RAMADAN SUR FOND DE VIOLENCES MEURTRIERES AU NIGERIA ET AU TCHAD : Qui pour arrêter Boko Haram ?
Huit soldats tchadiens tués et neuf morts au Nigeria ! C’est le triste bilan d’une série d’attaques coordonnées, perpétrées par des éléments de Boko Haram sur cinq îles nigérianes du Lac Tchad et à l’Université de Maïduguri. C’étaient les 24 et 25 juin derniers, alors que les fidèles musulmans célébraient la fête de l’Aïd el-Fitr, marquant la fin d’un mois de pénitence. Franchement, le groupe islamiste Boko Haram voudrait encore faire parler de lui qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Car, pour un ramadan sanglant, c’en était un pour les communautés musulmanes du Nigeria et du Tchad déjà fort éprouvées par la récurrence des attaques djihadistes. A preuve, pas plus tard que mi-juin, des attentats-suicides coordonnés avaient fait 16 morts dans un camp de déplacés où vivent plus de 10 000 personnes à la périphérie de la capitale du Borno. Un autre village, plus au Sud, avait été victime d’un raid meurtrier, tuant cinq civils. Du côté du Tchad, on se rappelle qu’en début du mois en cours, neuf soldats avaient péri au cours d’une attaque contre un poste militaire sur les rives Nord du lac Tchad. On peut multiplier les exemples. Car, depuis deux ans, chassés de la plupart des territoires qu’ils contrôlaient, les islamistes insurgés ont multiplié les attaques et les attentats-suicides. Certes, la Force multinationale mixte (FMM) a permis de réduire la voilure de Aboubacar Shekau et sa bande de sicaires, mais cela ne saurait constituer un motif de satisfaction pour le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad pour dormir sur leurs lauriers. Le combat est loin d’être terminé. Et à l’allure où vont les choses, il faut craindre que le monstre ne reprenne du poil de la bête.
Le terrorisme ne connaît pas de frontières
D’autant que le Tchad dont l’armée est l’une des plus aguerries de la région en matière de lutte contre le terrorisme, menace de retirer ses troupes des théâtres des opérations, en l’occurrence au Niger, au Cameroun et au Mali. Pour le président Idriss Deby, « tout cela coûte excessivement cher ». Or, poursuit-il, le Tchad qui fait face à une sévère crise économique et sociale, aggravée par la faiblesse des cours du pétrole, « n’a pas du tout été soutenu sur le plan financier et économique ». « Si ça continue, le Tchad sera dans l’obligation de se retirer », a-t-il conclu. Si pour les uns, il s’agit là d’un langage de vérité, d’autres y voient un pur chantage visant à pousser les Occidentaux à cracher au bassinet pour venir en aide au Tchad qui est en passe d’être un allié sûr au Sahel. Quoi qu’il en soit, Deby doit se le tenir pour dit. Le terrorisme ne connaît pas de frontières. Si fait que même les pays comme la France, les Etats-Unis, l’Angleterre, pour ne citer que ceux-là, qui semblent mieux logés en matière de lutte contre le terrorisme, n’y échappent pas. Cela dit, le pire pour le Tchad serait de retirer ses troupes des opérations militaires internationales. Car, aucun pays, au regard du contexte mondial et sous-régional, ne saurait vivre en autarcie. Seule vaut une synergie d’actions basée sur une mutualisation des efforts en termes de renseignements.
B.O