PROCES DE ISSA HAYATOU POUR RECOURS A DES PRATIQUES ANTI-CONCURRENTIELLES
Et si ce n’était que la partie visible de l’iceberg ?
Déjà tétanisé par sa défaite, le 16 mars 2017, face au Malgache Ahmed Ahmad, Issa Hayatou devra désormais faire face à la justice. En effet, maintes fois reporté, son procès s’est finalement ouvert hier, 16 avril 2018, au Caire, en Egypte, où se trouve le siège de la Confédération africaine de football (CAF) qu’il a dirigée sans partage pendant près de trois décennies. Il est soupçonné, par la Justice égyptienne, d’avoir « enfreint la loi égyptienne de la concurrence », d’avoir eu recours à « des pratiques anticoncurrentielles » et ce en « abusant de sa position dominante sur le marché égyptien ». Tout serait parti, en effet, d’un contrat d’un milliard de dollars signé par Issa Hayatou et Hicham El Amrani en tant que mandataires de la CAF, le 28 septembre 2016 au Caire, avec Lagadère Sports (LS). Ledit contrat porte sur la cession de la gestion des droits médias et marketing du football africain pour la période 2017-2028. Toute chose que conteste Presentation Sports (PS) qui affirme avoir, en vain, tenté de concurrencer LS sur ce dossier alors même que la CAF et la société française étaient déjà en négociations exclusives depuis le 12 juin 2015. Alertée, l’autorité égyptienne de la concurrence (ECA) a exigé et obtenu que Issa Hayatou et Hicham El Amrani fussent renvoyés devant la Cour économique du Caire (CEC) pour répondre des faits qui leur sont reprochés. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce procès n’aurait pas été rendu possible, s’il n’y avait pas eu d’alternance au sommet de la CAF.
Le successeur de Tessema se retrouve aujourd’hui groggy de ses propres turpitudes
C’est parce que la nouvelle direction a pris ses distances vis-à-vis de cette affaire que ce qui était jadis considéré comme un « secret d’alcove », commence à apparaître au grand jour. Et quand on sait que le football est un milieu pourri, où la corruption et la prévarication ont pignon sur rue, il y a fort à parier que cette affaire de gros sous impliquant l’ex-patron de la CAF, n’est que la partie visible de l’iceberg. Pour peu que l’on creuse davantage, on ne pourrait qu’en être édifié. Car, que n’a-t-on pas entendu à l’époque ? Même les attributions de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), à ce qu’on dit, étaient devenues une rente de situation pour les premiers responsables de la CAF, Issa Hayatou en tête ; lui qui, au fil des ans, était devenu un habitué des palais.
Qu’il est donc vrai que tout ce qui gît dans l’obscurité, aspire un jour à venir à la lumière ! A preuve, voilà que le successeur de l’Ethiopien Ydnekatchew Tessema se retrouve aujourd’hui groggy de ses propres turpitudes. Sans doute aurait-il voulu se passer d’une telle publicité, au moment où il entame une retraite dorée dans le Nord-Cameroun où il dirige l’Académie nationale de football (Anafoot). Hélas ! C’est au moment où il entendait digérer sereinement ce qu’il a « mangé » pendant des décennies, que la Justice lui demande des comptes. Triste sort !
B.O