HomeA la unePUBLICATION DU CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : C’est Kabila qui gagne  

PUBLICATION DU CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : C’est Kabila qui gagne  


 

Jamais dans l’histoire des Nations modernes, l’on a vu autant de tractations autour de la publication d’un calendrier électoral, comme ce fut le cas en République démocratique du Congo (RDC). Et cela suffit pour dire que la RDC est un pays qui marche sur la tête. Car, dans un pays normal, l’on n’a pas besoin de rameuter la terre entière à ce sujet. Et dans le débat qui a gagné le  monde entier à propos du calendrier électoral, deux tendances fortes s’affrontaient. Il y a d’une part celle qui est vent debout pour que la tenue des élections n’aille pas au-delà de 2018. Les tenants de cette date sont essentiellement les Etats-Unis d’Amérique et l’Union européenne. L’on peut illustrer cette tendance en évoquant la visite de l’ambassadrice de l’Oncle Sam, en fin octobre,  en RDC. Pour Nikki Haley, en effet, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, son pays n’acceptera pas que les élections aient lieu au-delà de 2018. Cette posture  sous-entend que Washington pourrait ne plus reconnaître le gouvernement de Joseph Kabila et entraîner dans son sillage d’autres pays. Les alliés traditionnels et inconditionnels des Américains, comme les Anglais, se retrouveront à coup sûr parmi ces pays.

Kabila peut boire son petit lait

De l’autre, nous avons le cas de ceux qui ne jurent que par 2019. Leur chef de file n’est autre que la Commission électorale indépendante. Celle-ci parlait d’élections au mieux en avril 2019. Et la championne du langage brumeux que représente l’UA (Union africaine), pourrait être rangée dans ce camp. En effet, selon un diplomate africain, cette structure a suggéré qu’il serait mieux que les élections se tiennent au plus tôt. Si cela est avéré, le doute n’est plus permis quant au parti pris de l’UA pour l’arbitraire et par voie de fait pour Joseph Kabila. Mais une chose est claire. La CENI a annoncé les élections pour décembre 2018. Mais celui qui sort gagnant dans tout ça, c’est incontestablement Kabila fils. Car, voici un président qui, en toute conscience,  a choisi de plonger son pays dans une crise, convaincu qu’il pourra entraîner tout le monde dans son piège. Aujourd’hui, il peut boire tranquillement son petit lait. Car, son objectif spécifique a été atteint. Kabila peut d’autant plus sauter le champagne pour savourer sa victoire pour deux raisons. La première est qu’il sait que les motivations de la communauté internationale, avec à sa tête les Etats-Unis d’Amérique, ne sont pas liées à la défense de la démocratie dans son pays. Si tel était le cas, la même communauté  internationale n’aurait pas hermétiquement fermé les yeux et les oreilles sur l’assassinat en règle et systématique de tout ce qui s’apparente à la démocratie dans tous les pays de l’Afrique centrale et des Grands Lacs. Les exemples les plus emblématiques sont le Congo de Sassou Nguesso, le Rwanda de Paul Kagame, l’Ouganda de Yoweri Museveni et le Burundi de Pierre Nkurunziza. Pour tous ces pays, la communauté internationale avait commencé par élever la voix pour se  donner bonne conscience face aux excès des potentats qui les dirigent.  Elle a fini par se dégonfler comme un ballon de baudruche pour tolérer l’inacceptable qui s’y déroule aujourd’hui. Kabila observe tout cela avec intérêt, car il sait qu’il n’est pas le seul mouton noir en matière de démocratie dans la zone.

La dictature de Joseph Kabila a encore de beaux jours devant elle

Pour comparer les choses, ce qui se passe en RDC est peut-être moins répugnant que ce qui se passe au Burundi de celui qui tient la bible d’une main et  la guillotine de l’autre, c’est-à-dire le plus que sulfureux pasteur Nkurunziza. Kabila sait par ailleurs qu’il lui suffit de concéder quelques mines à exploiter aux pays qui  assurent le leadership de la communauté internationale pour que ceux-ci retournent subitement leur veste pour le compter parmi leurs amis. En dictateur intelligent, il a certainement appris cette leçon par cœur. De ce point de vue, Kabila a l’antidote, peut-on dire, de la  communauté internationale. L’autre raison qui explique la sérénité de la dictature de Kabila, est liée à l’attitude de son opposition politique. Celle-ci, en effet, montre des signes de nanisme politique au point que l’on doit beaucoup hésiter avant de lui accorder le moindre crédit. Le premier signe de cela est de croire qu’à partir de Bruxelles où se trouvaient réunis au moment où nous tracions ces lignes, Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi et autres, elle peut aller, avec plus de succès, à l’assaut de la citadelle fortifiée de la satrapie de Kabila fils. L’opposition congolaise oublie par-là, qu’elle donne des arguments au dictateur de dénoncer un complot ourdi avec l’ancienne puissance coloniale contre la RDC. Et tous ceux qui se réclament aujourd’hui des idées de nationalisme proférées à l’époque de la lutte pour affranchir le Congo du joug belge par Patrice Lumumba, pourraient se laisser séduire par cet argument. Et il ne faut pas oublier que par moments, Joseph Kabila ne se gêne pas de revendiquer l’héritage de cette figure emblématique de la lutte pour la liberté et la dignité. L’autre caractéristique de l’opposition politique congolaise qui permet de douter de son sérieux, est la propension qu’ont ses acteurs à se battre comme des chiffonniers autour des postes que le pouvoir, par stratégie, leur jette à la face. Dans ce pays-là, l’on peut avoir l’impression que l’opposition a laissé la  proie pour jeter son dévolu sur l’ombre. Dans ces conditions, l’on peut même se risquer à affirmer que la dictature de Joseph Kabila a encore de beaux jours devant elle. Cette inquiétude est d’autant plus pertinente que le dictateur, de sa propre bouche, n’a jamais dit qu’il ne modifierait pas la Constitution pour s’accrocher au pouvoir. De tout ce qui précède, le seul rempart à Joseph Kabila n’est ni  l’opposition politique encore moins la  communauté internationale. De cela, Kabila en a fait une conviction. Il reste au peuple congolais à prendre la vraie mesure des choses et à se donner les moyens qu’il faut pour briser ses chaînes. Malheureusement, dans cette partie de l’Afrique, l’on peut faire le constat que ce genre de combat est le cadet des soucis des peuples. Ces derniers préfèrent se battre pour ressusciter les vieux  empires bantous plutôt que de se dresser résolument contre Museveni, Nkurunziza, Kabila. Et la liste est loin d’être exhaustive.

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire… Un Sac Vide Ne peu Pas se mettredebout. Ns avons besoin D’une Alternance Dans ce Pays.

    6 novembre 2017

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