HomeA la unePRIMAIRES DE LA DROITE ET DU CENTRE EN FRANCE : Sarkozy récolte ce qu’il a semé

PRIMAIRES DE LA DROITE ET DU CENTRE EN FRANCE : Sarkozy récolte ce qu’il a semé


 

Plus que la victoire de son ancien Premier ministre, François Fillon, c’est la défaite de Nicolas Sarkozy qui défraie la chronique au lendemain des primaires de la droite et du centre en France, survenues le 20 novembre 2016. La pilule que représentent les  résultats de ces primaires, une première pour la Droite et le Centre français, est  bien amère pour les Sarkozystes. Fillon qui remontait en flèche dans les sondages depuis un certain temps, a confirmé sa forme. Alain Juppé qui a longtemps fait la course en tête arrive 2e et composte son ticket pour le 2nd tour de ces primaires qui aura lieu dimanche prochain. Nicolas Sarkozy n’aura donc pas la chance d’aller à la reconquête de l’Elysée en 2017. Les électeurs n’ont pas voulu lui concéder ce plaisir. C’est sans doute une déroute politique pour l’enfant terrible de la Droite française. Il faut dire que Sarkozy récolte ce qu’il a semé. Car l’ancien chef de l’Etat français s’est fait des adversaires un peu partout. Lorsqu’il tenait le bâton de commandement et même après, il a traité ses coéquipiers comme des moins que rien. Lui seul était de taille à décider, à gouverner.

Sarkozy prenait un malin plaisir à regarder les autres de haut

Son ancien Premier ministre, qui a fait l’objet de ses railleries, peut savourer son triomphe. Il aura terrassé son ancien mentor qui l’a longtemps sous-estimé. Du reste, cette attitude de suffisance vis-à-vis des autres a toujours été en filigrane dans les rapports de Sarkozy alors président, avec ses pairs, surtout ceux du continent africain. En effet, alors qu’il était au pouvoir, il faisait montre d’un paternalisme de mauvais aloi à l’endroit notamment de ses homologues du précarré français en Afrique. Il prenait un malin plaisir à regarder les autres de haut. On a en mémoire le comportement qu’il a eu dans l’affaire dite de l’ « Arche de Zoé » où il a fait savoir qu’il irait chercher les Français accusés de tentative d’enlèvement d’enfants au Tchad, « quoi qu’ils aient fait ». Ce fut un comportement pas du tout diplomatique, une méprise vis-à-vis des autorités politiques et judiciaires du Tchad, mais aussi des règles de droit et de l’éthique. Aussi, Sarkozy, alors qu’il avait le vent en poupe, n’avait-il pas hésité à arracher avec mépris, le parti et le pouvoir des mains de ses aînés politiques. Ce ne sont pas Jacques Chirac et ses sympathisants qui diront le contraire. En effet, l’ancien président français a été littéralement bousculé, poussé sur le bas-côté de la route par son ancien ministre de l’Intérieur dans sa course au pouvoir. Sans ménagement, sans la moindre politesse. Cela aussi, se paie cash. Les proches et les sympathisants de Chirac qui n’ont jamais digéré cette façon « arrogante » avec laquelle le candidat Sarkozy s’est débarrassé du « vieux » Chirac, ont certainement trouvé dans ces primaires, une occasion de prendre quelque peu leur revanche. L’ego surdimensionné de Sarkozy lui a donc joué des tours. Et ce n’est pas que cela. En effet, à côté de cette suffisance notoire, Nicolas Sarkozy, comme on le sait, est cité dans bien des dossiers judiciaires dont des affaires de soupçons de financements occultes de sa campagne. A ce niveau, on peut dire que Paul Bismut -nom d’emprunt que Sarkozy se serait donné- est dans de beaux draps. En ce qui concerne, par exemple, l’affaire dite libyenne, ils sont nombreux à penser que Sarkozy a manœuvré pour éliminer Mouammar Kadhafi dans le secret dessein d’effacer les traces de financements occultes qu’il aurait reçus du Guide pour sa campagne en 2007. Bien entendu, il bénéficie de la présomption d’innocence tant que sa culpabilité dans l’un ou l’autre des dossiers n’est pas établie comme il se doit, par un tribunal. Mais, les électeurs français à ces primaires n’ont certainement pas voulu prendre le moindre risque de rouvrir la porte de l’Elysée à quelqu’un qui a tant d’ennuis avec la Justice. Maintenant qu’il a vu ses rêves de retourner à l’Elysée en 2017 s’évanouir, il pourra mieux se mettre à disposition de la Justice. Et étant donné qu’il n’a pas su ni voulu être humble et conciliant avec ses proches au moment où il avait le pouvoir, il sera difficile de trouver des gens pour pleurer son sort. En tout cas, l’hyper ex-président va devoir ronger ses freins pendant au moins quelques années. Avec lui, on ne sait jamais s’il quitte vraiment définitivement la scène politique française ou si malgré cette claque, il va juste observer une « période sabbatique », le temps de retenter sa chance si ses démêlées judiciaires s’estompaient entre-temps. Toujours est-il que pour 2017, il est contraint de regarder la suite du combat en spectateur, au mieux, en supporter. En tout cas, il sera hors du ring. Il est vrai qu’il a décidé d’apporter son soutien à son ancien Premier ministre qui était pourtant encore, il y a peu, la cible la plus directe de ses critiques acerbes. Soutien sincère ou cadeau empoisonné ? La suite nous le dira.

Des primaires dans nos pays auraient  permis de régler le problème de la multitude de candidatures

En attendant et mathématiquement, Fillon part ultra favori. Mais comme à ce premier tour, rien n’est joué d’avance. En effet, il faudra attendre de voir comment vont se comporter les électeurs déçus de Sarkozy et même ceux qui ont voté Fillon dans l’optique de barrer la route à l’ancien chef de l’Etat. C’est certainement sur ces inconnues que Juppé fonde son espoir de rebondir. Après tout, les sondages et autres pronostics ont prouvé leurs limites avec le Brexit et la victoire de Trump aux Etats- Unis d’Amérique. Seuls les électeurs savent vraiment ce qu’ils feront effectivement une fois dans l’urne et la réalité réserve bien souvent des surprises. Vu d’Afrique, ces primaires devraient être une source supplémentaire d’inspiration pour les hommes politiques. Au-delà du Ghana qui est un merveilleux exemple en la matière, les autres pays africains rechignent à recourir aux citoyens pour départager les candidats à la candidature au poste de chef de l’Etat. Dans le cas français, Sarkozy aurait peut-être été choisi si le travail de désignation du candidat avait été fait seulement par l’establishment du parti Les Républicains. Les primaires ouvrent davantage le jeu et rendent le choix plus démocratique. Dans la plupart des pays africains, les élites politiques n’ont pas le courage de se soumettre à ce jeu. Pourtant, cela serait de nature à tirer la qualité de la gouvernance vers le haut. Des primaires dans nos pays auraient, par exemple, permis de régler le problème de la multitude de candidatures à chaque présidentielle. En effet, si les candidats qui partagent quelque peu les mêmes grands principes, la même ligne politique se soumettaient à cet exercice, il y aurait, comme chez l’Oncle Sam et dans l’Hexagone, et ce, de façon démocratique, des regroupements utiles. Ce qui donnerait plus de place aux débats d’idées et constituerait une bouffée d’oxygène pour la démocratie à l’agonie dans bien des pays africains.

« Le Pays »


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