PROCES DE PRESUMES TERRORISTES SUR FOND D’ATTAQUES MEURTRIERES AU BURKINA
La chambre correctionnelle du pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes terroristes a ouvert, le 9 août dernier, sa première session de jugement dans la salle d’audience n°1 du Tribunal de grande instance Ouaga II. Telle est la substance du communiqué que le procureur de ce tribunal, Emile Zerbo, a rendu public. Il est à noter que ce procès est une première depuis que les terroristes ont commencé à endeuiller le pays des Hommes intègres, il y a de cela presque six ans. De ce point de vue, l’on ne peut pas dire que les autorités ont fait diligence quant à leur volonté d’apporter une réponse judiciaire au terrorisme. Probablement, ce long temps a été mis à profit pour parfaire les choses conformément aux exigences du fonctionnement de la Justice d’un Etat de droit. Et l’on peut parier que bien des observateurs liés aux droits humains, scruteront le procès à la loupe, pour s’assurer qu’il respecte les standards internationaux en matière de respect des droits des personnes mises en cause. Ce défi, la Justice burkinabè a l’impérieux devoir de le relever de sorte à montrer au monde entier, que le Burkina est un véritable Etat de droit. Si, au terme du procès, la culpabilité de ces présumés terroristes est établie avec des preuves irréfutables, qu’ils soient punis à la hauteur des crimes commis. Dans l’hypothèse où leur innocence serait établie, qu’ils soient purement et simplement relaxés. Ainsi fonctionnent les tribunaux de tous les pays civilisés. En tout cas, les Burkinabè attendaient avec impatience ce procès. Car, tout le monde veut d’abord savoir en live à quoi ressemble un tribunal spécialisé dans la répression des actes de terrorisme. Les Burkinabè voudraient ensuite découvrir les visages de ces présumés terroristes. Enfin, les Burkinabè voudraient savoir ce qui peut motiver une personne à adhérer à l’idéologie terroriste au point de ne plus respecter le caractère sacré de la vie humaine.
La réponse judiciaire pourrait être inopérante si elle n’est pas accompagnée d’une réponse sécuritaire significative
Cela dit, le procès s’ouvre à un moment où le pays vient d’enregistrer des attaques terroristes d’une envergure effroyable en terme de pertes en vies humaines. La première a eu lieu dans la province de l’Oudalan. A cette occasion, une quinzaine de soldats et 4 Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) ont été tués. C’était le 4 août dernier. Rien que le 8 août dernier, 12 soldats ont été massacrés à Toéni dans la Boucle du Mouhoun. Du matériel a été emporté également. L’on peut donc noter une recrudescence des attaques terroristes à quelques encablures du début du premier procès à caractère terroriste. Ceci pourra-t-il expliquer cela ? On peut s’interroger. L’on peut se risquer d’y répondre par l’affirmative. En effet, les terroristes sont ainsi faits qu’ils n’aiment pas être trainés devant les tribunaux des hommes, surtout les tribunaux des « mécréants », comme ils appellent tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Un autre élément qui pourrait expliquer la colère des terroristes, est le suivant : ces derniers jours, ils ne savent plus où mettre la tête en raison des bombardements incessants de l’aviation. Mieux, deux de leurs cadres et non des moindres ont été neutralisés par l’armée. Blessée, la bête immonde se débat comme elle peut, avec ses moyens. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces moyens sont efficaces. Car, ils arrivent encore à tuer de manière massive, nos soldats. Les engins explosifs improvisés et les embuscades sont en train de faire beaucoup de mal à nos braves soldats. Il faut, ici et maintenant, trouver leur antidote. L’on peut compter sur le génie de nos militaires pour cela. Les partenaires du Burkina sont également sollicités pour aider le pays à inverser les tendances. Car, si les sociétés minières sont capables de se doter de drones pour sécuriser leurs convois et leurs investissements, ce ne sont pas des puissances comme les Etats-Unis et la France qui ne sont pas en mesure de nous y aider. La grande question est de savoir si elles le désirent. Cela dit, et à propos du procès de présumés terroristes qui vient de s’ouvrir, l’on peut se demander quel impact celui-ci peut avoir sur la comptabilité macabre à laquelle on assiste aujourd’hui. Il peut contribuer à délier les langues de sorte à identifier les niches des terroristes et à démanteler leurs réseaux. Au plan pédagogique aussi, ce procès peut dissuader certains à prendre leur distance vis-à-vis des terroristes. Mais, il ne faut pas rêver outre mesure. La réponse judiciaire à la question terroriste pourrait aussi être inopérante si elle n’est pas accompagnée d’une réponse sécuritaire significative et d’une réponse en terme de développement des régions en proie au terrorisme. Ce sont ces trois réponses qui sont susceptibles de résoudre, dans la durée, la question terroriste. Autrement, on dépensera inutilement de fortes sommes d’argent pour organiser des procès sans pour autant arrêter les décomptes macabres.
Sidzabda