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PRESIDENTIELLE AMERICAINE  


Après s’être prématurément autoproclamé vainqueur d’une élection qui lui a finalement fermé les bras, Donald Trump qui continue de contester la victoire de son rival, le démocrate Joe Biden, à la présidentielle du 3 novembre dernier, n’a pas fini de faire parler de lui. En effet, alors même que dans son propre camp, des personnalités et pas des moindres, ont déjà félicité le gagnant du camp adverse, l’iconoclaste porte-étendard des Républicains à ce scrutin, ne s’avoue toujours pas vaincu. Mieux, en plus de la bataille judiciaire qu’il a lancée dans le mince espoir de retourner la situation en sa faveur,  le locataire de la Maison Blanche semble compter aussi sur la rue dans laquelle il a appelé ses partisans à descendre, pour prolonger son bail à la tête de l’Etat américain malgré le refus manifeste de ses compatriotes, au vu des résultats, de lui renouveler leur confiance dans les urnes. Une attitude qui n’est pas sans rappeler celle des dictateurs du continent, souvent prêts à tout pour s’accrocher au fauteuil présidentiel, y compris par des tours de passe-passe constitutionnels pour s’éterniser au pouvoir.

 

Donald Trump envoie de mauvais signaux aux satrapes du continent

 

 Les derniers cas en date étant ceux de l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara et du Guinéen Alpha Condé, qui n’ont pas résisté à la tentation du troisième mandat qu’ils ont tous deux respectivement obtenu dans les conditions que l’on sait. A la différence que Trump n’est pas à la recherche d’un troisième mandat indu, mais bien d’un deuxième, légal, que lui ont cependant refusé ses compatriotes.  Mais sa hargne à se battre par tous les moyens pour rester à son  poste malgré le verdict cinglant et sans appel des urnes au risque de mettre en péril la paix sociale dans une démocratie aussi vieille que celle des Etats-Unis, en fait une icône parfaite pour les dictateurs africains. En effet, ces derniers dont la caractéristique principale est leur orgueil doublé d’une boulimie du pouvoir sur fond d’ego surdimensionné,  auront désormais bon dos de s’appuyer sur l’exemple trumpien pour continuer leur travail de sape de la démocratie et des règles de l’alternance sur l’autel de leurs intérêts égoïstes. C’est dire si à bien des égards, Donald Trump envoie de mauvais signaux aux satrapes du continent voire au-delà, en continuant de s’accrocher au pouvoir tel un naufragé à sa planche de salut, quand bien même tous les chiffres le donnent perdant. Mais à y regarder de près, on se demande si ce n’est pas ceci qui explique cela, quand on sait que le président américain n’est pas loin de traîner des casseroles qui ne le mettrait pas à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires s’il venait à perdre le parapluie de l’immunité présidentielle. En tout cas, la situation aurait pu prêter à rire si cela ne se passait pas en plein XXIème siècle, aux Etats-Unis d’Amérique réputés être l’un des phares de la démocratie dans le monde. Et si l’exemple doit venir du pays de l’Oncle Sam, c’est peu de dire que par son attitude, Donald Trump donne au contraire des arguments aux dictateurs africains déjà peu enclins à respecter les règles de l’alternance encore moins à quitter de gré leur trône, pour continuer à malmener la démocratie sous nos tropiques.

 

L’exemple de la démocratie américaine doit inspirer les Africains à travailler à avoir des institutions fortes et jalouses de leur indépendance

 

Car, si le fair-play électoral ne doit plus prévaloir au sommet de la pyramide, comment vouloir qu’à la base, il en soit autrement,  avec des pays à la remorque comme ceux du continent africain où pullulent des despotes de tous poils, rendant du même coup difficile la possibilité d’avoir des élections propres et apaisées ?  C’est en cela que l’attitude de Trump tend à conforter les dictateurs africains dans leur position de fossoyeurs de la démocratie sur un continent encore à la recherche de ses marques. Et en mettant en péril la paix sociale à travers son appel à ses partisans à descendre dans la rue, il fait preuve d’une irresponsabilité qui n’est pas sans rappeler celle des satrapes du continent prêts à brûler leur pays pour parvenir à leurs fins. Mais fort heureusement, il y a des raisons de croire que c’est un projet qui a peu de chances de prospérer aux Etats-Unis, même s’il n’est pas exclu que son appel puisse trouver écho auprès de certains fanatiques qui ne sont pas loin de paraître comme du « bétail électoral ». En tout état de cause, autant, au crépuscule de son règne, Donald Trump pourrait inspirer les dictateurs africains dans sa volonté de s’accrocher au pouvoir par tous les moyens, autant l’exemple de la démocratie américaine qui est en train de donner une leçon d’humilité à son président dont on se demande s’il ne se croit pas sorti de la cuisse de Jupiter, doit inspirer les Africains à travailler à avoir des institutions fortes et jalouses de leur indépendance, seuls remparts crédibles contre les prédateurs de la démocratie sur le continent, qui se comptent malheureusement de plus en plus parmi ceux-là mêmes qui étaient censés en être les fervents défenseurs.

 

 « Le Pays »

 


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