PROPAGATION DE LA VARIOLE DU SINGE EN AFRIQUE : Prévention et sensibilisation comme meilleures armes
Depuis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré le 14 août dernier que la variole du singe encore appelée variole simienne ou Mpox est devenue une urgence mondiale de santé publique, c’est le branlebas de combat pour éviter la flambée de cette maladie virale à travers la planète, alors qu’on n’a pas encore fini de parler de l’autre pandémie qui a confiné le monde entier en 2020, le coronavirus, en l’occurrence. Même le Pape François a tiré la sonnette d’alarme à l’occasion de la prière de l’Angélus le dimanche 25 août, et a exprimé sa solidarité envers les personnes et les pays touchés par cette maladie à transmission vectorielle particulièrement contagieuse. C’est vrai que l’agent pathogène qui provoque l’infection a été détecté depuis 1958 chez les singes du Danemark, et que le premier cas humain de la maladie a été découvert en 1970 en République démocratique du Congo (RDC), mais la variole du singe était jusqu’en 2022 méconnue par rapport aux autres épidémies qui ont endeuillé des régions entières du monde, alors qu’elle a plusieurs fois sévi dans les années 90, 2000 et 2010 en RDC, au Congo-Brazzaville, au Nigéria et en Centrafrique notamment. Cela s’explique probablement par le fait qu’elle soit moins mortelle que les autres maladies, et qu’elle survient de façon sporadique et isolée, notamment dans de petites localités en bordure forestière. Pour autant, la variole simienne ne doit pas être considérée comme une maladie banale ou bénigne, surtout pas par les Africains qui en ont toujours été les principales victimes en raison de leur laxisme, de leur manque d’anticipation ou de leur incapacité à prendre correctement en charge les malades.
La seule arme médicale contre le Mpox est le vaccin antivariolique
Ils doivent faire d’autant plus attention à cette épidémie que les données épidémiologiques récentes font état d’un taux de mortalité beaucoup plus élevé que les chiffres avancés jusqu’ici, et d’une multiplication des foyers du virus en Afrique et dans le monde. Des pays comme le Soudan du Sud, le Ghana, le Libéria, le Rwanda, le Burundi, et la Côte d’Ivoire, entre autres, ont récemment connu leurs premiers cas de variole simienne, et l’on redoute déjà une pandémie qui affecterait bientôt tout le continent en raison des frontières poreuses et du mode de contamination de la maladie. Rappelons, en effet, que la transmission du virus chez l’homme se fait par contact direct avec les personnes ou les objets infectés ou via les gouttelettes respiratoires de la personne porteuse du virus. La phase d’incubation est d’environ deux semaines, avant l’apparition des premiers signes de fébrilité (courbatures fièvre, céphalées, fatigue) et de la phase éruptive sous forme de tâches ou de croûtes sur l’ensemble du corps. La seule arme médicale contre ce mal est le vaccin antivariolique jadis administré à presque tous les enfants du continent, mais qui a malheureusement disparu de nos jours, en même temps que la variole humaine qu’il a fini par éradiquer dans les années 70. Heureusement qu’il existe d’autres méthodes moins onéreuses pour éviter la propagation exponentielle du virus, parmi lesquelles la prévention et la sensibilisation restent sans conteste les meilleures. Les pays africains doivent s’en servir à outrance et au plus vite afin de réduire les risques de contamination, et surtout le nombre de décès du fait de cette maladie qui, si l’on n’y prend garde, pourrait être aussi mortelle ou défigurante que les autres du même type, surtout en Afrique où les moyens curatifs n’existent presque pas.
Hamadou GADIAGA