RADIATION DE SOLDATS SUITE A L’ATTAQUE DE LA PRISON CENTRALE DE CONAKRY : Attention à l’effet boomerang !
L’actualité en Guinée Conakry, est très dynamique. En effet, le 4 novembre dernier, au petit matin, ce sont des tirs d’armes automatiques qui avaient réveillé les habitants de la capitale qui ne comprenaient pas ce qu’il se passait. Il s’agissait en réalité d’une opération commando minutieusement préparée pour faire évader des détenus de haut rang, de la prison centrale de Conakry. Et les concernés sont l’ancien président, Moussa Dadis Camara, son secrétaire d’Etat chargé des services spéciaux, de la lutte anti-drogue et du grand banditisme, Moussa Tiegboro Camara, le colonel Blaise Goumou et le colonel Claude Pivi, tous poursuivis dans le dossier du 28 septembre. Vingt-quatre heures après cette tentative d’évasion ou d’enlèvement, c’est selon, le président de la Transition guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya, n’a pas fait dans la dentelle. Il a aussitôt pris une série de décrets radiant des effectifs de l’armée, ces quatre officiers qui ont tenté ou ont été forcés de se soustraire (si l’on en croit l’un de leurs avocats) à la Justice. Cette mesure présidentielle a concerné d’autres frères commando. On parle de 80 soldats radiés au lendemain de l’opération commando. Cette décision de l’actuel homme fort de la Guinée, suscite quelques inquiétudes.
En effet, ce n’est un secret pour personne qu’il y a des divisions au sein de l’armée guinéenne, pour ne pas parler de clans. Une telle opération d’envergure, a-t-elle pu être préparée sans que les autorités de la Transition n’aient été à l’avance informées ? Ou ont-elles été surprises comme les habitants de ce quartier qui abrite la prison où sont détenus les officiers ? Rien n’est à exclure dans l’absolu d’autant qu’il peut s’agir d’une stratégie adoptée dans le but d’opérer par la suite, une purge contre ceux qui ne seraient pas favorables au régime.
En attendant les résultats de l’enquête en cours, il y a de quoi être sérieusement perplexe
Toujours est-il que la grande partie des soldats radiés, sont ceux qui étaient de garde. La prison étant sous vidéo- surveillance, les autorités ont eu recours aux images pour sévir.
Sans aucun doute, des complicités, il y en a eu. Sinon, il est inconcevable qu’un commando vienne de l’extérieur pour libérer aussi facilement des détenus dans une prison considérée comme la plus grande du pays et la mieux surveillée.
En tout cas, en attendant les résultats de l’enquête en cours, il y a de quoi être sérieusement perplexe. En effet, Claude Pivi et son fils qui l’aurait aidé à s’échapper, sont dans la nature. Et qui connait leurs capacités de nuisance, sait que cela n’augure rien de bon pour la suite des événements. Ces deux qui connaissent le fonctionnement de l’armée, en plus de ceux qui viennent d’être radiés, sans oublier les autres officiers mis à la retraite anticipée par Mamadi Doumbouya après sa prise de pouvoir par la force, peuvent se coaliser contre lui et son régime. Alors, attention à l’effet boomerang !
Du reste, le 6 novembre 2023, devrait reprendre le procès du 28 septembre. C’est un procès dont l’issue est très attendue. Mais à cause d’un acte isolé, l’audience suspendue le restera jusqu’au 13 novembre. Il s’agit d’un boycott lancé par les avocats, suite à une violence physique dont a été victime un de leurs confrères. Il a été giflé par le procureur par intérim, Sékou Camara, dans un autre dossier qui n’a rien à voir avec celui du 28 septembre. C’est donc ce boycott lancé par les hommes en robe noire, qui va encore retarder le déroulé du procès.
Ce procureur qui devrait montrer l’exemple et qui a failli, sera-t-il sanctionné pour l’exemple ? L’avenir nous le dira.
Edoé MENSAH-DOMKPIN