HomeA la unePROCES DE HISSENE HABRE : Il refuse de croiser le regard des fantômes

PROCES DE HISSENE HABRE : Il refuse de croiser le regard des fantômes


 

Traîné manu militari au Tribunal spécial de Dakar où il doit répondre de ses actes hautement criminels commis entre 1982 et 1990,  alors qu’il créchait au sommet du pouvoir, Hissène Habré ne semble pas vouloir manger de ce pain dont il a lui-même pétri la pâte.   La récusation des avocats commis d’office, le mutisme, etc.,  sont autant de subterfuges dont il veut bien user pour se soustraire des fourches caudines de la Justice qui n’est pas prête de lui faire quelque cadeau que ce soit.  Le comportement de l’ancien homme fort de N’Djamena frise  l’irrespect à l’égard des magistrats  de la Cour, toute chose qui par ailleurs, ne plaide pas en sa faveur.  Manifestement, Habré ruse, fait du dilatoire,  ce qui laisse penser que l’ancien maître du Tchad  cherche à fuir la coupe amère que lui tend son destin.  Habré sent des milliers de fantômes à ses trousses ; des fantômes de ses propres macchabées dont il ne veut, en aucun cas,  croiser les regards.

Ce jugement doit être celui de l’exemplarité

Habré peut se convaincre  aujourd’hui que l’on est toujours rattrapé par son passé. Des milliers de cadavres sur la conscience, du sang, des larmes et de nombreux torts,  ça ne peut être passé par pertes et profits.  Ce procès de l’ancien dictateur a une haute portée pédagogique.  En tout cas, il était très attendu et il est aujourd’hui très suivi.  De la qualité de son déroulé et de l’articulation de son verdict, l’image de l’Afrique sortira renforcée ou écornée.  Ce jugement doit être celui de l’exemplarité, celui que l’Histoire retiendra comme modèle pour la postérité.  Sous cet angle, les juges sentent certainement tout le poids de leurs responsabilités.  L’Occident ne devrait pas être le seul haut lieu  des jugements impartiaux des fils d’Afrique. Le berceau de l’humanité doit montrer toute sa capacité à juger dans la dignité et l’impartialité, ses brebis égarées rendues sanguinaires et inhumaines par les vertiges du pouvoir.

« Le Pays »


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