RCA :Samba-Panza et son co-pilote Kamoun dans une zone de turbulences
L’équipe du Premier ministre centrafricain, Mahamat Kamoun, est connue. Elle a été rendue publique, le 22 août dernier, et comprend 31 membres, contrairement au gouvernement sortant d’André Nzapayéké qui en comptait une vingtaine. Mais à peine le gouvernement a-t-il été formé qu’il fait l’objet de critiques de toutes parts, si fait que l’on se demande si l’attelage Samba-Panza/ Kamoun fera long feu.
Catherine Samba-Panza a réussi à faire l’unanimité contre elle
En effet, aucun représentant du parti politique de l’ancien président François Bozizé, ne fait partie de cette nouvelle équipe dont l’une des missions essentielles est de réconcilier les Centrafricains avec eux-mêmes, à travers l’organisation d’élections libres et apaisées. Même les rebelles de la Séléka, l’un des principaux acteurs de la crise centrafricaine, n’y sont pas représentés. Ils disent ne pas se reconnaître dans l’homme que dame Catherine Samba-Panza et son Premier ministre ont copté au nom de la coalition Séléka. Et comme pour ne rien arranger, le président de la ligue centrafricaine des droits de l’Homme dit aussi n’avoir mandaté personne, au nom de la Société civile, pour siéger au sein de ce nouveau gouvernement. C’est tout dire. On n’est pas encore sorti de l’auberge. Le bout du tunnel est encore loin. A quoi donc auront servi les accords de Brazzaville ? Comment, dans ces conditions, Kamoun et son équipe pourront-ils travailler? Autant de questions que l’on peut se poser mais auxquelles il est, pour l’instant, difficile de répondre. Toujours est-il que la présidente Catherine Samba-Panza a réussi à faire l’unanimité contre elle. Du reste, elle donne même l’impression de n’en faire qu’à sa tête, si bien que l’on se demande si elle n’oublie pas parfois ce pour quoi elle a été élue à la tête de l’Exécutif. Le tout n’est pas de mettre en place un gouvernement, mais il faut s’assurer que certaines conditions optimales sont réunies pour lui permettre de travailler sereinement.
Reste à savoir si la présidente a les moyens de sa politique
Plutôt que de faire dans la précipitation, Catherine Samba-Panza aurait dû travailler à aplanir certaines difficultés, afin de faciliter la mise en place d’une équipe consensuelle dans laquelle se reconnaîtront toutes les sensibilités. Cela aurait eu l’avantage de faire avancer la machine de la réconciliation en panne, du fait de la violence qui caractérise la RCA. En effet, on ne le sait que trop bien. Aucune sortie de crise ne peut, à ce jour, être envisagée en RCA, si les desiderata de la Séléka et des anti-balaka qui sont d’ailleurs les principaux acteurs de la crise, ne sont pas pris en compte. C’est dire que Catherine Samba-Panza doit faire de la recherche du consensus la priorité de toutes ses actions, elle qui, faut-il le rappeler, doit aussi son avènement au pouvoir à un consensus. Il ne faut donc pas qu’elle donne l’impression d’être en train de diviser davantage les Centrafricains, à travers la formation de ce nouveau gouvernement dont le Premier ministre lui-même, on le sait, est contesté par une partie de la classe politique. Car, à l’allure où vont les choses, il n’est pas exclu que la classe politique et la société civile en viennent, un jour, à demander le départ de la présidente du pouvoir. C’est vrai, dira-t-on, la présidente Catherine Samba-Panza aura fait preuve de fermeté en refusant de céder à la pression de la communauté internationale et d’une partie de classe politique, et ce, en formant en toute souveraineté son équipe. Reste maintenant à savoir si elle a les moyens de sa politique. Car, le contexte actuel de la RCA requiert moins de la condescendance que du pragmatisme, pour ne pas en rajouter à cette situation déjà complexe.
Boundi OUOBA