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PRESIDENTIELLE NIGERIENNE


Le 27 décembre dernier, les Nigériens et les Nigériennes se sont rendus aux urnes pour élire le président de la République et les 116 nouveaux députés  qui composeront l’Assemblée nationale. Ainsi, le Niger referme la porte de l’avalanche électorale qui a caractérisé l’année 2020 dans la sous-région ouest-africaine. Et contrairement à ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire ou encore en Guinée, où les scrutins ont été entachés de violences meurtrières consécutivement à la contestation du 3e mandat brigué par Alassane Ouattara et Alpha Condé, tout porte à croire que la démocratie sortira par le haut à l’occasion du double scrutin au pays de Hamani Diori. Le mérite certes revient au peuple nigérien, mais le comportement du président sortant, Mahamadou Issoufou, y est pour quelque chose dans cette embellie démocratique. En effet, ce dernier a accepté volontiers de se plier à la Constitution de son pays au terme de son 2e mandat.

 

On peut rendre hommage à Mahamadou Issoufou

 

De ce fait, il ouvre la voie à l’alternance démocratique au Niger. Et ce sera la première fois qu’un président civil passera la main à un autre président civil par les urnes. C’est pourquoi l’on peut rendre hommage à Mahamadou Issoufou pour l’ensemble de ses œuvres en faveur de la démocratie dans son pays. Cela dit, la grande question est de savoir qui des 29 candidats en compétition, l’emportera. Dans les pronostics, 4 personnalités reviennent fréquemment. Commençons par la personnalité qui semble avoir la faveur des pronostics, c’est-à-dire Mohamed Bazoum. Ce dernier se présente pour la première fois à la présidentielle mais il a l’avantage d’être le dauphin de Mahamadou Issoufou. Cette qualité fait de lui un candidat sérieux. Car, l’image et le bilan de son mentor plaident pour lui. Pour autant, personne ne peut prendre le risque de dire qu’il remportera haut la main la compétition. Car, il a en face trois candidats qui sont loin d’être des poids plume. Il s’agit de Salou Djibo, l’ancien chef de la junte militaire qui a fait tomber le président Mamadou Tandja. C’était le 21 février 2009. Le deuxième candidat de poids est Albadé Abouba. Comme le président sortant, ce dernier est originaire de la région de Tahoua. Le troisième candidat susceptible de donner du fil à retordre à Mohamed Bazoum, est l’ancien président, Mahamane Ousmane. Ce dernier est d’autant plus redoutable qu’il vient de bénéficier du soutien de l’enfant terrible de la politique nigérienne, c’est-à-dire Hama Amadou. L’un dans l’autre, l’on peut dire que le jeu reste ouvert, et c’est tant mieux pour la démocratie. En tout cas, le Niger est coutumier du fait suivant : aucun chef de l’Etat n’est, jusque-là, parvenu à se faire élire dès le premier tour. Cette tradition aussi est tout bénef pour la démocratie nigérienne. Naturellement, les terroristes ne digèrent pas cela si fait qu’ils peuvent s’inviter à ce grand rendez-vous de la démocratie comme ils l’ont déjà fait à Toumour, près du Nigeria, à l’occasion des dernières élections locales. L’insécurité reste donc un grand défi à relever pour la personnalité qui succèdera à Mahamadou Issoufou.

 

Les Nigériens comptent beaucoup sur ce double scrutin

 

En tout cas, les Nigériens nourrissent l’espoir que le nouveau président fera tout pour venir à bout du terrorisme, tant ce fléau hypothèque l’avenir de leur pays. Le deuxième grand défi à relever est celui de la lutte contre la pauvreté. Le Niger, on le sait, est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Et ce triste score est l’une des conséquences du très fort taux de natalité qui caractérise le pays. Chaque femme nigérienne fait, en effet, sept enfants en moyenne. Ce boom démographique annihile les efforts de développement réalisés par les régimes qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’indépendance. Tant que ce défi ne sera pas relevé,  le Niger aura du mal à se positionner sur la voie du développement. Mais, il faut avouer que le combat sera difficile à gagner parce que les pesanteurs socio-culturelles sont encore fortement ancrées dans la société nigérienne. Le dernier défi à relever est lié à la corruption. Ce fléau a la peau dure au Niger si fait que l’en extirper s’apparente à une gageure. Mahamadou Issoufou s’y est essayé. Mais il n’a pas atteint les effets escomptés. Son successeur a l’obligation de poursuivre la lutte pour autant qu’il veuille tirer le Niger vers le haut de manière significative. En tout cas, les Nigériens comptent beaucoup sur ce double scrutin pour arrimer davantage le pays à la démocratie. Au moment où nous traçions ces lignes, il n’y avait rien de particulier à signaler. Et tout le mal que l’on puisse souhaiter aux Nigériens, c’est que la dynamique soit maintenue jusqu’à la fin du processus électoral. Avant la tenue du double scrutin, la campagne électorale s’est faite de manière apaisée. Et c’était un motif de satisfaction. Gageons que la publication des résultats se fera dans le même climat et que le meilleur gagnera.

 

« Le Pays »

 

 

 


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