HomeA la unePROJET LOBI-FORT-OR : Pour mieux comprendre les ruines de Loropéni

PROJET LOBI-FORT-OR : Pour mieux comprendre les ruines de Loropéni


MAQUETTE TIEMTORE ISSOUFConfirmer l’activité des ruines de Loropéni, évaluer leur potentiel archéologique et minier, comprendre le lien entre ces structures fortifiées et leur territoire. C’est la mission que s’est assigné le projet Lobi-Fort-Or du Dr Lassina Simporé, archéologue, maître de conférences à l’université Ouaga I Pr Joseph Ki-Zerbo et responsable des opérations sur le site des ruines de Loropéni. Afin de constater de visu le travail qui y est abattu, une délégation du ministère de la Culture, des arts et du tourisme, avec, à sa tête, le ministre Tahirou Barry, accompagnée des autorités de la région du Sud-Ouest, s’est rendue sur place à Loropéni, le lundi 30 mai 2016. Outre les travaux de recherche qui sont menés sur le site, l’occasion a été donnée au ministre et à sa délégation de faire un constat plus qu’amer au niveau du centre d’accueil et d’information en construction : des bâtiments qui, non encore réceptionnés, sont déjà en « ruines ». Certaines parties de la salle de conférences construite sur le site du centre, sont quasiment tombées et la toiture du magasin se trouve dans un état de délabrement avancé. Cette visite avait pour objet également de permettre aux gens de comprendre l’important travail qui est fait à l’intérieur des ruines.

 

« Reconstruction des ruines de Loropéni ». C’est le titre d’un article d’un de nos confrères qui avait valu à l’équipe chargée de la protection et de l’entretien des ruines de Loropéni, bien des explications auprès de l’UNESCO. En fait de reconstruction, il n’en était rien. Il fallait tout simplement comprendre par là, la construction d’un centre d’accueil et d’information en vue de donner plus de visibilité aux ruines de Loropéni. Profitant de la présence d’une délégation du ministère de la Culture, des arts et du tourisme, avec, à sa tête, le ministre Tahirou Barry, accompagnée des autorités de la région du Sud-Ouest dont le gouverneur, Ambroise Stanislas Amadou Diarra, le Dr Lassina Simporé n’a pas manqué de rétablir les choses en faisant visiter ce centre à la délégation et, du même coup, aux journalistes qui l’accompagnaient.

Le constat qui s’est dégagé de cette visite, a été des plus amers. Certaines infrastructures dont la salle de conférences et le magasin, non encore réceptionnées, sont déjà en « ruines ». Certaines parties de la salle de conférences sont quasiment tombées et la toiture du magasin se trouve dans un état délabré. Aussi, le centre souffre-t-il d’un manque crucial d’eau de boisson. Et Dr Lassina Simporé de souligner que les Premiers ministres Tertius Zongo et Luc Adolphe Tiao, de même que le président de la Transition Michel Kafando, sont tour à tour venus visiter les lieux et avaient promis, en son temps, la réalisation d’un forage qui, jusque-là, n’est pas une réalité. Le Dr Simporé souhaiterait également voir devenir réalité, un musée sur les ruines de Loropéni. Pour tout cela, il faut des moyens financiers et ce n’est pas toujours évident, le budget alloué à la culture n’étant pas assez pour prendre en charge tous les secteurs, étant donné qu’au Burkina Faso, ce ne sont pas les priorités qui manquent. Les travaux du site ont été, selon Dr Simporé, interrompus entre-temps, pour cause de troubles socio-politiques qu’a connus le pays en 2014 et 2015 et seront repris, probablement en 2017. De grandes ambitions, Dr Lassina Simporé en a pour les Ruines de Loropéni, mais les financements font parfois défaut.

 

Le ministre Tahirou Barry choqué par l’état des infrastructures

 

Le projet Lobi-Fort-Or, objet de la visite ministérielle, est une mission pluridisciplinaire (géosciences, archéologie et ethnographie) qui a pour ambition de déterminer l’origine des enceintes fortifiées du pays lobi, de préciser leur fonction et de définir les réseaux commerciaux, structurels et sociétaux qui ont contribué à l’essor des populations anciennes. Ce programme de recherches consiste à confirmer l’activité des ruines de Loropéni, à évaluer leur potentiel archéologique et minier, à comprendre le lien entre ces structures fortifiées et leur territoire. Les recherches vont consister en des relevés topographiques détaillés sur l’ensemble du site et des sondages pour comprendre la structure, décrire l’architecture et faire des prélèvements (charbon pour anthracologie et datation). L’équipe de chercheurs présents sur le site comprend 4 Français, 5 Burkinabè, 1 Ivoirien et 10 étudiants burkinabè. Les travaux prendront fin le 9 juin prochain et le 26 juin, les Ruines célèbreront leur anniversaire avec, au menu, diverses activités. D’un budget de 1 milliard et demi de francs CFA, le projet est prévu pour durer quatre ans, soit de 2015 à 2018. En termes de perspectives, il est envisagé un colloque international autour des ruines, des publications scientifiques et de vulgarisation, des possibilités d’exposition, la participation à des colloques, un centre de formation archéologique, la mise en valeur du site, du matériel pour le site, une reconstitution 3D, une thèse de Doctorat et un Master.

A l’issue de la visite, le ministre Barry s’est dit choqué par l’état des bâtiments, en l’occurrence le magasin. Il a laissé entendre que les responsabilités seront situées afin que ces infrastructures qui ont coûté de l’argent à l’Etat soient restituées dans l’état requis. « Nous allons veiller à cela », a-t-il dit.  Il a noté que le ministère fera tout ce qui est dans la mesure de ses possibilités pour accompagner le projet Lobi-Fort-Or. Et d’ajouter : « Nous allons rechercher les moyens partout où ils se trouveront ». A son avis, le gouvernement va affecter une partie de son budget à la recherche parce qu’il y a un potentiel énorme de choses que l’on peut découvrir sur le site et qui vont contribuer à la valorisation de ce patrimoine.  

De retour du site des  ruines de Loropéni, une escale au Commissariat de police de Loropéni a permis aux visiteurs du jour de mettre une image sur ce lieu qui avait été attaqué par des individus armés non encore identifiés. Un commissariat confondu au marché de Loropéni, toute chose qui l’expose, selon le gouverneur du Sud-Ouest, à des attaques. Et celui-ci de plaider pour une délocalisation du commissariat dans un autre endroit. La dernière halte a été celle de Diébougou, le 31 mai, où les journalistes ont pu visiter la Guerre-Din-Guê, la grotte militaire de Diébougou, un autre patrimoine culturel du Burkina Faso, construit dans les années 1900.

 

Christine SAWADOGO

 

Le ministre Tahirou Barry à l’équipe de chercheurs qui travaille sur le site des Ruines de Loropéni

 

« Je tiens, au nom du gouvernement, à vous encourager et à vous féliciter pour l’important travail archéologique que vous êtes en train de faire. Le site de Loropéni est l’unique site du Burkina Faso qui est inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Cela veut dire qu’il nous tient à cœur et le travail que vous faites, au-delà du Burkina Faso, va servir à toute l’humanité. C’est à ce titre que nous tenons à vous traduire toute notre reconnaissance, à vous encourager et surtout à vous signifier tout besoin qui peut être nécessaire dans le succès de votre importante mission. Le ministère de la Culture sera toujours disposé à vous accompagner dans la mesure de ses possibilités, pour que ce travail soit véritablement porteur de succès. Merci et bon courage. »

 

Propos recueillis par S.C.

 

 

 


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