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PRESIDENTIELLE BURUNDAISE : La persistance diabolique de NKurunziza


A vingt-quatre heures de la présidentielle au Burundi, le climat sociopolitique reste toujours tendu. En effet, le dialogue qui venait d’être relancé sous les auspices du médiateur mandaté des Etats de l’Afrique de l’Est, Yoweri Museveni, a été rompu. En cause : le camp présidentiel qui, ne voulant pas entendre parler d’un probable report du scrutin, accuse l’opposition de vouloir fomenter un coup d’Etat. Cela fait suite à la signature par plusieurs partis d’opposition, d’un document prévoyant la mise en place d’un Conseil national pour la restauration des accords d’Arusha. Cette déclaration d’intention donne rendez-vous à toutes les forces d’opposition de l’intérieur comme de l’extérieur, à Addis-Abeba, en Ethiopie. Devenu depuis peu paranoïaque, le pouvoir burundais ne voit pas d’un bon œil cette initiative qui, selon lui, s’apparente beaucoup plus à une entreprise de déstabilisation qu’à une simple volonté de « sauver la démocratie ». Ainsi se comportent les dictateurs. Quand ils sont aux abois, ils abhorrent toute initiative citoyenne contre les intérêts de leur pouvoir, de peur que celle-ci se retourne contre eux. C’est le cas du président Pierre NKurunziza qui a décidé de défier tout le monde en organisant une présidentielle dans un contexte d’insécurité, sur fond de haine et de violences tribales. A preuve, nombreux sont les hauts cadres de l’appareil d’Etat, proches de NKurunziza qui, pour sauver leur peau, ont fui le Burundi pour trouver refuge dans d’autres pays, et cela, pour n’avoir pas voulu cautionner la forfaiture du maître de Bujumbura qui, à l’analyse, semble servir de cobaye à bien de ses pairs de la région des Grands Lacs et de l’Afrique centrale dont certains vont jusqu’à l’encourager et le soutenir dans son projet de 3e mandat. En tout cas, ce n’est pas Paul Biya du Cameroun, Denis Sassou NGuesso du Congo Brazza encore moins le médiateur Yoweri Museveni de l’Ouganda, sans oublier le voisin Paul Kagamé du Rwanda, qui diront le contraire ; eux qui, dans leurs pays respectifs, font feu de tout bois pour s’accrocher ad vitam aeternam au pouvoir. Le ton en a même déjà été donné à Kigali et à Brazzaville où les changements constitutionnels sont imminents.

La communauté internationale a une grande part de responsabilité dans la tragédie qui se joue actuellement au Burundi

C’est dire que Pierre NKurunziza n’est pas le seul dans sa lutte contre la démocratie et l’alternance. Il bénéficie de soutiens directs et indirects. Et c’est sans coup férir qu’il remportera la présidentielle de demain ; puisque trois des quelques rares partis qui avaient décidé de l’y accompagner, viennent de tourner casaque. Ils estiment que les conditions ne sont pas réunies pour une élection crédible et transparente. Ce qui pose du coup un problème de légitimité pour ces élections. Car que vaut une présidentielle à laquelle ne prend part qu’un seul candidat, qui plus est, est le candidat du parti au pouvoir ? Que vaut un scrutin qui se déroule dans un contexte de peur généralisée, avec en sus des cadavres sur le carreau ? Autant de questions que l’on est en droit de se poser et auxquelles le président NKurunziza ne se gênera pas d’apporter les éléments de réponse les plus fantaisistes ; lui qui, visiblement aveuglé, se moque de sa légitimité comme d’une guigne. Toutefois, la communauté internationale doit se le tenir pour dit : elle a une grande part de responsabilité dans la tragédie qui se joue actuellement au Burundi. Car, par sa passivité, elle donne l’impression d’avoir pris fait et cause pour le dictateur NKurunziza au détriment du peuple burundais qui, depuis plus de deux mois, souffre le martyre. Face aux errements et à la persistance diabolique de NKurunziza, , il est temps que l’Union africaine et les Nations unies prennent leurs responsabilités si elles ne veulent pas, après coup, être contraintes de jouer les pompiers. Comme dans le cas rwandais.

Boundi OUOBA


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