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PRESTATION DE SERMENT DE PAUL HENRI DAMIBA


Comme le prévoit la Constitution, le lieutenant-colonel Sandaogo Paul Henri Damiba prêtera serment devant le Conseil constitutionnel, demain, 16 février, comme président du Faso. La Constitution ayant été rétablie, il convient donc de respecter ses dispositions et la prestation de serment sera une consécration officielle et juridique de Paul Henri Damiba comme président du Faso. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), qui a pris le pouvoir par les armes, le 24 janvier dernier, cherche donc à s’entourer de précautions juridiques nécessaires pour tenter de rassurer la population et aussi donner des gages de bonne volonté à la communauté internationale dont la bienveillance est nécessaire pour la stabilité du régime, et aussi pour la sécurité du pays et le maintien d’un certain dynamisme économique. Pour ne parler que de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), cela permettra de mettre en avant le souci du respect de la légalité républicaine et d’être en meilleure posture pour plaider contre la prise éventuelle de sanctions contre les membres du MPSR et contre le pays. Il convient cependant de noter que quelques observations peuvent être relevées. Si la Constitution prévoit la prestation de serment, c’est pour un président élu par ses concitoyens et non pour celui qui le serait devenu par la force des armes, même si le coup d’Etat du MPSR a été acclamé par bien des Burkinabè.

 

 

Les préoccupations essentielles des populations restent la sécurisation du pays

 

 

D’ailleurs, la Constitution prohibe les coups d’Etat et prescrit la désobéissance civile comme moyen d’y faire échec. Il peut donc être surprenant de voir le Conseil constitutionnel, garant du respect de la Constitution, recevoir le serment de quelqu’un qui est parvenu au pouvoir par la force, en violation même de la même Constitution. Il est vrai que, sous la Transition, Michel Kafando qui était devenu président à la suite de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, avait aussi prêté serment sans avoir été élu. Mais c’était après l’adoption de la Charte de la Transition et par égards à ladite Charte. On peut donc se demander s’il n’était pas préférable pour le président Damiba, d’attendre l’adoption d’une éventuelle Charte de la Transition avant de prêter serment. Cela aurait paru plus logique. La prestation de serment était-elle même nécessaire ? Le président Damiba ayant pris le pouvoir par la force, et ayant fait adopter un Acte fondamental donnant les grandes orientations du MPSR en matière de gouvernance, aurait pu se passer de la Constitution et des acrobaties juridiques, et assumer pleinement la responsabilité de l’exercice du pouvoir d’Etat, et en être entièrement comptable. Cela aurait eu le mérite de plus de clarté, de lisibilité et de traçabilité de l’action du MPSR à l’heure du bilan. Toutefois, pour l’heure, toutes ces interrogations sont loin des préoccupations essentielles des populations, qui restent la sécurisation du pays, le recouvrement de l’intégralité du territoire et le retour des déplacés dans leurs localités respectives avec des mesures d’accompagnement. C’est ce qui a motivé la prise du pouvoir par le MPSR et c’est sur ces points que le MPSR et son président seront jugés, prestation de serment ou pas. Or, les terroristes viennent de défier insolemment le MPSR et son président en organisant, le 12 février dernier, une séance de prêche publique de près de deux heures, non loin de Bittou, dans le Centre-Est, la région d’origine du président Damiba. Etant connu pour être un grand baroudeur, on espère que dans les tout prochains jours, le président Damiba saura leur donner la réplique adéquate.

 

Apolem

 

 


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