HomeA la uneRAPT DE LYCEENNES DE CHIBOK : Un an après, le mystère reste entier

RAPT DE LYCEENNES DE CHIBOK : Un an après, le mystère reste entier


Le 14 avril 2014, la secte islamiste Boko Haram réussissait un exploit inédit à Chibok, dans le Nord-Est du Nigeria : l’enlèvement de 276 lycéennes, au nez et à la barbe des forces de sécurité nigérianes. Cette action spectaculaire de la secte avait provoqué l’émoi dans le monde entier, principalement parce que dirigée contre des enfants. Et la mobilisation internationale qui s’en était suivie, avait laissé croire qu’Abubakar Shekau et sa bande de criminels avaient franchi le Rubicon et que leurs jours étaient comptés. Mais un an après, toujours pas de traces des disparues. Le mystère reste entier. Et c’est là que le bât blesse. Car, si cette situation traduit l’incurie de la classe dirigeante nigériane, elle n’en reflète  pas moins l’impuissance voire une certaine lâcheté de la communauté internationale qui, passés les premiers moments d’émotion, semble avoir abandonné ces enfants à leur triste sort. Est-ce parce que ce sont des enfants africains ? En tout cas, il est inimaginable qu’aujourd’hui, une telle situation puisse se produire en Europe ou en Amérique et que l’on mette tant de temps sans aboutir à des résultats. En effet, comment comprendre que malgré tous les moyens technologiques, l’on ne soit pas capable de localiser ces lycéennes ? Comment, en ce XXIè siècle, un groupe d’humains peut-il disparaître de la sorte, sans laisser la moindre trace ? En tout cas, cette situation est un véritable camouflet pour la communauté internationale et il est simplement inadmissible qu’Abubakar Shekau et sa bande de criminels puissent continuer à narguer le monde entier de la sorte. Ou alors, cela voudrait tout simplement dire que l’humanité a encore des pas et d’énormes progrès à faire, à supposer que la volonté d’agir y soit. Et c’est ce qui fait croire qu’en dehors des familles des fillettes, le sort de ces lycéennes préoccupe peu ; toute chose qui expliquerait que la mobilisation se soit quelque peu estompée.

La situation de ces adolescentes est une interpellation permanente de la conscience collective

Pourtant, il y a lieu de craindre pour ces adolescentes, car ce n’est pas dans les habitudes de Boko Haram, de laisser des survivants derrière elle. Et ce n’est pas maintenant que la secte est aux abois, pratiquement traquée dans ses derniers retranchements, qu’elle risque de changer ses habitudes.

Quoi qu’il en soit, la situation de ces adolescentes est une interpellation permanente de la conscience collective. Principalement celle des autorités nigérianes et de toutes ces puissances qui ont les moyens d’agir. C’est pourquoi  la défaite cuisante de Goodluck Jonathan à la présidentielle et aux élections locales sonne comme une sanction du peuple nigérian, car le sort de ces jeunes filles est symptomatique du calvaire de ses compatriotes face à l’échec de sa politique sécuritaire. Lui qui était plus préoccupé par sa réélection qu’à lutter efficacement contre ces illuminés  qui se sont aussi illustrés  dans des massacres à la pelle de civils  innocents.

Avec l’élection du nouveau président Muhammadu Buhari, l’on se reprend à espérer que ces filles seront retrouvées. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions. Quelles que soient sa volonté et sa détermination, Muhammadu Buhari ne pourra pas faire de miracles. Il l’a du reste lui-même laissé entendre dans une de ses récentes sorties. En outre, le temps a eu le temps de faire son effet, ce qui complique davantage la situation. Et même si les filles étaient encore en vie, rien ne dit qu’elles sont toujours gardées ensemble. Mais une chose est sûre, après tout ce temps passé aux mains de ces psychopathes, il est plus que probable  que ces filles soient physiquement et psychologiquement atteintes. Leur vie est à jamais brisée. Pour cela et pour bien d’autres crimes, Abubakar Shekau et sa bande ne sauraient rester impunis.

Outélé KEITA


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