HomeA la unePRESTATION DE SERMENT DE NKURUNZIZA SUR FOND DE TERREUR AU BURUNDI : Le mal n’aime pas la lumière

PRESTATION DE SERMENT DE NKURUNZIZA SUR FOND DE TERREUR AU BURUNDI : Le mal n’aime pas la lumière


Avec les assassinats ciblés de personnalités, qui sont venus s’ajouter à une situation sécuritaire déjà chaotique, la capitale burundaise vit dans la terreur, depuis le forcing électoral toujours contesté du président sortant, Pierre Nkurunziza. Ainsi, entre fouilles, perquisitions, arrestations et assassinats, Bujumbura vit dans la peur. Et à l’état actuel de la situation, personne ne peut prétendre être à l’abri, si fait que les habitants limitent leurs déplacements. Car, tout peut arriver à tout le monde et à tout moment, y compris à Nkurunziza lui-même. C’est ce qui justifie certainement que contre toute attente et à la surprise générale, Nkurunziza ait précipité, hier, sa prestation de serment, initialement prévue pour le 26 août prochain, comme pour conjurer un certain sort. Cette prestation de serment, faut-il le rappeler, a eu lieu en catimini. Comme le voleur qui, conscient de la laideur de son acte, emporte son butin en toute discrétion. A-t-on déjà vu le mal aimer la lumière ?

La communauté internationale doit envisager une réplique  à la hauteur de l’entêtement de Nkurunziza

Cette prestation de serment intervient au moment même où les protagonistes sont décidés à se rendre coup pour coup. En effet, à la suite de l’assassinat en début de ce mois du numéro 2 du régime, le Général Adolphe Mshimirimana, l’on a enregistré le lendemain une tentative d’assassinat du fervent militant des droits de l’homme, Pierre-Claver Mbonimpa, et l’élimination physique du colonel Jean Bikomagu une dizaine de jour plus tard, tous supposés appartenir au camp des contestataires.

Mardi dernier, ce sont quatre membres du parti présidentiel soupçonnés d’être des indics de la police, qui ont été tués par des hommes non identifiés. Preuve, s’il en était encore besoin, que petit à petit, l’on est en train de glisser insidieusement vers une guerre civile au Burundi. Et c’est peut-être ce que recherche Nkurunziza pour qui une telle situation serait pain bénit pour conférer une certaine légitimité à son mandat controversé. Mais rien ne dit qu’une telle situation ne pourrait pas évoluer en guerre ethnique, tant les signaux de certains rapprochements sont inquiétants, à l’image du retournement spectaculaire du principal opposant Aghaton Rwasa, qui, comme par hasard, appartient à  l’ethnie majoritaire hutu comme le président Nkurunziza.

C’est pourquoi la communauté internationale doit faire preuve d’anticipation et voler au secours du peuple burundais. Pour cela, elle doit cesser le jeu de l’hypocrisie et envisager une alternative énergique contre Nkurunziza. En réponse au coup de force de ce dernier contre la Constitution de son pays et les accords d’Arusha, contre l’avis de l’Union africaine (UA), contre l’avis de l’Union européenne, contre les principes démocratiques universels tout court, la communauté internationale doit envisager une réplique  à la hauteur de l’entêtement de l’homme. Autrement, l’attitude de la communauté internationale ne sera ni plus ni moins que de la non-assistance à peuple en danger, face au massacre auquel on assiste au Burundi. Car, chaque jour, ce sont des vies innocentes qui sont sacrifiées, pour qu’un seul homme demeure éternellement au pouvoir. Dans ces conditions, l’on ne voit pas comment Nkurunziza quittera le pouvoir dans cinq ans. Il est allé trop loin pour reculer comme nous l’indiquions dans notre édition du 20 août dernier. Et tout porte à croire que le pouvoir est en passe de devenir sa seule assurance- vie, une carapace sous laquelle il espère échapper à tout jugement de l’histoire. C’est dire si le peuple burundais est pris en otage.

Si Nkurunziza avait été visionnaire, il aurait depuis longtemps rendu le tablier. Mais son entêtement suicidaire l’a entraîné dans une voie de non-retour. Dans ces conditions, une guerre civile serait une bonne affaire pour lui.

L’UA se garde de cautionner un acte qu’elle a fermement condamné

C’est pourquoi, au nom du devoir d’ingérence humanitaire, la communauté internationale doit activer tous les mécanismes coercitifs dont elle dispose pour arrêter le boucher de Bujumbura.  Et ce ne sont pas par des menaces qu’elle y parviendra, mais plutôt par des actes forts. Car il y a bien longtemps que le  pasteur-président ne croit plus en aucun évangile sinon au sien propre. Et un faible engagement de la communauté internationale le renforcerait dans ses convictions. Cela dit, pour une fois, il faut tirer son chapeau à l’UA qui a fait preuve de cohérence en déclinant l’invitation de la présidence burundaise à participer à la prestation précipitée de serment de Nkurunziza, au moment où les chancelleries européennes s’y faisaient tout de même représenter. Ce faisant, l’UA se garde de cautionner un acte qu’elle a fermement condamné dès le départ. Et cela est positif, car Nkurunziza ne comprend que le langage de la fermeté. Ce n’est surtout pas en faisant preuve de mollesse en le caressant dans le sens du poil, qu’il reverra sa copie. Dans tous les cas, les conditions de sa prestation de serment en catimini, en l’absence de tout chef d’Etat étranger, en disent long sur son état d’esprit et sur celui de son entourage. Tous semblent gagnés par la psychose. En tout cas, ces conditions sont symptomatiques de la fébrilité et du manque de sérénité qui règnent dans ses propres rangs.

Mais Nkurunziza a beau essayer d’accélérer le cours de l’histoire, il n’échappera pas à son destin qui est celui de tout dictateur, à savoir la déchéance dans l’humiliation. Malheureusement, il aura, entre-temps rouvert pour son peuple, les portes de l’enfer difficilement refermées par les accords d’Arusha. Pendant combien de temps les Burundais vivront-ils une telle situation ? Là est toute la question.

« Le Pays »


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