RECRUDESCENCE DES ATTAQUES TERRORISTES : Le temps joue contre Damiba
Le 20 mars dernier, au moins treize soldats ont été tués dans une embuscade à Natiaboani au Nord de la ville de Fada N’Gourma, sur l’axe Fada-Pama. C’est une grosse perte quand on sait qu’au-delà de la valeur inestimable de toute vie humaine, la formation et l’entretien des hommes coûtent très cher. Malgré le changement de régime, le décompte macabre se poursuit régulièrement, au point que certains commencent à se demander si le problème était vraiment le président Roch Kaboré. Les militaires qui ont pris le pouvoir le 24 janvier dernier, ont moins d’excuses parce que la défense du territoire, c’est leur métier, et la plupart d’entre eux étaient sur les théâtres d’opérations sous le régime précédent. Ils sont donc censés connaître la situation qui prévaut réellement sur les différents terrains à sécuriser. Depuis 2016, les terroristes utilisent les mêmes méthodes. Ce sont des embuscades, des mines anti-personnelles, des assassinats aveugles ou ciblés. On peut s’étonner que les mêmes méthodes continuent de produire des résultats sans que les Forces de défense et de sécurité (FDS) aient trouvé le moyen d’y faire face. C’est à croire qu’elles n’ont pas de stratégie efficace pour faire face au phénomène. L’ancien Premier ministre, Christophe Marie Joseph Dabiré, avait reconnu publiquement et humblement qu’il n’avait pas de stratégie. Qu’en est-il des nouveaux dirigeants ? S’ils n’ont pas de stratégie adaptée, pourquoi alors avoir pris le pouvoir sous le prétexte de la dégradation de la situation sécuritaire ?
Les Burkinabè ont davantage besoin d’être rassurés
On peut, cependant, saluer l’opération salutaire qui se mène actuellement à Djibo pour sécuriser la ville. Une cinquantaine de terroristes aurait déjà été neutralisés. Comme on le dit vulgairement ici, c’est bien, mais ce n’est pas arrivé. Les Burkinabè ont davantage besoin d’être rassurés. Notamment de savoir qu’ils peuvent retourner tranquillement dans leur localité, qu’ils peuvent aller et venir comme ils l’entendent, et surtout, que cette année, ils pourront cultiver. L’année dernière, sous la pression des terroristes, beaucoup de champs avaient été abandonnés. Si le problème n’est pas résolu avant le début de la saison pluvieuse, il faudra alors s’attendre à une sévère crise alimentaire pour l’année prochaine, car, outre les champs non cultivés, il faudra compter avec les greniers incendiés, le pillage des récoltes et du bétail et même l’achat massif de vivres que certains terroristes font au moment des récoltes pour prévenir leurs propres besoins de consommation. Alors que faire ? Nul doute que pour des desseins divers, la lutte contre le terrorisme ne fait pas l’unanimité.
Dans un Etat de droit, seule la Justice peut décider de la détention d’une personne. Tout autre procédé relève de l’arbitraire
Quand des soldats tombent, il s’en trouve pour se réjouir, car les échecs dans la lutte peuvent paver la voie pour leur accession au pouvoir ou pour la prospérité de leurs affaires. Le front de la lutte est donc lézardé alors qu’il lui faudrait être uniformisé. La cohésion sociale apparaît ainsi nécessaire pour une meilleure atteinte des objectifs. Dans la lutte contre le terrorisme, tout le monde devrait regarder dans la même direction. C’est dans ce contexte que l’on peut se poser des questions sur l’opportunité du maintien en détention de l’ancien président Roch Kaboré, alors même qu’officiellement, on ne connaît pas de charges retenues contre lui. Dans un Etat de droit, seule la Justice peut décider de la détention d’une personne. Tout autre procédé relève de l’arbitraire. Il va sans dire que son maintien en détention sans justification, ne favorise pas l’obtention de la cohésion sociale nécessaire à l’optimisation de la lutte contre le terrorisme. Le combat pour sa libération risque de divertir, de capter des énergies et des esprits au moment même où tout doit être mis en œuvre pour débarrasser le pays de la gangrène terroriste. Vaincre le terrorisme ou périr, c’est le défi qui se présente actuellement aux Burkinabè. Face à cela, le président Damiba ne doit pas beaucoup tergiverser, car le temps joue contre lui. Il lui faut vite trouver les stratégies adéquates et les moyens humains et matériels qu’il faut pour très vite redonner aux Burkinabè des raisons de vivre et d’espérer.
Apolem
Bani
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« Le président Damiba ne doit pas beaucoup tergiverser, car le temps joue contre lui. » Oui il va tergiverser car il écoute son ennemie, la France, sans le savoir. Il va tergiverser tant qu’il court dernière la France.
21 mars 2022