PROCES DE HISSENE HABRE : L’ancien tortionnaire veut son tribunal
Après avoir démontré à la face du monde qu’il était un dictateur atypique, l’ancien tortionnaire de N’Djamena, Hissène Habré, est en train d’apporter la preuve qu’il est aussi un accusé atypique.
Dans ce procès qui sera sans doute son dernier combat, l’homme a décidé d’y jeter tout ce qui lui reste comme énergie vitale, afin d’échapper au même sort qu’il a pourtant, pendant son règne, réservé à ses opposants politiques ou simplement supposés tels, à savoir la souffrance. Même si ce qui l’attend ne s’annonce, en rien, comparable à ce qu’il a fait subir comme atrocités à ses victimes. Après seulement deux jours d’audience, Hissène Habré a réussi à faire ajourner son procès jusqu’au 7 septembre prochain. Sa stratégie, qu’il a sans doute longuement mûrie avec ses avocats, est d’une simplicité désarmante. Et pourtant, elle lui permettra de reporter son procès et de gagner ainsi 45 jours. 45 jours de répit, cela n’a pas l’air de grand-chose, mais pour un renard de la trempe de Habré, cela peut s’avérer énorme, ou, à tout le moins, suffisant pour déstabiliser le camp adverse, et lui permettre de peaufiner davantage sa stratégie de défense. Pour l’instant, elle se limite, pour l’ancien dictateur, à récuser le tribunal spécial qui le juge. Il refuse d’assister aux audiences. Et quand on l’y amène de force, ses partisans dans la salle prennent le relais et provoquent un incident qui aboutit naturellement à son évacuation de la salle d’audience, puis à la suspension de la séance. Si Hissène Habré refuse de reconnaître le tribunal spécial mis en place pour le juger, c’est simplement parce qu’il anticipe, à tort sans doute, sur le verdict final de ce tribunal. Mais il donne, en même temps, par son comportement à l’égard du tribunal, la preuve qu’il est un homme de mauvaise foi. Jusqu’à preuve du contraire, il n’est pas encore condamné et bénéficie, comme tout accusé, de la présomption d’innocence. Et il en sera ainsi jusqu’à ce que les plaignants, représentés par leurs avocats, apportent formellement la preuve de sa culpabilité. Empêcher ce procès de se tenir n’est donc pas, loin s’en faut, la meilleure façon de prouver son innocence. Bien au contraire. Il faut plutôt craindre que cette stratégie ne finisse par agacer les membres du tribunal et par faire se dresser contre lui, ceux parmi eux qui avaient encore la faiblesse de lui trouver quelque circonstance atténuante.
Les victimes de la dictature de Habré doivent s’armer davantage de patience
L’ancien tortionnaire de N’Djamena récuse le tribunal mis en place par ses pairs de l’UA pour le juger, après avoir pourtant applaudi des deux mains, le fait que ces derniers ont réussi contre vents et marées, à l’arracher des griffes de Fatou Bensouda. Mais par quel tribunal veut-il enfin être jugé ? Hissène Habré veut-il que ses victimes lui laissent la latitude de constituer un tribunal à sa guise, qui va le juger selon ses règles à lui ? Folie de dictateur, si telle est son intention ! Mais on a plutôt envie de croire à la fuite en avant. Toujours est-il qu’on assiste aux derniers soubresauts d’un bourreau qui a peur d’affronter les fantômes de ses victimes. Une reculade qui laisse transparaître une facette du dictateur. Celle de la lâcheté. Un dictateur qui manque de courage pour assumer ses actes.
Cela dit, les manigances, les fourberies et autres maladies imaginaires n’empêcheront pas le procès de se tenir et d’aller à son terme. Le verdict tombera bien un jour, et Hissène Habré paiera pour tous ses crimes. Cela devrait donner à réfléchir aux autres dictateurs, encore en service ou déjà déboulonnés.
Les victimes de la dictature de Habré doivent désormais s’armer davantage de patience et de détermination car le bout du tunnel n’est plus loin. Justice leur sera rendue, avec ou sans la présence du dictateur dans le box des accusés. Hissène Habré a commandé sa pluie, elle le mouillera jusqu’aux os.
Dieud
Anta
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Moi je trouve qu’il est bête.ça ne fait pas 45 jours de répit mais 45 jours de prison puisqu’il est en prison. Il faut le laisser s’agiter comme il le veut. Pourvu qu’on ne le laisse pas s’échapper de prison et se réfugier en Russie ou en Chine, ce serait une seconde mort de tous ceux que le tyran a suppliciés.Fermez bien les portes de la prison pour qu’il ne s’échappe pas pour aller en Russie ou en Chine!
23 juillet 2015