PROCES DU PUSCH MANQUEQuand Guillaume Soro se fait passer pour le conseiller mystique du Général Diendéré
Le vendredi 29 septembre 2019, au Tribunal militaire de Ouagadougou, place est aux écoutes téléphoniques depuis environ une semaine. Au moins une trentaine de fichiers ont été lus. Et selon le parquet, ces éléments mettent en cause le général Gilbert Diendéré, son épouse Fatou Diendéré, Sidy Mohamed Lamine, Fatoumata Diawara et Guillaume Soro.
Face aux écoutes téléphoniques, les mis en cause, présents dans le box des accusés ne souhaitent pas se prononcer. Et ce, durant toute l’audience. Au cours de l’audience, les fichiers des écoutes téléphoniques sont lus par lot de dix. Après la lecture d’un certain nombre de fichiers, le parquet choisit de commenter certains éléments. Pendant qu’il commente les fichiers, Me Guy Hervé Kam intervient pour annoncer que la Cour de justice de la CEDEAO a débouté les avocats de Bassolé par rapport à la légalité des écoutes téléphoniques. En effet, la cour estime que la pratique des écoutes téléphoniques n’est pas en soi illégale sauf si elle porte atteinte au droit de la personne. Pour Me Kam, cette décision tombe à point nommé. Mais Me Latif Dabo, l’un des avocats du général Diendéré dit être serein parce que la jurisprudence ne se prononce pas sur le mode d’identification de ceux dont on dit que les voix apparaissent sur les audios. « Cette décision ne vient nullement nous perturber », insiste-t-il. Mais le parquet, rétorque : « Si la défense du général n’a pas saisi la Cour de justice qu’elle ne s’attende pas à ce qu’elle se prononce sur le mode d’identification des voix ». Après ce dialogue, la lecture des fichiers se poursuit. A un moment donné le parquet intervient pour remercier le général pour n’avoir pas écouté son épouse. En effet, il ressort qu’il était question d’une rébellion qui allait se faire dans le Bazèga et à Pô. Une idée que l’épouse du général était en passe de mettre en œuvre mais le général l’a dissuadée parce qu’il a estimé que des problèmes de logistiques peuvent se poser. Selon le parquet, Dame Diendéré s’est offusquée parce qu’à chaque fois qu’elle fait des propositions, le général ne suit pas. Et même que la dame avait prévu de recenser les villages dans les localités concernées afin de les sensibiliser. Le même parquet fait noter qu’à travers les écoutes téléphoniques, on perçoit l’attitude de certains chefs d’Etat de la CEDEAO qui semblaient avoir des positions officielles et officieuses. « Heureusement que les Burkinabè ont pris leur destin en main sans compter sur la CEDEAO ». Le parquet fait également remarquer « la détermination » qui animait les acteurs du putsch manqué. Il se réfère à « l’affaire de l’œuf ». Dans la formule, on dit que c’est une cause noble, nous comprenons pourquoi ça a foiré, déclare le parquet. Par ailleurs, pour la huitième fois, la liberté provisoire a été refusée à l’accusé Dah Sami.
Françoise DEMBELE