HomeA la unePREPARATIFS DU RETOUR DE GBAGBO EN COTE D’VOIRE  

PREPARATIFS DU RETOUR DE GBAGBO EN COTE D’VOIRE  


En Côte d’Ivoire, les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo s’activent pour donner un grand retentissement et un cachet particulier à son retour au pays dont la date n’est pas encore connue. Un retour pourtant annoncé à cor et à cri depuis belle lurette et qui se précise depuis l’acquittement définitif du Christ de Mama par la Cour pénale internationale où il était poursuivi pour crimes contre l’humanité. C’est dans ce sens qu’une délégation de ses partisans du Front populaire ivoirien (FPI), conduite par l’ancien ministre, Assoa Adou, a été reçue, le 30 avril dernier, par le Premier ministre, Patrick Achi, pour échanger sur les modalités du retour au bercail de l’ancien chef de l’Etat. Le 5 mai dernier, c’est le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) de Henri Konan Bédié qui entrait dans la danse, à travers une séance de travail avec les responsables du FPI qui ne jurent que par l’ex-célèbre prisonnier de La Haye, pour voir comment donner une envergure nationale à l’événement. D’ores et déjà, le parti de l’Eléphant promet de mobiliser ses troupes, le grand jour.

 

 

Le retour du Woody est en train de prendre la forme du retour de l’enfant prodigue

 

 

De son côté, l’Etat de Côte d’Ivoire, par la voix du président Alassane Dramane Ouattara (ADO), s’est engagé à prendre en charge les frais de rapatriement de l’ex-pensionnaire de la prison de Scheveningen. C’est dire si ce retour annoncé au bercail de l’enfant terrible de Gagnoa, est un événement qui ne laisse personne indifférent en Eburnie. Mieux, on peut même avoir l’impression que non seulement personne ne veut se laisser conter l’événement, mais aussi et surtout que tout le monde  veut s’impliquer, et de la façon la plus marquante possible.  Résultat : le retour du Woody sur les bords de la lagune Ebrié, est aujourd’hui en train de prendre la forme du retour de l’enfant prodigue dans la Bible, à l’occasion duquel l’on tua le veau gras. Mais au-delà des calculs politiciens qui peuvent se cacher derrière certaines positions, cela est bon pour la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Car, derrière toute cette frénésie, se dessine le rôle central que Laurent Gbagbo est appelé à jouer dans le processus de rapprochement des Ivoiriens. Aussi, en devenant bon gré mal gré, le symbole vivant de cette réconciliation, Laurent Gbagbo prend une revanche sur l’Histoire qui voulait en faire un zéro au lieu d’un héros, certes. Mais toute cette mobilisation en sa faveur, l’oblige aussi à un comportement allant dans le sens de l’apaisement. C’est pourquoi, la sagesse de l’âge aidant, il y a des raisons d’espérer que le septuagénaire leader politique qui reste malgré tout une véritable icône dans son pays, saura se hisser à la hauteur de ce qui se présente déjà pour lui comme un nouveau défi, après sa traversée du désert judiciaire. On en veut pour preuve, la pondération dont il fait montre en appelant à la négociation, depuis son exil européen, lors de la violente crise pré et post-électorale entrant dans le cadre des manifestations anti-troisième mandat de son rival.

 

Gbagbo a l’occasion unique d’être le principal artisan de la réconciliation

 

 

C’est dire si l’homme semble s’être beaucoup assagi, au travers de cette épreuve judiciaire qui l’a visiblement grandi, et qui a contribué aussi à redorer son blason. Si c’est vraiment le cas, c’est tout à son honneur en espérant que la bête politique qui sommeille toujours en lui, ne se réveillera pas par la suite. Car, il faut croire que passée l’euphorie des heures du retour au bercail de Gbagbo, la réalité du terrain va forcément rattraper les Ivoiriens. Et c’est sur ce terrain-là que se jouera véritablement la question de la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Ce sera le moment de la vérité où chacun devra faire la preuve de sa bonne foi, en s’engageant dans ce processus qui appellera, dans les deux camps, les uns et les autres à faire violence sur eux-mêmes pour taire les rancœurs et donner une chance à la paix. Mais quid des parents des victimes des 3000 morts de la crise post-électorale de 2010-2011, qui peuvent se sentir comme les oubliées de l’histoire, si rien n’est fait en leur faveur en termes de réparations ?  En tout état de cause, on peut dire que si la déchirure qui peine encore à se cicatriser n’est pas de la seule responsabilité de Gbagbo, ce dernier a l’occasion unique d’être le principal artisan de la réconciliation en acceptant de servir de fil qui servira à recoudre le tissu social dans son pays, grâce à la main tendue du pouvoir d’ADO.  Et cela n’est pas rien et pourrait même servir sa cause. Sachant que l’ex-locataire du palais de Cocody  n’en a pas encore totalement fini avec les déboires judiciaires, en raison de la condamnation qui est la sienne, devant la Justice ivoirienne, dans le dossier du casse de la BCEAO.

 

« Le Pays »


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