HomeA la uneRAPPROCHEMENT ENTRE CUBA ET LES ETATS-UNIS : C’est le dernier mur de la guerre froide qui tombe

RAPPROCHEMENT ENTRE CUBA ET LES ETATS-UNIS : C’est le dernier mur de la guerre froide qui tombe


En 1959, Fidel Castro et ses « barbudos » s’emparent du pouvoir à Cuba et provoquent la chute du régime pro-américain de Batista. Devenus maîtres désormais de l’île, les guerrilleros posent des actes de nationalisation de banques et autres structures économiques privées, appartenant pour la plupart à des opérateurs américains.

Depuis lors, cette île des Antilles au sud de la Floride, est vouée aux gémonies par les USA. Ainsi, d’escalade en escalade et sans pitié, l’Oncle Sam a tout imaginé, entrepris, pour punir le régime castriste. Mais le peuple cubain dont il faut saluer le courage et le sens de la dignité, s’est toujours dressé contre toutes les tentatives de déstabilisation du grand et puissant voisin. Le moins que l’on puisse dire est que l’addition de son choix de s’émanciper de la férule américaine a été salée. Mais le peuple cubain l’a payée dans l’honneur. Toutefois, que de dégâts ! En effet, pendant plus d’un demi-siècle, les relations entre les deux pays ont été empreintes de suspicions et de préjugés, qui ont fini par dresser un véritable mur entre les deux peuples qui sont pourtant si proches, au regard de la géographie et de l’histoire. C’est pourquoi l’on peut déjà se réjouir de l’annonce faite par les deux capitales de se rapprocher diplomatiquement. Cette volonté mutuelle de rapprochement, au-delà du fait qu’elle peut être perçue comme l’effondrement du dernier mur de la guerre froide après celui du mur de Berlin, pourrait être très bien accueillie par l’Afrique pour bien des raisons.

D’abord, les Africains peuvent lire ce rapprochement entre les deux pays comme un début de réparation d’une injustice qui n’a que trop duré, faite au peuple cubain dont le seul péché a été de s’être accaparé des leviers de son destin en 1959.

Ensuite, l’Afrique et Cuba ont des liens culturels très forts dont les origines remontent à l’esclavage. Cette proximité culturelle dont la manifestation la plus significative est la musique afro-cubaine, a noué des relations affectives très intenses qui ont pu résister au temps et à l’éloignement géographique. Enfin, l’Afrique a une dette morale vis-à-vis de Cuba. En effet, ce pays s’est illustré sur le continent noir par des actions concrètes en faveur de la lutte de libération de bien des pays et de leur développement. Ce soutien de tous les instants est d’autant plus à saluer que Cuba a envoyé ses fils verser leur sang pour réparer des torts auxquels ils étaient totalement étrangers. Son combat contre l’apartheid aux côtés des Africains, à un moment où l’Occident se faisait complice de ce régime ignoble, a, entre autres, contribué à installer ce pays dans le cœur de l’Afrique combattante et progressiste, tant et si bien que la jeunesse africaine de l’époque et même d’aujourd’hui, se reconnaissait en Fidel Castro et en son camarade de lutte, le médecin d’origine argentine Ernesto Che Guevara. Le mythe de ce dernier est d’ailleurs resté intact en Afrique, et ce, plus de 40 ans après sa mort dans le maquis bolivien où il était engagé, au nom de l’international révolutionnaire.

Il reste à souhaiter que ce rapprochement aille jusqu’au bout

L’Afrique combattante, notamment sa frange scolaire et estudiantine de cette époque, ne peut pas oublier l’apport de Cuba au cheminement difficile de certains pays du continent noir vers la liberté et la dignité. Et que dire de ces milliers d’Africains dont la formation professionnelle a été prise en charge par le peuple cubain ?

L’on peut ajouter à cela, dans cette année même, l’envoi d’agents de santé cubains en Afrique de l’Ouest, pour aider, sur le terrain, les pays touchés par la fièvre rouge, à prendre en charge les personnes infectées par le virus. Ce gros risque, il fallait bien le prendre et Cuba l’a pris, se démarquant ainsi de tous ceux qui croient que les moyens financiers et les paroles de compassion suffisent pour venir à bout de cette terrible maladie.

Cela dit, l’annonce du rapprochement entre Cuba et les USA, est déjà une victoire pour les deux peuples et un acte qui fera date dans l’histoire, même si l’on ne doit pas écarter le risque de voir le Congrès américain, actuellement dominé par les Républicains dont l’anti-castrisme est viscéral, travailler à ce qu’il n’aboutisse pas à une normalisation effective, marquée par la levée de l’embargo entre les deux pays.

Toutefois, l’implication personnelle du Pape François dans ce rapprochement, qui se situe dans la même lignée que celle d’un de ses illustres prédécesseurs, Jean Paul II, qui a joué un rôle déterminant dans la chute du mur de Berlin, permet d’être optimiste quant aux chances de voir ce projet porté par les deux pays aboutir à une nouvelle ère de fraternité et de coopération gagnant-gagnant. Au regard des opportunités d’échanges potentiels entre les deux peuples, l’espoir est permis. Il reste à souhaiter que ce rapprochement auquel l’on assiste aujourd’hui, aille jusqu’au bout, dans l’intérêt non seulement des deux peuples, mais aussi dans celui de tous les peuples qui, de part le monde, s’observent aujourd’hui en chiens de faïence, à commencer d’abord par les Israéliens et les Palestiniens.

Pousdem PICKOU


Comments
  • C’est encore une bonne nouvelle, après la chute du tyran Blaise COMPAORE

    19 décembre 2014
  • Free at last ! Free at last !
    Entre voisins on est condamné à se parler et à partager tout en bien comme en mal.
    Le brother OBAMA a pris la bonne décision, il reste aux politiciens du SENAT et de la Chambre des Représentants de revenir à la raison. Somos todos americanos ! Ces frères cubains si prompts à partager les souffrances des africains ne méritent pas cet embargo, cet isolement, cette haine.
    Lo haré Habana con OBAMA !

    22 décembre 2014

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