PRESIDENTIELLE TUNISIENNE
La présidentielle tunisienne aura lieu le 15 septembre prochain. La campagne qui a débuté le 2 septembre dernier, prendra fin aujourd’hui même, 13 septembre 2019. Pendant donc près de deux semaines, les 26 candidats en lice, sont allés à la conquête des électeurs à qui ils ont vendu leurs projets de développement respectifs. Mais ce qui retient le plus l’attention de l’opinion, c’est que l’un des 26 candidats, qui ne compte pas pour du beurre, a mené campagne depuis sa cellule de prisonnier. Il s’agit, pour ne pas le nommer, de Nabil Karoui, homme d’affaires et magnat des médias, qui a été arrêté le 23 août dernier et inculpé de «blanchiment de capitaux». Comment s’y prendra-t-il ? Difficile d’y répondre. Pour le moins, on sait que Nabil Karoui est présenté comme un candidat très sérieux capable de tailler des croupières au Premier ministre Youssef Chaheb en lice aussi pour la succession de Béji Caïd Essebsi décédé en fin juillet dernier. En tant qu’homme d’affaires, Nabil Karoui, à ce qu’on dit, a su séduire les couches défavorisées. Alors, que se passera-t-il si au soir du 15 septembre prochain, il est élu président de la République ? Dirigera-t-il le pays depuis sa cellule de prisonnier ? Ou alors, sera-t-il immédiatement blanchi pour rejoindre le palais de Carthage ? Autant de questions que bien des Tunisiens se posent pour l’instant.
La Tunisie n’a pas le droit de décevoir
Certes, comparaison n’est pas raison, mais le cas Nabil Karoui rappelle mutatis mutandi, celui de l’opposant nigérien Hama Amadou qui, à la derrière présidentielle, avait aussi battu campagne depuis sa cellule de Filingué dans la région de Tillabéri au Niger, d’où il avait réussi à mettre en ballotage le président Mahamoudou Issoufou. Assistera-t-on au même scénario ? On attend de voir. Toujours est-il que la présidentielle du 15 septembre promet d’être très serrée, surtout que Ennahda, pour la première fois de son histoire, a décidé d’aligner un candidat ; ce parti qui, d’ordinaire, misait sur les législatives. Rappelons que depuis la Révolution du Jasmin qui a instauré un nouvel ordre en Tunisie, c’est la première fois que la présidentielle se déroule avant les législatives ; le calendrier électoral ayant été chamboulé suite au décès du président Essebsi. C’est dire si ce premier tour sera très déterminant pour les législatives du 6 octobre prochain. Reste à souhaiter que prévale à tout prix l’esprit de fair-play pour que tout se déroule dans la sérénité et la transparence. La Tunisie, longtemps présentée comme un exemple de démocratie dans le Maghreb, n’a pas le droit de décevoir. Surtout que contrairement à d’autres pays africains, elle a réussi à faire fonctionner normalement les institutions après la mort du président Essebsi
B.O