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REACTION DES AUTORITES IVOIRIENNES CONTRE LE MANDAT D’ARRET CONTRE GUILLAUME SORO : La raison d’Etat s’imposera-t-elle ?  


 

Le mandat d’arrêt international lancé par la Justice burkinabè contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans l’affaire du coup d’Etat avorté du 16 septembre 2015, n’a pas laissé indifférentes les autorités ivoiriennes. En effet, dans un communiqué rendu public, la Présidence ivoirienne a regretté que la procédure n’ait pas suivi les règles en la matière et compte régler la question par la voie diplomatique. Réuni en session extraordinaire, hier, 20 janvier 2016, le bureau de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire a embouché la même trompette, estimant que ce mandat d’arrêt « bafoue non seulement l’immunité parlementaire dont bénéficie Soro, mais aussi pourrait sacrifier sur l’autel de la politique les intérêts des deux peuples (burkinabè et ivoirien) qui ont une longue tradition d’amitié et de fraternité ». Pourtant, le pouvoir ivoirien, on le sait, avait pourtant fait profil bas aux premières heures, lorsque Guillaume Soro a été cité dans le coup d’Etat sur fond d’écoutes téléphoniques avec le général Djibrill Bassolé, avant de confier plus tard qu’il règlerait ce problème avec Ouagadougou. Il faut rappeler qu’ADO n’avait pas condamné le coup d’Etat du 16 septembre 2015 qui visait à ramener au pouvoir, les partisans de Blaise Compaoré en exil à Abidjan. Tout porte à croire que ADO n’est pas disposé à  accompagner le Burkina dans le sens de la justice, puisqu’il montre qu’il a des intérêts plus forts avec des individus qu’avec l’Etat burkinabè. En fait, on ne le sait que trop bien, le président ivoirien doit son arrivée au pouvoir à Guillaume Soro et à celui qui est devenu son hôte de marque depuis un an  et à qui il vient de donner la nationalité ivoirienne, Blaise Compaoré. ADO sait plus que quiconque que Soro et Compaoré constituent des étais sûrs pour la durée voire la survie de son pouvoir. Il ne va donc pas scier la branche sur laquelle il est assis en se désolidarisant de son poulain Soro, en le mettant à la disposition de la Justice burkinabè. Même avec la France où un juge avait émis un mandat d’amener contre Soro, ADO n’avait pas obtempéré et avait estimé que ce mandat était illégal. On comprend donc sa volonté d’utiliser l’option diplomatique pour résoudre le problème dans le souci de préserver les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. C’est peut-être le moindre mal. Mais il est bon de retenir qu’en vérité, il n’y a pas de problèmes entre les deux peuples ivoirien et burkinabè. Seul le pouvoir du leader ivoirien se trouve mouillé dans l’affaire du coup d’Etat au Burkina. Les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo ne sont du reste pas opposés au mandat d’arrêt contre Soro.  Et ce qui peut unir le camp du Front populaire ivoirien (l’aile radicale notamment) et le pouvoir d’ADO, c’est bien le sentiment anti-burkinabè. Il est de ce fait impérieux de mettre tout en œuvre pour qu’une fois de plus, ce passé ne ressurgisse pas, vu que cette haine du camp Gbagbo envers les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire avait fait d’énormes dégâts sur quasiment tous les plans.

A ce jour, il y a encore un très grand nombre de Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire. Si l’option diplomatique dans la résolution du problème Soro peut éviter de mettre en danger le sort des Burkinabè de Côte d’Ivoire, ce sera tant mieux, en attendant que le temps fasse son œuvre. Car, ni ADO ni Soro ne sont éternels et tôt ou tard, les obstacles seront levés et la Justice rattrapera ses potentiels clients. En politique, les peuples s’identifient à leurs leaders. Si les leaders des deux pays ne s’entendent pas, les peuples des deux pays peuvent connaître des moments de désaccords qui affecteront gravement leurs relations. Juger  Soro aujourd’hui, pourrait ouvrir la boîte de Pandore. Mais régler l’affaire par voie diplomatique, ce sera sans doute aller contre l’esprit de l’insurrection populaire au Burkina. Et cela ne sera pas sans conséquences pour l’image du président Roch.  Alors que faut-il faire ? Assurément, Roch Marc Christian Kaboré pourrait se trouver devant un grand dilemme.

Lonsani SANOGO


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