HomeA la unePROCES DU PUTSCH MANQUE « Si le Général Diendéré m’avait sollicité pour soutenir le coup d’Etat, je l’aurais fait de toutes mes forces », Herman Yaméogo.

PROCES DU PUTSCH MANQUE « Si le Général Diendéré m’avait sollicité pour soutenir le coup d’Etat, je l’aurais fait de toutes mes forces », Herman Yaméogo.


Débuté le 19 octobre dernier, l’audition de Hermann Yaméogo s’est poursuivie le 22 octobre 2018 à la salle des Banquets de Ouaga 2000 dans le cadre procès du putsch manqué de septembre 2015. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, coups et blessures volontaires sur 42 personnes. Faux, rétorque l’accusé Hermann Yaméogo qui dit avoir exprimé ses opinions politiques. Lesquelles opinions soutenaient les idéaux d’inclusion que prônait le Conseil national pour la démocratie (CND) parce que le gouvernement issu de la transition avait exclu une partie du peuple burkinabè du processus électoral en cours au moment des faits. Hermann Yaméogo est le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) et fils du premier président du Burkina, Maurice Yaméogo. Son parti était membre du Front républicain, un regroupement de partis politiques qui soutenaient l’organisation d’un référendum en 2014 au Burkina pour départager les pro et anti modification de l’article 37 de la Constitution burkinabè.

Le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), Hermann Yaméogo, était toujours à la barre le 22 octobre 2018. Il lui est reproché d’avoir soutenu le coup d’Etat manqué de septembre 2015 conduit par le général Gilbert Diendéré. Ce que nie l’accusé qui dit avoir soutenu l’inclusion prônée par le CND. D’ailleurs, soutient Hermann Yaméogo, les coups d’Etat ont toujours été soutenus par deux camps au Burkina. « Chaque camp soutient son coup d’Etat. Il y en avait qui soutenaient le coup du CND. Il y en a aussi qui soutenaient le régime de la transition, issu d’un coup d’Etat. », a-t-il dit. A cette affirmation, le parquet militaire rétorque : « nous ne sommes pas du même avis que vous. Après le coup d’Etat, vous avez été sollicité pour être l’aile politique. » « N’affirmez pas ce que vous ne savez pas, ne faites pas de suppositions. Si le Général Diendéré m’avait sollicité pour soutenir le coup d’Etat, je l’aurais fait de toutes mes forces », a repris Hermann Yaméogo. Et le parquet de soutenir que c’est l’accusé lui-même qui a exprimé son soutien à travers l’utilisation des 50 millions de F CFA venus de la Côte d’Ivoire. « J’ai été informé par téléphone de la présence des fonds », précise Hermann Yaméogo avant d’inviter le parquet à faire l’effort de se situer dans le contexte du coup d’Etat. Une partie de la somme, c’est-à-dire la moitié, poursuit l’accusé, devait revenir au CDP et l’autre moitié au nouveau regroupement de partis politiques qui devaient soutenir l’inclusion. A la question de savoir quel était l’objectif des mouvements organisés par les manifestants de l’ex-majorité, l’ancien patron du Front républicain soutient : « De retour d’une mission au Sénégal, nos émissaires nous avaient confié que les chefs d’Etat de la CEDEAO ont indiqué que seules les activités des anti inclusion étaient visibles. Donc nous avions planifié des activités de visibilité ». Et le parquet militaire de poursuivre : Après avoir rencontré le Général Diendéré le 17 septembre 2015, avez-vous essayé de rencontrer le chef d’état-major général de l’armée pour vous assurer qu’il soutient le coup d’Etat comme le général vous l’avait dit. « Non. Je ne le connaissais pas personnellement. Je l’ai seulement vu lors de la médiation. Le président Jean Baptiste Ouédraogo lui avait demandé de savoir s’il avait des craintes par rapport à la situation qui prévalait. Il a répondu oui mais qu’il allait tout faire pour en sortir », a expliqué le prévenu.

Issa SIGUIRE

 

 

A la question du parquet de savoir pourquoi Herman Yaméogo prétend défendre la démocratie alors qu’il dit soutenir les coups d’Etat, l’intéressé répond. J’ai toujours défendu la démocratie et la paix et je vais vous relater un fait. Lorsque Salifou Diallo avait été remercié, il est venu chez moi à domicile pour me demander pardon. Il a dit que n’eut été ses actions, peut-être que je ne serais pas là. Il ne s’est pas arrêté là. Il est allé à la radio nationale où il a tenu les mêmes propos et L’Observateur les a relayés. Quand il est allé à Vienne, il m’a dit de venir le rencontrer à Paris en France. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas se soustraire du bilan de Blaise Compaoré. Mais il tenait à s’excuser parce que c’est nous qui étions sur le droit chemin. (…) Il m’a dit qu’il allait s’installer au Niger et qu’il avait l’intention de créer un mouvement politique mais d’informer Roch Kaboré. Lorsqu’ils ont formé leur parti politique, il a envoyé un de ses amis pour m’inviter à venir avec eux. Mais j’ai refusé parce que je savais que ça pouvait aboutir à des violences.

 

 

Me Farama répond à Hermann Yaméogo

Au cours de son audition du vendredi 19 octobre, Hermann Yaméogo, pendant un bon bout de temps, a tenu à donner sa position sur les juridictions d’exception, la démocratie, son combat pour la démocratie. A l’audience du lundi 22 octobre, me Farama Prosper, avocat de la partie civile, a réagi par rapport à ses points de vue en ces termes. Je ne vous comprends pas, M. Hermann Yaméogo.
– Vous décriez le Conseil constitutionnel sous la transition alors qu’il a été mis en place sous Blaise Compaoré.
-Vous dites que le tribunal militaire est une abomination alors qu’il existe depuis le pouvoir de Blaise Compaoré. J’ai eu des clients civils qui ont été jugés par ce tribunal pour attentat à la sûreté de l’Etat, comme vous aujourd’hui. Vous, défenseur de la démocratie et des droits de l’Homme, vous n’aviez rien dit en son temps.
-Vous dites que la transition s’apprêtait à organiser une élection peu crédible alors que Blaise Compaoré organisait des élections aux résultats à hauteur d’homme pour ne pas dire des résultats à hauteur de Dieu.
– Vous dites que vous avez toujours applaudi les coups d’Etat quand ils sont salvateurs. Mais vous vous insurgez contre le coup d’Etat issu de l’insurrection populaire qui a renversé le régime de Blaise Compaoré.(…)Vous prônez la Justice transitionnelle. Pour moi, la Justice transitionnelle est un arrangement entre l’élite politique pour s’assurer une impunité. Moi je vais aller plus loin en disant que si on allait à une justice révolutionnaire et populaire, on n’en serait pas là.  

 

La discussion houleuse entre Me Guy Hervé Kam et Hermann Yaméogo

Me Guy Hervé Kam : Bonjour M. Hermann Yaméogo
Herman Yaméogo : Bonjour Me Kam
Me Guy Hervé Kam : Pour quel objectif vous souteniez le CND ?
C’était pour avoir un défenseur de l’inclusion. Nous étions sûrs qu’avec cet organe, nous allions avoir une élection transparente et inclusive.
Me Guy Hervé Kam : Donc vous avez renforcé la position du CND
Hermann Yaméogo : Non, le CND avait déjà le pouvoir.
Me Guy Hervé Kam : Le risque était quoi pour vous si le gouvernement de la transition revenait ?
Herman Yaméogo : Si le gouvernement de la transition revenait, nous risquions de continuer avec l’exclusion, ce qui s’est confirmé d’ailleurs.
Me Guy Hervé Kam : avez-vous organisé des regroupements pendant la prise du pouvoir par le CND?
Hermann Yaméogo: Non.
Me Guy Hervé Kam : avez-vous organisé une conférence de presse ?
Hermann Yaméogo: Non.
Me Guy Hervé Kam : Avez-vous organisé une Assemblée générale ?
Hermann Yaméogo: Non.
Me Guy Hervé Kam : Dans votre procès-verbal d’interrogatoire, vous avez dit au juge que vous avez soutenu l’inclusion. Et que c’était par l’organisation de conférences de presse, d’Assemblées générales.
Hermann Yaméogo: A partir du 19, j’ai décroché parce que je suis tombé malade.
Me Guy Hervé Kam : Avez-vous bénéficié de l’argent venu de la Côte d’Ivoire
Herman Yaméogo: Non. Je n’étais pas à la répartition. Une partie devait revenir au CDP et l’autre partie à la formalisation de l’alliance qui devait naître. A partir du 20 septembre 2015, Emile Kaboré n’était plus joignable.
Me Guy Hervé Kam : Donc vous avez menti ?
Hermann Yaméogo: (élévation de ton) Depuis le début, j’essaie d’être correct. Mais personne ne peut élever le ton sur moi. Je n’aime pas qu’on me parle sur ce ton.

Hermann Yaméogo: je retire ma parole et je m’excuse.

 

 


Comments
  • L’homme politique Soumane Touré qui ne cesse d’appeler l’armée à balayer le pouvoir du régime Kaboré ,se fait –il l’apologie du Coup d’Etat ?Il n’a jamais été arrêté et jugé pour incitation à la subversion.Par conséquent,Hermann et Léonce qui ont seulement émis des avis critiques sur les dérives de la transition ,en soutenant l’aspect rétablissement de la démocratie par le CND,ne sont nullement condamnables pour leurs opinions politiques.Il ne doit pas y avoir une justice à double vitesse au Burkina.

    23 octobre 2018

Leave A Comment