réduit pour le sexe. Ce sont autant de troubles sexuelles que l’homme peut rencontrer.

Comment les soigne-t-on ou comment en guérit-on ?

 

Heureusement que ça peut se soigner. Quand il s’agit d’une panne sans lendemain, on n’a pas besoin de soigner parce que c’est passager. Mais quand ça perdure, il faut chercher à le soigner.  Pour cela, il faut d’abord rechercher la cause. Cela sous-tend qu’il faut aller voir un médecin qui va interroger le patient pour voir comment cela se manifeste et aussi le mode de vie de ce dernier, car  certaines habitudes de vie comme la consommation abusive de tabac, d’alcool, peuvent nuire à l’érection. Le médecin cherchera à savoir quel est le mode de vie de l’individu, est-ce qu’il n’est pas en surpoids, est-ce qu’il a une activité physique, ainsi de suite. Après l’interrogatoire, on pourra faire des examens sanguins. Une fois cela terminé, on passe au traitement si nécessaire. Et celui-ci sera fonction du diagnostic posé. Pour soigner, on peut faire appel à des médicaments qui aident à améliorer la fonction érectile. On peut aussi utiliser des hormones, parce que l’érection n’est pas exclusivement un problème d’afflux du sang, mais il faut aussi que les hormones mâles fonctionnent normalement. L’hormone mâle par excellence, c’est la testostérone. Quand le taux de celle-ci s’effondre, il va de soit que le patient ait des trouble d’érection. Si c’est le cas, il suffit de lui donner de la testostérone synthétique sous forme injectable ou autre. Et lorsque le taux de testostérone augmente dans le sang, cela peut l’aider.  On peut utiliser aussi des moyens mécaniques car, dans certaines formes de dysfonctions érectiles, ce sont les cors qui sont fibrosés. Si c’est le cas, on va mettre ce qu’on appelle protège péniens rigides ou semi-rigides qui vont être utilisés pour l’acte. Ce sont des aides mécaniques à l’érection. Pour les  cas psychologiques, il faut une psychothérapie. Donc, pour traiter, il y a les médicaments, les aides mécaniques et la psychothérapie. Il y a aussi des interventions chirurgicales, pour les cas compliqués.

Quelles sont les conséquences et les complications d’une panne sexuelle ?

 

En principe, il n’y a pas de conséquences physiques sur l’intéressé ou sur la partenaire. La panne sexuelle est la conséquence d’une pathologie que le patient a et non l’inverse. Ce n’est pas parce qu’on a des insuffisances érectiles qu’on va développer des maladies. Par contre, sur le psychisme, il y a bien sûr des conséquences qui peuvent être individuelles, c’est-à-dire sur l’intéressé lui-même ou sur la partenaire, parce que lorsque ça ne se passe pas bien, cela peut avoir des conséquences psychologiques car cela peut  conduire à un manque de confiance et d’assurance en soi. Même au niveau du service, il peut y avoir des difficultés parce qu’il n’est plus sûr de lui-même. Avec le temps, ça peut se répercuter sur son affirmation en tant qu’homme et ça peut aller jusqu’à une dépression assez grave et même conduire à des troubles de comportement  plus ou moins graves. En plus de l’homme, la situation peut aussi affecter sa partenaire. Aussi, cela peut avoir des conséquences sur le couple. Il y a des couples qui arrivent à gérer cette situation.  Par contre, il y en a qui ne  peuvent pas la supporter et cela va amener une vie désintéressée pour l’acte sexuel dans le couple. Quand cela arrive, d’autres ont tendance à aller voir ailleurs. Finalement, ce couple va cohabiter plutôt que de vivre ensemble. Chose qui peut aboutir à la séparation.  Ce sont donc des conséquences psychologiques et sociales. Sur le plan médical strict, je ne vois pas ce que ça peut avoir comme conséquences.

A quels moments peut-on considérer qu’un homme souffre de panne sexuelle ?

 

La panne ponctuelle peut arriver à tout moment, à n’importe qui. En général, quand cela arrive une fois en passant, ce n’est pas un problème. Mais quand cela se répète à telle enseigne que la personne n’est plus en mesure d’avoir des rapports sexuels, on peut dire qu’elle souffre de troubles érectiles.

 

Pour finir, quels conseils aux hommes pour avoir une vie sexuelle épanouie ?

 

Pour avoir une vie sexuelle saine et épanouie, il faut déjà soigner l’hygiène de vie. Avoir une hygiène de vie veut dire une hygiène alimentaire correcte et équilibrée, bannir tout abus  d’alcool, du tabac (cigarette) et avoir une activité physique régulière et modérée. On ne demande pas d’être un athlète de haut niveau, mais  d’avoir un exercice physique continuel pour que l’organisme puisse fonctionner correctement. Si vous êtes en couple, essayez toujours de régler les conflits car cela peut aussi nuire à l’activité sexuelle. En cas de panne persistante, au lieu d’aller acheter les produits avec les « Haoussa », il faut se faire diagnostiquer.

 

Zézouma MILOGO

 

 

 


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