HomeA la unePROCES DU PUTSCH MANQUE : «  Il y avait une volonté de pousser les soldats à résister », selon le parquet

PROCES DU PUTSCH MANQUE : «  Il y avait une volonté de pousser les soldats à résister », selon le parquet


 

Le procès du putsch manqué du 16 septembre 2015 et jours suivants se poursuit à la salle des Banquets de Ouaga 2000 qui sert de salle d’audience. Les audios des appels téléphoniques présentés comme des pièces à conviction des accusés aussi. Ceux attribués à Fatoumata Thérèse Diawara, au colonel Zakaria de la Côte d’Ivoire, à Ismaël Diendéré, Hien Romaric, Gilbert Diendéré pour ne citer que ceux-là, ont été présentés aux parties le 1er avril 2019 par le parquet militaire. Certaines vidéos ont également été diffusées.

Les pièces à conviction continuent d’être présentées par le parquet dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015. La diffusion des éléments audio contenus dans le dossier « Delta » attribués au général Diendéré et ses proches ont occupé une grande partie de la journée du 1er avril 2019. Il s’agit des enregistrements de son épouse Fatou Diendéré, de son fils Ismaël Diendéré, de sa belle-fille au moment des faits, Fatoumata Diawara, en conversation avec des tierces personnes.   Dans l’une des conversations téléphoniques attribuées à Fatoumata Diendéré et Zakaria Koné, ce dernier réitère son soutien au putschistes. A en croire ce qui est dit dans cette conversation, Zakaria Koné « affirme que les putschistes ont du soutien en Côte d’Ivoire ». D’ailleurs, confie-t-il, c’est la première fois qu’il a vu son patron à lui couler des larmes à cause de la situation qui prévaut au Burkina Faso. « Le patron m’a donné le feu vert. Le patron m’a dit de chercher beaucoup de chiens (NDLR : des combattants). Il y a beaucoup de « chiens » qui vont venir là-bas », peut-on entendre dans cet enregistrement. « Ils seront combien ?», avait interrogé Fatoumata Diawara. Même si c’est 1 000, avait répondu l’interlocuteur, Zakaria Koné. Dans une autre conversation, l’ancien représentant de l’Agence France-Presse (AFP), Hien Ramaric, donne son point de vue de la situation, la position de certains hommes politiques dont le président Roch Marc Christian Kabré, président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et candidat du même parti à la présidentielle au moment des faits. Il en profite, selon cet audio, pour donner des renseignements sur les positions et mouvements des forces loyalistes dans la ville de Ouagadougou. Mais l’une des communications qui ont marqué l’attention de plus d’un, est celle entre Massa Saboué et Fatoumata Diawara. En effet, dans cette conversation, elle invite les soldats du RSP, notamment le «noyau dur » à sortir et à tirer sur les soldats en patrouille, surtout ceux qui sont dans les chars. « Même si c’est un ou deux chars, il fallait, selon elle, faire des dégâts parce que celui qui leur a promis l’argent a été arrêté », allusion faite au général Djibrill Bassolé. « Il faut même tirer au niveau de la gendarmerie où il est gardé à vue, pour le libérer », a-t-elle ajouté. Pour le parquet, il y avait bel et bien une volonté de pousser les soldats à résister, c’est-à-dire soutenir le coup d’Etat. Et de s’étonner du fait que des personnes qui n’ont jamais fait l’armée donnent des instructions à des militaires afin qu’ils aillent se battre.  Appelés à la barre, les intéressés, Fatoumata Diawara et Massa Saboué, n’ont pas voulu faire de commentaire. Seul le général Diendéré a fait deux observations. Il fait d’abord remarquer qu’il ne retrouve pas d’enregistrement concernant ses appels de la période du 16 au 25 septembre 2015. Aussi, a-t-il ajouté, il a reconnu à la barre qu’il a eu des échanges téléphoniques avec plusieurs personnalités à partir du 16 septembre 2015. Il s’agit, entre autres, de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo, de certains chefs d’Etat de la CEDEAO, du cardinal Paul Ouédraogo, du chef d’Etat-major général des armées et bien d’autres personnes. Mais curieusement, estime-t-il, on ne retrouve pas les traces de ces conversations téléphoniques. En cette observation, Me Awa Savadogo, un des avocats de la partie civile, voit un aveu du général Diendéré. En effet, explique-t-elle, le général ne nie pas avoir eu ces conversations téléphoniques. Mais il s’offusque du fait qu’il ne retrouve pas les éléments qui auraient pu le décharger. «Le général lui-même reconnaît que c’est sa voix qu’on entend dans les audios qui ont été diffusés, mais il manque ceux qui le déchargent », a-t-elle fait observer. Un avis qui n’est pas partagé par les avocats de la défense qui invitent leurs confrères à ne pas faire dire au général ce qu’il n’a pas dit.   Signalons qu’après les conversations téléphoniques attribuées à certains accusés, les éléments vidéo ont également été diffusés. Ces pièces montrent la mobilisation des populations contre le coup d’Etat dans certaines villes du pays. Il s’agit de Ouahigouya, Dédougou et Fada N’Gourma. Les vidéos sur la rencontre entre le général Diendéré et les secrétaires généraux des ministères et sur l’accueil des chefs d’Etat de la CEDEAO tels que le président du Bénin, Yayi Boni, et le président Macky Sall, ont été diffusées.

Issa SIGUIRE


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