RAPPORT ACCABLANT DE L’IGF CONTRE DES SERVICES DU MINISTERE DE LA SANTE EN RDC
Les rapports de l’Inspection générale des finances (IGF) se suivent et se ressemblent en République démocratique du Congo (RDC). En effet, après le rapport sur l’échec du Parc industriel de Bukanga Lonzo, qui a finalement été transmis à la Justice, la structure chargée du contrôle de la gestion des deniers publics vient d’épingler 5 unités du ministère de la Santé. Il s’agit, pour ne pas les nommer, du Programme élargi de vaccination (PEV), du Projet de développement du système de la santé (PDSS), de la Cellule d’appui et de gestion financière (CAGP), du Programme national de santé de la reproduction (PNSR), et du Fonds de développement des services de santé (FDSS), où des anomalies portant sur la gestion des finances, l’administration, la logistique et les ressources humaines, ont été constatées sur la période allant de 2016 à 2021. Au total, ce sont près de 300 millions de dollars qui ont été détournés dans un pays où l’accès à la santé, quoique reconnu comme un droit constitutionnel, demeure une vue de l’esprit. Tant ils sont nombreux les Congolais qui croupissent dans la misère et qui peinent à s’offrir un seul repas par jour à plus forte raison à se soigner convenablement. Peut-il en être autrement lorsque ceux-là qui sont commis à la gestion de la chose publique, se croient tout permis au point qu’ils pillent souvent les biens destinés à certains projets de développement ?
Le combat de la bonne gouvernance mérite d’être mené en RDC
C’est le cas, par exemple, des Etablissements d’utilité publique (EUP) des divisions provinciales de santé à Mongala, Haut-Lomami, Bandundu et Katanga où, selon l’IGF, des « vols récurrents » ont été enregistrés mais qui n’ont malheureusement jamais été suivis de sanctions. Tout se passe, en effet, comme si certains Congolais se soucient de la santé de leurs compatriotes comme d’une guigne. Seuls comptent leurs intérêts. Peu importe si périssent les autres, pourvu qu’eux s’en mettent plein les poches. D’où la nécessité, pour le président Félix Tshisékédi, de secouer le cocotier. Certes, on sait que le combat pour la bonne gouvernance n’a jamais été un fleuve tranquille puisqu’il provoque généralement des grincements de dents. Mais il mérite d’être mené en RDC où la corruption et les détournements des deniers publics ont pignon sur rue. Il est vrai que le président Tshisékédi avait déjà annoncé la couleur en livrant son directeur de cabinet reconnu coupable de manquements graves dans la gestion des finances publiques, et condamné à de lourdes peines d’emprisonnement. Mais il se doit de mettre un point d’honneur à aller plus loin. Car, des filous, il y en a beaucoup dans l’Administration publique congolaise qui a besoin d’être assainie. Tshisékédi le peut-il seulement quand on sait que l’on est à la veille de la présidentielle et que le fils de l’autre a déjà annoncé son intention de briguer un nouveau mandat ? On attend de voir. Car, les Hommes politiques ont parfois leur raison que la raison ignore.
B.O