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PROCES DES ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015


C’est ce mercredi 8 septembre que s’ouvre à Paris, le procès des attentats du 13 novembre 2015 devant la Cour d’assises spécialement composée. L’évènement est, pour le moins que l’on puisse dire,  historique en France, tant il tranche, non seulement par l’ampleur de la tragédie qui avait causé 130 morts soit l’attentat le plus meurtrier commis en France, mais aussi par son organisation hors normes. En effet, le dossier judiciaire se compose de près de 542 tonnes pour près d’un million de pages et concerne 20 personnes, toutes soupçonnées d’avoir eu un rôle dans la préparation ou la réalisation des attentats du 30 novembre 2015. Près de 1800 personnes, d’une vingtaine de nationalités, se sont constituées parties civiles et l’audience est prévue pour durer près de 9 mois. L’évènement devra certainement drainer du monde avec près de 300 avocats et 141 médias accrédités, sans oublier bien sûr le grand public. Cela a donc nécessité la construction d’une salle entière au sein de l’ancien palais de Justice de Paris pour accueillir les débats. Le procès sera aussi exceptionnel par le dispositif sécuritaire mis en place et qui prévoit un accès très strictement surveillé au palais de Justice qui constituera un véritable sanctuaire.  En rappel, ce procès fait suite à la série d’attaques-suicides et de fusillades qui ont fait basculer la France dans l’horreur, il y a environ 6 ans. Cet assaut revendiqué par l’Etat islamique (EI), a visé des terrasses de restaurants, la salle de spectacles du Bataclan et le Stade de France à Saint-Denis, tous bondés de monde, au moment du déclenchement de la furie meurtrière.

 

 

Rien n’est véritablement encore  gagné dans cette affaire

 

 

La traque des suspects permettra d’alpaguer Salah Abdeslam dans la commune bruxelloise de Moleenbeek- Saint Jean, les 7 autres terroristes ayant été abattus dont le « donneur d’ordres », le Marocain Oussama Atar.  En attendant l’épilogue de ce qui s’annonce comme une véritable saga judiciaire, l’on peut déjà saluer la tenue de ce procès qui a constitué un défi inédit pour la Justice française qui, des années durant, n’a ménagé aucun effort pour que la lumière soit faite et fasse l’effet de la catharsis sociale qui permettra de panser les nombreuses plaies ouvertes par ce carnage  de novembre 2015. L’évènement est d’autant plus à saluer qu’il a une valeur pédagogique importante du fait que la Justice doit constituer, au-delà de la réponse militaire, l’autre arme de la lutte contre le terrorisme. Les auteurs d’attentats terroristes doivent savoir qu’ils ne seront nulle part à l’abri et qu’ils devront répondre de leurs actes devant la Justice des Hommes, bien avant celle de Dieu. Et c’est en cela que l’on peut partager cette réflexion d’Arthur Dénouveaux, rescapé du Bataclan et président de l’association Life pour Paris, qui estime que ce procès est « un jalon important pour notre vie d’après ». Mais pour l’instant, il faut bien se garder de tout triomphalisme débordant, car rien n’est véritablement encore  gagné dans cette affaire. Rien ne prouve, en effet, que les accusés qui snobent dans l’ensemble la civilisation occidentale et sa Justice, se prêteront au jeu en déliant leurs langues respectives pour que jaillisse la vérité libératoire. Le principal accusé est resté muet durant toute l’instruction et il faut craindre que les parties civiles ne se heurtent à un mur de silence dont les moellons sont constitués de dédain et de haine.  Mais qu’à cela ne tienne, les accusés seront tout de même confrontés au plus redoutable des tribunaux durant ces longs mois de procès, celui de la conscience et subiront dans la prison de leur silence, la plus lancinante des tortures.  Et cela est déjà en soi un acte de victoire.  Ceci étant, il faut espérer que ce procès qui sera web-diffusé soit suivi de près en Afrique, notamment au Sahel en proie aussi aux démons terroristes. Car, ce dont il s’agit, c’est de tirer leçon de la jurisprudence française pour mieux réussir le volet judiciaire dans la lutte contre les forces du mal dans des Etats souvent accusés d’exécutions extrajudiciaires et de violations des droits de l’Homme dans la traque des terroristes.

 

SAHO    


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