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 PRESIDENTIELLE EN RDC


De quelle stratégie dispose encore l’opposition congolaise pour ne pas mordre la poussière ?

L’accord de Genève, c’est connu, n’aura duré que le temps d’un feu de paille. En effet, moins de 24 heures  après avoir apposé  leurs signatures respectives sur le document scellant la candidature unique pour l’opposition congolaise à l’élection présidentielle prochaine,  Félix Tshisékédi  de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et Vital Kamérhé de l’Union nationale des Combattants (UNC), l’un après l’autre, se sont dédits. Même si la scène politique africaine est coutumière de pareils retournements de veste, l’on ne peut s’empêcher de  s’interroger sur les mobiles de ce divorce que l’on peut inscrire dans le livre des records Guinness.

Officiellement, les frondeurs avancent deux arguments pour expliquer leur volte-face que certains analystes ont mis sur le compte de l’immaturité politique. 

L’échec de l’accord de Genève prouve que les acteurs de l’opposition congolaise sont indignes de confiance

En effet, alors que l’un fustige le mode de désignation du candidat unique, l’autre argue du fait que l’accord a été mal accueilli par sa base. Les raisons avancées, comme l’on peut s’en douter, ne peuvent résister à aucune analyse sérieuse. Et pour causes. D’abord, en parlant des deux personnages, l’on ne peut, après s’être prêté  au jeu jusqu’au bout, se plaindre après coup de quoi que ce soit. Sans nul doute leurs réactions auraient été tout autres, si l’un des deux frondeurs avaient été désigné candidat unique de l’opposition. Ensuite, l’on peut supposer que, c’est munis du mandat de leurs bases auxquelles ils ont régulièrement rendu compte pendant toute la

durée des pourparlers,  que les leaders des différentes formations politiques ont pris part aux négociations et ont signé l’accord.  C’est dire toute la mauvaise foi dont font montre Tshisékédi et Kamérhé qui ont visiblement négocié le poignard bien dissimulé dans le  dos pour déchiqueter un accord qu’ils jugent défavorable.  Les arguments avancés ne sont donc que des alibis qui cachent mal des mobiles plus profonds.

Le premier de ces mobiles que l’on peut qualifier d’inavoués, est l’ego surdimensionné des différents acteurs de la scène politique congolaise sur fond de calculs personnels. Durant toute la durée de la transition, cette situation n’a cessé  d’alimenter  les divisions au sein de l’opposition et il avait fallu tout le charisme du Sphinx de Limete, le défunt Etienne Tshisékédi, pour tempérer les ardeurs des uns et des autres. Mais la disparition du vieux lion a ravivé les tensions dont l’une des manifestations est cet accord mort-né de Genève. L’autre raison et non des moindres du vol en éclats de cet accord, ce sont sans nul doute les manœuvres en sous-main du président Joseph Kabila. Même s’il est difficile de trouver les preuves de son implication dans cette affaire, l’on peut difficilement imaginer qu’il ait assisté, de loin, les mains croisées, à ces négociations où se jouaient en partie sa sortie de scène. Des mallettes d’argent  ont probablement circulé et ont

favorisé la liquéfaction de l’accord.

Quoi qu’il en soit, l’échec de l’accord de Genève prouve que les acteurs de l’opposition congolaise sont indignes de confiance car non seulement ils n’ont pas le sens de la parole donnée, mais pire, ils sont incapables de s’élever au-dessus de leurs

intérêts personnels pour viser le bien commun. Et cela devrait constituer un avertissement sans frais au peuple congolais. Car, ces gens-là au pouvoir, ne travailleront pas pour l’intérêt national tout comme ils ne seront pas bons démocrates en acceptant les résultats d’un scrutin qui devrait préparer un jour leur départ du pouvoir.

L’opposition congolaise n’aura personne pour la pleurer

Maintenant que les acteurs de l’opposition ont décidé de faire mentir le dicton selon lequel « l’union fait la force », l’on peut se demander de quelle stratégie ils disposent encore pour ne pas mordre la poussière face au candidat du parti au pouvoir.

Car l’on peut penser qu’ils peuvent encore compter sur la soif d’alternance des Congolais. En effet, toute la durée du bonus que s’est gracieusement octroyé le président Joseph Kabila, ni la barbarie de la répression qui a coûté la vie à des dizaines de Congolais ni les manœuvres de diversion et de division de l’opposition, ne sont venues à bout de cette inextinguible  soif  d’alternance. Mais encore faut-il que les candidats de l’opposition puissent trouver les moyens de la canaliser à leur profit. Mais comment, après s’être à ce point décrédibilisés ? Autre facteur dopant, l’on peut penser que les opposants vont puiser l’énergie au plus profond de leurs tripes pour prouver à l’opinion nationale et internationale qu’elle a eu tort de vouloir miser sur une candidature unique de l’opposition. Mais ces quelques atouts feront-ils le poids face au dauphin du président sortant ?

Rien n’est moins sûr. Car en plus de disposer de la bienveillance des institutions électorales et de l’appareil d’Etat, le parti au pouvoir a l’impérieux devoir de gagner les élections pour protéger la retraite de son champion et qui sait, préparer son retour. Une chose est certaine : l’opposition congolaise n’aura personne pour la pleurer si elle se casse les dents à l’issue de la compétition électorale à venir. Quant au peuple congolais, il a, à travers la mort de l’accord de Genève, définitivement la preuve que la classe politique présente ne peut porter ses espoirs et qu’il lui faut travailler en urgence, à l’émergence d’une nouvelle élite politique.

En attendant, c’est le pouvoir qui se frotte les mains. A 10 jours de la campagne présidentielle, l’opposition lui a ouvert un large boulevard et il compte bien en profiter car il a déjà appelé tous les déçus par  l’opposition congolaise,  à le rallier.

« Le Pays »


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