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PRESIDENTIELLE EN PERIODE DE COVID-19


Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a initié une rencontre avec les Hommes de médias. Rencontre qui a porté essentiellement sur l’impact du Covid-19 sur le processus électoral et la sécurité nationale. C’était du 29 au 30 avril 2020, à Ouagadougou.

Au Burkina Faso, les élections couplées présidentielle et législatives sont prévues pour se tenir le dimanche 22 novembre sur toute l’étendue du territoire. Cependant, l’apparition de la pandémie à coronavirus en mars dernier, a amené l’Etat burkinabè à prendre un certain nombre de mesures en vue de stopper sa propagation au sein de la population, notamment l’interdiction des regroupements de plus de 50 personnes, une distanciation d’un mètre entre les personnes, la mise en quarantaine des villes ayant au moins 1 cas positif du Covid-19, la suspension des campagnes d’enrôlement. A ces mesures, s’ajoute le report de toutes les cérémonies d’envergure nationale et même internationale. Face à toutes ces mesures, et à quelques mois des élections couplées, la question que bon nombre de Burkinabè se posent, c’est de savoir si les élections ne seront pas à leur tour reportées, compte tenu de la menace sanitaire qui plane sur le pays. A ce sujet, que prévoit la loi, pour un éventuel report des élections à une date ultérieure ? Que dit la Constitution burkinabè ? C’est sur ces questions qu’a porté la communication du professeur Djibrina Ouédraogo, Enseignant chercheur en droit public, lors de la rencontre initiée les 29 et 30 avril dernier par le CGD. A en croire le Pr, juridiquement parlant, « il est possible » de reporter les élections, compte tenu de la situation sanitaire que traverse le pays. Néanmoins, ce dernier a reconnu que ce report va poser un certain nombre de problèmes. L’un des premiers problèmes, d’après lui, c’est le sort du mandat du président du Faso si toutefois ces élections sont reportées, vu qu’il est élu pour 5 ans, renouvelable une fois. Ensuite, selon toujours l’enseignant chercheur, contrairement au mandat des députés où la constitution prévoit en son article 81 alinéa 2, « qu’il y a cette possibilité que le mandat des députés soit prolongé d’une année en cas de force majeure ou de nécessité», pour l’élection présidentielle, « la Constitution n’envisage pas ce report ». Face à cette situation, plusieurs scénarios peuvent, d’après l’enseignant chercheur, être envisagés si le rendez-vous de l’élection présidentielle n’est pas honoré. Parmi les scénarios qui ont été esquissés par Djibrina Ouédraogo, c’est que le mandat du président soit prolongé, afin d’attendre la fin du Covid-19. « Mais là, il faut que les différents acteurs politiques puissent s’asseoir pour adopter une solution consensuelle », a-t-il laissé entendre. Un autre scénario possible, d’après l’homme de droit, c’est la mise en place d’une transition. « Dans le cadre de cette transition, s’inscrit la question de l’organisation éventuelle d’un gouvernement d’union nationale. Tous ces scénarios doivent faire l’objet de consensus politique », a-t-il suggéré. Et selon lui, pour l’adoption d’un quelconque scénario, un autre acteur qui est prévu par la Constitution doit intervenir pour donner une assise juridique, notamment le Conseil constitutionnel. Outre cela, l’enseignant chercheur craint également qu’il y ait des menaces sur le respect du calendrier électoral, notamment des menaces matérielles et financières. « Pour ce qui est de la première menace, la première chose que fait la CENI pour pouvoir organiser des élections, c’est d’établir un fichier électoral. Et l’établissement de ce fichier passe par l’enrôlement des électeurs. Or, le président du Faso, lors de sa première sortie sur les mesures, a décidé de l’arrêt des enrôlements, en vue d’éviter les regroupements », a-t-il dit. Il y a aussi des obstacles financiers, selon lui. « Pour organiser des élections, il faut impérativement y mettre les moyens et tout le monde sait que le président a adopté des mesures qui, finalement, font que l’Etat a déjà fait beaucoup d’efforts financiers en renonçant à recouvrir quelques recettes. L’Etat a décidé de payer les factures d’eau et d’électricité des populations. Tout cela fait un gros sacrifice qui fait qu’on se demande où est-ce qu’il pourra aller chercher l’argent pour venir organiser des élections. Il est vrai que les élections s’organisent avec le soutien des partenaires extérieurs, mais on se rend compte que ces mêmes partenaires ont dû engager des sacrifices pour pouvoir faire face à la maladie également », a-t-il laissé entendre. Un autre thème abordé lors de cette rencontre avec les Hommes de médias était celui de l’impact du Covid-19 sur la sécurité nationale. Ce thème, c’est le Dr Emile Ouédraogo, ancien ministre de la Sécurité, par ailleurs enseignant associé au Centre d’étude stratégique de l’Afrique à Washington. Dans sa communication, il a confié que certes, le Covid-19 est bien présent mais, « il ne faudrait pas non plus oublier le terrorisme qui était présent bien avant le Covid-19 et qui fait aussi des dégâts ». « Le coronavirus et le terrorisme sont deux menaces essentielles à la sécurité du Burkina Faso. Ces deux menaces ne peuvent pas être dissociées », a-t-il dit. Selon lui, il ne faudrait pas privilégier l’un par rapport à l’autre. « Mais ce qu’il faudrait sûrement retenir, c’est que le coronavirus est venu trouver d’abord le terrorisme.  Ce terrorisme a profité du coronavirus pour pouvoir mieux s’implanter et renforcer ses positions. Nous ne devons pas attendre la fin du coronavirus pour attaquer ce problème de terrorisme. Nous sommes malheureusement contraints à mener le combat sur deux fronts », a déclaré l’ancien ministre.

Frédéric TIANHOUN
(Collaborateur)


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