HomeA la unePRISE EN COMPTE DES REVENDICATIONS SYNDICALES : Les syndicats dénoncent un recul, le gouvernement rassure

PRISE EN COMPTE DES REVENDICATIONS SYNDICALES : Les syndicats dénoncent un recul, le gouvernement rassure


La cérémonie officielle d’ouverture de la traditionnelle rencontre Gouvernement/syndicats, instituée en 2013, est intervenue le 1er septembre 2015, à l’immeuble Baoghin à Ouagadougou, sous le patronage du Premier ministre Yacouba Isaac Zida. Pendant les 10 prochains jours, et peut-être plus, les membres du gouvernement et les responsables syndicaux auront donc à se pencher sur les conditions de vie et d’emploi des travailleurs, particulièrement sur les 16 points de la plate-forme minimale de revendication des syndicats qui a été soumise aux autorités de la Transition, le 1er mai dernier.

 

Le face-à-face Gouvernement/syndicats entamé pour le compte de cette année 2015 s’annonce très animé, du fait du contexte particulier que connaît le Burkina. La première rencontre est prévue pour le 4 septembre prochain, mais déjà, à la cérémonie d’ouverture le 1er septembre dernier, les syndicats se sont voulus fermes sur la satisfaction des 16 points de leur plate-forme minimale de revendication transmise au ministère en charge de la Fonction publique le 1er mai 2015, à l’occasion de la fête du travail. Ils ont estimé que les réponses du Gouvernement de la Transition à leurs revendications ont été « décevantes, surtout que certaines constituent un recul grave, comparativement à celles servies par le régime de Blaise Compaoré ». Tout en dénonçant le fait d’avoir « été mis à l’écart » dans le processus de mise en place des institutions de la Transition, les syndicats ont, par ailleurs, estimé que l’Etat étant une continuité, les acquis engrangés au cours de leurs nombreuses luttes ne sauraient être mis en berne. Au nombre de ces acquis, selon Bassolma Bazié, président de mois des centrales syndicales, il y a le lancement du processus de révision de la loi 013 portant régime juridique applicable aux agents et aux emplois de la Fonction publique ; la mise en œuvre des libertés syndicales et la révision du système éducatif, notamment le système Licence-master- doctorat (LMD) et le Continuum éducatif.

«Que ceux qui se précipitent pour se faire élire s’attendent à nous retrouver en face d’eux»

« Avec le régime déchu, nous avons envoyé nos recommandations et un projet de loi portant révision de la loi 013 devait être envoyé à l’Assemblée nationale pour adoption.

Le deuxième exemple, c’est la question des libertés syndicales. Sous l’ancien régime, on avait convenu de mettre en place un comité paritaire qui devrait recenser l’ensemble des cas de violations des libertés syndicales afin de voir comment il fallait y apporter des solutions », a expliqué Bassolma Bazié. Et de poursuivre que depuis lors, c’était le statu quo car aucune évolution notable n’avait été relevée par les syndicats sur l’ensemble de ces points. Parlant des libertés syndicales, Bassolma Bazié s’est indigné de ce que des licenciements abusifs se poursuivaient sous la Transition. « On a les cas de la SAP à Bobo-Dioulasso, des industries minières et de l’institut 2iE, où des directeurs ont renvoyé des travailleurs de façon abusive, au vu et au su des autorités de la Transition. Cela, nous ne pouvons pas l’admettre », s’est-il insurgé. Mais quid de la prise en compte de leur plate-forme minimale de revendication déposée il y a 4 mois de cela ? Là encore, les syndicats ont dit être déçus. « Aucun des points n’a reçu une réponse positive. Etant donné que ce n’est pas de l’argent frais que nous demandons aux autorités, elles doivent, dans la construction d’une base démocratique solide, prendre au moins en compte la relecture de certains textes », a-t-il estimé avant de lancer cet avertissement : « Même si ce gouvernement n’arrive pas à résoudre nos préoccupations, que ceux qui se précipitent pour se faire élire s’attendent à nous retrouver en face d’eux ».

La délégation gouvernementale, avec à sa tête le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a, quant à elle, estimé que la non- satisfaction des revendications syndicales n’était pas due à un manque de volonté. Les motifs évoqués par elle sont, entre autres, les nombreuses priorités du moment, associées au manque de moyens et de temps. Du reste, le Gouvernement s’est voulu rassurant et a marqué son engagement quant à la prise en compte des conclusions qui seront issues de la rencontre Gouvernement/syndicats. En outre, le chef du Gouvernement, Yacouba Isaac Zida, a rassuré les syndicats quant à la disponibilité du Gouvernement à les accompagner. « Le Gouvernement mettra un point d’honneur à examiner avec la plus grande attention l’ensemble de vos préoccupations à lui exposées dans votre plate-forme minimale », leur a-t-il dit.

Adama SIGUE

 

Du nouveau dans l’affaire Thomas Sankara

Lors de la cérémonie d’ouverture de la rencontre gouvernement/syndicats, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a abordé l’affaire Thomas Sankara. En effet, parlant du point de la plate-forme revendicative des syndicats, relatif à la lutte contre l’impunité, Yacouba Issac Zida a noté que des avancées significatives avaient été enregistrées. « Concernant le dossier Thomas Sankara, certains présumés coupables croupissent déjà en prison », a-t-il confié, sans toutefois préciser l’identité ni le rôle joué par ces derniers dans l’assassinat du père de la Révolution d’août 1983. En outre, a-t-il rappelé, des dignitaires du défunt régime sont à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), dans le cadre de la lutte contre les crimes économiques. « Les portes de la MACO sont largement ouvertes et tout citoyen peut s’en rendre compte », a-t-il conclu.

Rappel des 16 points sur lesquels porteront les négociations

  1. Pour l’amélioration des conditions de vie et de travail

– Révision de la loi 013/98 / AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l’Etat et de la loi 028 – 2008/ AN du 13 mai 2008 portant Code du travail et de la loi 027 portant régime applicable aux agents des collectivités territoriales selon une échéance et un calendrier qui seront arrêtés de commun accord avec les syndicats; application effective et extension des conventions déjà signées;

– Relecture consensuelle de l’arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève;

– Mise en œuvre des engagements pris par le Gouvernement relatifs, d’une part, au check-off et son élargissement au privé et au parapublic et d’autre part, à l’organisation des élections professionnelles ;

– Suppression de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l’Etat;

– Diminution significative des prix des hydrocarbures et des produits de grande consommation tels que le riz, l’huile, le savon, le sucre, et contrôle de la qualité et des prix des produits; suppression des monopoles de fait sur les produits d’importation tels que le riz et suppression de la COTECNA ;

– Prise de mesures urgentes pour assurer la fourniture en électricité et en eau pour les populations;

– Création d’emplois décents et stables pour la jeunesse ;

– Suspension du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les universités publiques, en attendant de réunir les conditions de sa mise en œuvre. Augmentation du taux de l’aide et son élargissement à tous les cycles d’enseignement ;

– Prise de mesures adéquates en matière d’infrastructures et d’équipements, de ressources humaines, de gestion des carrières du personnel, du contenu de l’enseignement dans le cadre du transfert du préscolaire et du post primaire;

– Prise de mesures urgentes en faveur des travailleurs ayant perdu leur emploi du fait de la destruction de leur entreprise lors de l’insurrection;

– Baisse des loyers des marchés et yaars

  1. Pour la lutte contre l’impunité

– Mandat d’arrêt international contre Blaise et François Compaoré et mise aux arrêts de toute personne impliquée dans les crimes de sang et crimes économiques; – Identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et prise sans délai des mesures nécessaires, en vue de recouvrer l’ensemble des fonds expatriés;

– Vérité et justice pour Norbert Zongo, Thomas Sankara, Boukary Dabo, les martyrs de l’insurrection et toutes les victimes de crimes de sang; jugement et châtiment des auteurs et commanditaires de ces crimes et des crimes économiques, qui doivent être frappés d’indignité politique et électorale;

– Audit des opérations de lotissement; jugement des auteurs de pillage du foncier; retrait des parcelles spoliées et leur réattribution aux victimes et/ou aux citoyens dans le besoin. Diminution, réglementation et contrôle des prix des loyers;

– Dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ;

– Respect et élargissement des libertés individuelles et collectives: réintégration des travailleurs abusivement licenciés, abrogation du texte instituant les zones dites rouges.

Source : Plateforme minimale du 1er mai


Comments
  • VOUS SAVEZ IL Y A DES PARTIS HONNÊTES QUI OUVRENT EN PLEINS JOURS ET NATURELLEMENT SE PRÉCIPITENT POUR COQUERICO LE POUVOIR D’ÉTAT. RIEN DE PLUS NORMAL. NOUS EN CONNAISSONS CEPENDANT QUI USENT DE MOYENS OCCULTES ET LÂCHES POUR LES MÊMES OBJECTIFS QUE LES PREMIERS.IL S’AGIT TOUT SPÉCIALEMENT DE TOUS CEUX QUI SONT TAPIS DANS L’OMBRE, QUI MANIPULENT LES ORGANISATIONS DE TRAVAILLEURS, QUI LES ONT Phagocyté AFIN D’UTILISER LEURS BESOINS POUR ASSOUVIR LEURS AMBITIONS.

    3 septembre 2015

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