PREMIERE ATTAQUE TERRORISTE MEURTRIERE AU BENIN
Les services de renseignement français ne croyaient pas si bien dire : les terroristes qui sévissent au Sahel, ont dans leur plan d’expansion, l’ambition de mettre les pays du littoral dans leur escarcelle. A l’époque où ils faisaient cette mise en garde, peu de gens leur accordaient du crédit. Depuis le 2 décembre, il y a de quoi désormais prendre leur avertissement au sérieux, au Bénin notamment. En effet, dans la nuit du 1er au 2 décembre, ce pays a enregistré sa première attaque terroriste meurtrière. L’évènement s’est déroulé dans le Nord-Ouest du Bénin, près de la frontière du Burkina. Le bilan donné par les autorités fait état de deux soldats tués et de quelques blessés. Ainsi donc, le Bénin vient d’enregistrer sa première attaque terroriste meurtrière sur son sol. Déjà, en 2019, les forces du mal s’étaient signalées dans le pays, en procédant au rapt d’un Américain et d’une Coréenne. Au Burkina également, c’est par le rapt d’un Roumain que les terroristes avait entamé leur processus de mise en coupe réglée du pays. La suite, on la connaît, elle se décline en termes de vies humaines arrachées, de personnes déplacées internes, de maisons et de greniers brûlés par les terroristes et l’on en oublie. C’est pourquoi, dès à présent, le Bénin doit tout faire pour éviter que la vermine ne sanctuarise des zones de son territoire, comme c’est le cas aujourd’hui au Burkina, au Mali et au Niger. Déjà, le danger est réel sur le terrain. Ce constat a été fait par un haut-gradé de l’armée béninoise, après l’attaque. Et ces genres de déclarations sont responsables. Car, cela permet de prendre très vite les mesures qu’impose le péril.
Sans la collaboration des populations, les forces de défense et de sécurité seules seront impuissantes face aux terroristes
En tout cas, Patrice Talon, le président béninois, a du mouron à se faire. Car, les terroristes sont ainsi faits que quand ils prennent pied dans un pays, les en déloger devient pratiquement une tâche impossible. Le Niger, le Mali et le Burkina, sont bien placés pour le savoir ; eux qui sont dans l’œil du cyclone des terroristes depuis plus de cinq ans. D’ores et déjà, les autorités béninoises doivent se rendre à l’évidence que le Bénin, seul, ne peut pas vaincre le terrorisme. C’est pourquoi l’on peut regretter que cette fois-ci, il ne se soit pas associé à l’opération conjointe contre le terrorisme qui vient de s’achever, aux côtés du Burkina, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Togo. C’est le lieu de dire que ces genres d’opérations doivent se multiplier jusqu’à ce que les terroristes se rendent à l’évidence que l’ensemble des pays de la sous-région, est devenu invivable pour eux. Car, il faut le dire, quand les terroristes ont commencé à s’attaquer au Mali, au Niger et au Burkina, des pays du littoral ouest-africain pensaient que c’était une affaire de Sahéliens. De ce fait, ils ne se sentaient nullement concernés. Les faits leur donnent tort aujourd’hui. En effet, la Côte d’Ivoire a été à plusieurs reprises attaquée. La plus emblématique, on se rappelle, a été l’attaque de Grand-Bassam. Puis, le Togo a été à son tour touché. Aujourd’hui, c’est le Bénin qui vient d’enregistrer ses premiers morts du fait du terrorisme. L’autre vérité que les Béninois doivent retenir, en plus de celle selon laquelle le Bénin seul ne peut rien contre le terrorisme, est la suivante : sans l’implication et la collaboration des populations, les forces de défense et de sécurité seules seront impuissantes face aux terroristes. Cela relève aujourd’hui d’une lapalissade au Sahel où, dans certains pays, les terroristes ont réussi pratiquement le tour de force de s’attirer la sympathie voire le soutien de certaines populations. Maintenant que le péril a progressé vers le littoral après avoir gangrené tout le Sahel, des organisations comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ou encore la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) doivent, ici et maintenant, se réveiller. Car, l’on pouvait avoir l’impression qu’elles dormaient pendant que certains pays membres ployaient sous le joug des terroristes, de sorte à faire changer la peur de camp. En tout cas, ce ne sont pas les moyens qui leur manquent. La vraie question est de savoir si la lutte contre le terrorisme préoccupe l’UEMOA et la CEDEAO.
Pousdem PICKOU