PRINTEMPS ARABE : La Tunisie montre la voie à suivre
Pionnière du printemps arabe, la Tunisie aura finalement réussi là où certains ont échoué, à l’image de la Libye qui continue de chercher ses marques après la chute de Mouammar Kadhafi. En effet, le pays a réussi à organiser des élections crédibles dont les résultats n’auront fait l’objet d’aucune contestation. Le vaincu, Moncef Marzouki, président sortant, a vite reconnu sa défaite et a félicité le vainqueur, Béji Caid Essebsi. Même les menaces d’attentats terroristes qui ont plané sur le scrutin, n’auront été qu’un pétard mouillé, les dispositions nécessaires ayant été prises pour parer à toute éventualité. En tout cas, les Tunisiens ont réussi à écrire une nouvelle page de leur histoire dans le calme et la dignité. Contrairement aux Frères musulmans en Egypte, dont l’agitation avait causé la désolation et la mort de milliers de personnes, les islamistes d’Ennahda que d’aucuns craignaient, n’ont fait voler ni mouche ni abeille susceptible de troubler le bon déroulement du scrutin ou le sommeil des Tunisiens. Ils auront fait preuve d’ouverture d’esprit et de maturité politique. L’ombre du président Habib Bourguiba qui a plané sur les élections, aura profité à Essebsi, car le bourguibisme avait déjà marqué le peuple tunisien à travers ses réformes novatrices, surtout en faveur de la femme tunisienne. Du reste, c’est la première fois que le peuple tunisien a pu choisir librement ses dirigeants. A travers ces élections, il a amorcé une marche radieuse vers la démocratie. Et c’est sans aucun doute pour toutes ces raisons que le président américain, Barack Obama, vient d’adresser une invitation à son homologue tunisien, Béji Caid Essebsi. Cet acte est à saluer, car il encourage les présidents africains à être des hommes d’Etat et non des princes régnants. A tous points de vue, cette invitation est une prime à la démocratie. Et c’est une bonne chose pour ce 4e chef d’Etat de la Tunisie, qui entend donner un nouveau visage à son pays.
Lentement mais sûrement, le pays est en train de réussir sa révolution
Après son investiture, cet homme de 89 ans n’a pas tardé à rendre public le nom de son Premier ministre, Habib Essid, et à marquer sa volonté de travailler avec tous les acteurs politiques de son pays, afin de le remettre sur les rails. Toutes choses qui ont été saluées par les Tunisiens et par bien d’autres personnalités hors de la Tunisie. Le choix de ce Premier ministre à qui revient la lourde tâche de former un gouvernement capable de répondre aux préoccupations des Tunisiens dans les toutes prochaines semaines, obéit plus au souci de compétences qu’à son appartenance politique ; car il n’est pas issu de Nidaa Tounes, le parti majoritaire. Un acte louable s’il en est. Ailleurs sur le continent, le parti au pouvoir aurait grincé des dents. Le nouveau Premier ministre a occupé plusieurs postes de responsabilités sous le régime dictatorial de Ben Ali. En dépit de cela, les partis politiques de l’opposition ne se sont pas dressés sur leurs grands chevaux. En dehors du Front populaire qui parle de nomination peu encourageante, Ennahda dit approuver cette nomination. Pour tout dire, les Américains n’ont pas eu tort d’inviter à la Maison blanche, Béji Caid Essebsi qui entend bien impulser un nouveau dynamisme à la Tunisie. En tout cas, l’esprit républicain et de compromis qui prévaut au sein des nouvelles autorités et des autres acteurs de la scène politique tunisienne, augure de lendemains prometteurs pour la Tunisie. Lentement mais sûrement, le pays est en train de réussir sa révolution. On ne le sait que trop bien, la Tunisie est un pays beaucoup prisé par les Occidentaux, et l’une des raisons à cela est sans nul doute ses belles plages. Il est certain que ces derniers n’hésiteront pas à la soutenir du mieux qu’ils peuvent, pour donner un coup d’accélérateur au train du développement et de la démocratie. L’invitation de Barack Obama s’inscrit certainement dans ce sens.
Dabadi ZOUMBARA