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PREMIER CONSEIL DES MINISTRES D’APRES PUTSCH : Un train de mesures courageuses et nécessaires


Après la réinstallation du président de la Transition, Michel Kafando, par les envoyés spéciaux de la CEDEAO, le 23 septembre 2015, les membres du Gouvernement se sont réunis à Ouagadougou, au Premier ministère au lieu de Kosyam, pour tenir leur premier Conseil des ministres d’après putsch. C’était le 25 septembre dernier, sous haute sécurité.

Ceux qui ont l’habitude d’emprunter l’Avenue de l’indépendance et environnants ont dû remarquer un changement et pas des moindres dans cette zone, le 25 septembre dernier. Un impressionnant dispositif sécuritaire, du côté Est, une déviation à partir du Conseil de l’entente et du côté Ouest, une autre déviation à partir du Trésor public ; telle était la situation ce jour où le Gouvernement de la Transition a tenu son premier Conseil des ministres après la prise d’otage intervenue le 16 septembre dernier à Kosyam, suivie du putsch du Régiment de sécurité présidentielle. Cette fois-ci, le site choisi pour ce traditionnel exercice du Gouvernement a été l’enceinte du Premier ministère. Comme dit l’adage, « On ne marche pas deux fois  sur les parties intimes d’un aveugle» ; et, c’est certainement pour éviter encore des problèmes que le Gouvernement a décidé de tenir cette rencontre au Premier ministère, avec un dispositif de sécurité aussi important. En effet, ce qui attirait encore plus l’attention après avoir franchi les barrages ce jour, c’était la présence des Forces de l’ordre et de sécurité dans tous les coins, surtout cette voiture blindée qui était postée juste devant la cour de la Télévision nationale et qui, de temps à autre, faisait le tour de la zone. « Aux grands maux donc, les grands remèdes, afin de pouvoir travailler dans la sérénité et prendre des décisions importantes pour la paix au pays des hommes intègres » ; voilà ce qui nous a traversé l’esprit, ce jour-là, au vu des moyens mobilisés. Dès 8h, les membres du gouvernement et certaines autorités de la Transition ont commencé à venir. A 10h, tous les ministres étaient présents, à l’exception du ministre délégué en charge de la Sécurité, Sidi Paré, et celui en charge de l’Enseignement, Filiga Michel Sawadogo. Si ce dernier a été empêché parce qu’en mission, nous a-t-on appris plus tard dans la soirée, Sidi Paré, quant à lui, a été révoqué pour une raison non encore explicitée. Mais selon toute vraisemblance, Sidi Paré est complice des putschistes, puisque son nom apparaît dans la liste de ceux qui ont leurs avoirs gelés. Bref, il a fallu attendre 4 heures de conclave entre les membres du Gouvernement pour en savoir davantage, mais aussi pour savoir quelles ont été les grandes décisions prises par « le nouveau ancien Gouvernement », pour paraphraser un confrère, pour désigner « le gouvernement d’après putsch ». Une fois le conseil clos, c’est le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida qui, se prêtant aux questions des journalistes présents, a donné les raisons du choix du site pour le conseil et également les grands points qui ont été abordés pendant le conseil.

Bientôt une nouvelle date pour les élections

« C’est un plaisir pour les membres du Gouvernement de se retrouver au grand complet. Cela a été l’occasion pour nous d’observer ensemble une minute de silence à la mémoire des compatriotes qui sont tombés au cours des évènements récents et je profite de cette occasion pour adresser aux familles des victimes toutes nos condoléances les plus sincères », a-t-il d’abord lancé. S’agissant de la situation qu’a traversée le pays, le Premier ministre a indiqué que le Gouvernement s’y est penché sans complaisance, afin de prendre les décisions qui s’imposent. « Nous avons pris des décisions importantes allant dans le sens de la résolution définitive de la crise que connait le pays et allant dans le sens de la remise en marche de l’appareil de l’Etat avec plus de sérénité », a-t-il indiqué. En ce qui concerne les élections, Yacouba Isaac Zida a souligné que la priorité actuelle est d’assurer la sécurité des personnes et de donner « un nouvel élan » au processus de la Transition. Tout cela, a-t-il poursuivi, s’inscrit dans l’objectif de pouvoir organiser des élections paisibles, lesquelles élections se tiendront à une date qui sera fixée de commun accord avec toutes les parties prenantes. Mais, quid des auteurs du putsch ? Sur cette question, Yacouba Isaac Zida s’est voulu rassurant en indiquant qu’une commission d’enquête sera mise en place pour situer les responsabilités. « Suite à cela, ceux qui devront répondre devant la justice répondront », a-t-il dit. « Sinon, rassure encore le Premier ministre, ce n’est pas parce qu’il y a un problème à Kosyam que nous sommes là (Ndlr : Au Premier ministère pour le conseil des ministres). C’est un cadre serein et beaucoup plus tranquille et c’est en attendant que certaines choses se précisent que nous avons préféré être ici, dans un esprit plus serein, pour travailler », a conclu Yacouba Isaac Zida.

Adama SIGUE

 

Augustin Loada, ministre de la Fonction publique, raconte sa séquestration

« Je n’ai pas eu l’occasion d’échanger avec les ravisseurs car c’était vraiment un enlèvement. Mais j’ai pu imaginer, à travers les vociférations de certains d’entre eux, qu’ils en voulaient particulièrement à ma personne et à celle de mon collègue en charge de l’Habitat, René Bagoro, parce qu’ils considéraient que nous étions des ministres juristes et que c’est nous qui donnerions des mauvais conseils aux plus hautes autorités de l’Etat. Ils considéraient que nous serions à la base des dispositions juridiques qui excluraient leurs partisans du jeu électoral. Ils disaient en particulier : « Vous, levez-vous ! C’est vous qui donnez les mauvais conseils ». Alors, j’ai imaginé que c’est en ma qualité de juriste. Nous n’avons pas été victimes de violences physiques, mais nous sommes restés enfermés dans une chambre pendant trois jours et avons passé 48 heures sans manger. Cela relève d’une violence intolérable dans un Etat de droit ».

 


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