QUADRUPLE ATTENTAT-SUICIDE A MAÏDUGURU : Quand le monstre Boko Haram reprend du poil de la bête !
Maïduguru, devenu maintenant le berceau des djihadistes de Boko Haram, a encore été secouée, le mardi 11 juillet dernier, par un quadruple attentat-suicide faisant 19 morts dont les quatre femmes kamikazes qui ont déclenché leurs explosifs dans des endroits différents de la ville. Cette fois-ci, les cibles des terroristes semblaient être essentiellement les miliciens de “civilian JTF” dont le porte-parole a annoncé la mort de 12 des leurs. Disons que les membres de ‘’civilian JTF’’ soutiennent les forces armées régulières nigérianes dans la lutte contre Boko Haram et gèrent des postes de contrôle dans la localité. Toutes proportions gardées, il faut souligner que ce quadruple attentat-suicide vient rappeler, si besoin en était encore, que le ‘’monstre’’ est en train de reprendre du poil de la bête. Certes, la Force multinationale mixte (FMM) a permis de réduire la voilure d’Aboubacar Shekau et sa bande de sicaires, en les chassant de la plupart des territoires qu’ils contrôlaient, mais l’hydre est loin d’être anéantie. Et depuis le mois de juin dernier, les islamistes de Boko Haram ne cessent d’envoyer des signaux forts à Abuja et à la communauté internationale, qu’ils sont toujours là et ont toujours la capacité de faire mal, eu égard à la fréquence des attentats-suicides. Faisons-en la macabre comptabilité pour remémorer quelques sinistres faits de Boko Haram courant le mois dernier : 18 juin 2017, trois attentats-suicides coordonnés survenus dans un camp de déplacés de la périphérie de Maïduguri ont fait 24 morts. 24 et 25 juin, huit soldats tchadiens et neuf Nigérians périrent en pleine célébration de l’Aïd el-Fitr, à la suite d’une série d’attaques coordonnées sur cinq îles nigérianes du Lac Tchad et à l’Université de Maïduguri. C’est dire donc que l’attentat-suicide de mardi dernier est le troisième, en moins d’un mois.
Le combat est loin d’être terminé
Affaiblis et militairement mis en déroute, ces djihadistes qui, à leur actif, ont fait plus de 20 000 morts en quelques années, ont décidé de s’adonner à des actes de désespoir à travers les attentats-suicides et kamikazes. C’est pourquoi la vigilance doit toujours être de mise, étant entendu qu’en la matière, et faut-il le rappeler, le terrorisme se moque des frontières physiques et matérielles entre Etats. Certes, de nombreux efforts en matière de lutte contre le terrorisme ont été faits depuis l’avènement de Buhari au pouvoir, mais il en faut plus pour anéantir complètement l’hydre terroriste sous peine de voir le Nigeria se transformer en un Afghanistan sous-régional. Et pour y parvenir, il faudra qu’en plus de la solution militaire qui apparaît pour le moins inévitable, les dirigeants nigérians initient des projets de développement aux fins de résorber l’épineuse question du chômage qui fait de nombreux jeunes, des proies faciles pour les djihadistes. Cela dit, toute la sous-région ouest-africaine est interpellée, car quand le Nigeria tousse, nombreux sont les Etats africains qui s’enrhument. La preuve en avait été donnée avec la dévaluation du Naira qui, il faut le dire, a affecté un tant soit peu l’économie de certains pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Et le combat est loin d’être terminé.
« Le Pays »